Monsieur Lappartient, quel sentiment vous habite après la médaille d’argent des pistards en vitesse par équipes ?
Une médaille en ouverture des Jeux Olympiques sur piste, c’est d’abord une satisfaction. Nous aurions aimé l’or, ne nous voilons pas la face, les coureurs sont déçus d’ailleurs, néanmoins nous sommes battus par plus forts que nous. Nous sommes descendus sous les 43 secondes, ce qui est un temps exceptionnel pour l’équipe de France, mais 4 dixièmes d’écart, c’est important. Devant leur public, les Britanniques ont été exceptionnels et ont battu leur record du monde. C’est le sport et il faut accepter la défaite.
Quelle était l’ambiance depuis les tribunes officielles du London Velopark ?
Très bonne. J’étais juste en-dessous de Kate et William ! Ils supportaient fort logiquement les Britanniques. Mais quand les Français sont passés, nous avons quand même été quelques-uns à se lever pour les saluer. C’est ça aussi les Jeux Olympiques. L’ambiance est chaleureuse, il y a du respect entre les différentes nations. Battre les Anglais chez eux n’était pas facile. Ce qui est dommage c’est que nous les avions battus régulièrement depuis quatre ans, mais aux JO ils sont simplement une jambe au-dessus des autres.
Etre battu pour l’or par une équipe comme ça, ça reste quand même une super performance ?
C’est ce que j’ai essayé de leur dire. Des athlètes comme Kevin Sireau et Michaël D’Almeida, qui ne font que cette épreuve-là, ne s’étaient mis que l’or dans la tête. Ils ont signé le record de l’équipe de France avec des temps à chaque fois exceptionnels. Mais cette médaille d’argent va à mon avis appeler de nombreuses médailles pour l’équipe de France sur la piste, mais aussi en BMX et en VTT.
Grégory Baugé a encore une chance de gagner en vitesse individuelle. Dans quel état d’esprit était-il après le podium de la vitesse par équipes ?
Grégory, autant il est gentil dans la vie, autant quand il monte sur un vélo c’est vraiment pour gagner. Là, il était vraiment déçu du résultat mais déjà revanchard. Il a très clairement envie de gagner l’or olympique en vitesse. Jason Kenny va être très fort, mais on a vu que Baugé faisait jeu égal avec les Anglais au premier tour. Il est en grande forme et n’est jamais aussi fort qu’en match.
Vous avez suivi les épreuves sur route, qu’en avez-vous retenu ?
Dommage que Tony Gallopin n’ait pas pu intégrer le groupe de tête, sans quoi on aurait vraiment pu jouer une médaille. Il lui a manqué dix mètres pour rejoindre le groupe au moment où Fabian Cancellara mettait un petit coup de vis. En contre-la-montre, Sylvain Chavanel n’a pas été du tout à la place qu’on attendait de lui. On espérait une médaille de bronze, c’est une déception. En revanche chez les dames, deux femmes dans le Top 10 avec une équipe de 21 ans de moyenne d’âge, la relève est assurée et c’est intéressant.
Ne regrettez-vous pas que les quotas aient obligé Laurent Jalabert à sélectionner Mickaël Bourgain sur route, au détriment d’un attaquant comme Thomas Voeckler ?
C’est vrai qu’on aurait eu alors une autre musique. Thomas Voeckler court bien, il aurait été un client dangereux dans le final. Néanmoins au moment où s’est faite la sélection, le 5 juillet, il était souffrant. Il avait mal au genou. Laurent Jalabert a estimé logiquement qu’on n’allait pas retenir un coureur blessé.
Restez-vous optimiste quant au nombre de médailles potentielles pour le cyclisme sur ces Jeux Olympiques ?
Oui. Une médaille sur la route aurait été la cerise sur le gâteau mais nous n’en attendions pas. On comptait en revanche sur une médaille en vitesse par équipes. Elle est en argent mais elle est là. Nous avons six médailles pour objectif, mais on peut en espérer huit, ce qui serait formidable. Ça peut sourire ! Dans une discipline comme le BMX, on peut gagner chez les hommes comme chez les femmes, et même faire des doublés. On l’a bien fait à Pékin. Si on peut perdre sur de la malchance, on ne gagne pas par hasard. On espère vraiment des médailles dans les épreuves à venir.
En VTT, Julien Absalon, double détenteur du titre, est tombé à Val d’Isère. Craignez-vous que ça l’affecte ?
Il faut que son hématome puisse se résorber. J’espère qu’il ne sera pas trop affecté par cette chute. Il a eu une petite baisse de régime l’année dernière mais il est revenu cette année à un très grand niveau. Je l’ai vu en Coupe du Monde, où il a battu les meilleurs pilotes du monde. Pour moi il est revenu à son très grand niveau et sera opérationnel le 12 août. On lui souhaite de faire comme Tony Estanguet. Mieux encore puisqu’il s’agirait de trois titres d’affilée.
Avant Julien Absalon, il y aura Julie Bresset. La petite Bretonne peut-elle s’imposer chez les grands Bretons ?
Ce serait bien en effet. Julie Bresset a remporté la Coupe du Monde l’an passé et vient de finir 2ème de la manche finale à Val d’Isère. Elle a la très grande forme. Le circuit de Londres est physique et technique, or Julie pilote bien. On fonde beaucoup d’espoirs sur elle.
Quel va être votre programme personnel durant les dix jours à venir ?
Je suis venu pour les épreuves sur route puis reparti en France en début de semaine. Je suis revenu ce jeudi à Londres et j’y resterai jusqu’au bout puisque tous les jours nous aurons maintenant des chances de médailles. Le rôle d’un président de fédération, c’est d’être auprès des athlètes et de les supporter.
Propos recueillis à Londres le 2 août 2012.