David Lappartient, il faut avoir le bras long, très long, pour arriver à sauver un événement comme les championnats d’Europe, virtuellement annulés à peine un mois et demi avant l’échéance. Comment avez-vous fait ?
J’étais à Rio lorsque j’ai appris la nouvelle. Si nous voulions quand même organiser ces championnats, il nous fallait trouver une solution immédiatement. Je me suis fixé un délais d’une semaine pour trouver et annoncer le nouveau lieu qui accueillerait ces championnats. Il y a eu plusieurs pistes, notamment dans le Yorkshire ou en Italie, mais ça n’a pu aboutir, soit à cause d’un désaccord de fédérations soit de droits télévisuels. Il y avait également la possibilité de conserver l’événement en France, notamment en Bretagne, une région où l’on sait organiser des courses cyclistes. Plumelec s’est rapidement imposé comme un choix prioritaire. J’ai contacté Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, et François Goulard, président du conseil départemental du Morbihan, mais aussi les élus locaux pour leur faire part du projet. Tous m’ont répondu instantanément, ce qui a vraiment facilité la suite des choses.
Est-ce votre rôle de président de la FFC ou celui de politique local qui a prévalu pour sauver et mieux que ça « les meubles » ?
C’est l’ensemble qui a permis le maintien de l’organisation. Dans ces moments, il convient d’avoir un réseau. Etant Maire de Sarzeau, je connais les élus locaux, il a donc été facile de les contacter et d’avoir une réponse rapide. Cela a été un avantage considérable.
Concernant les risques liés au terrorisme, comment là-aussi et sans donner les détails, avez-vous pu convaincre les autorités compétentes ?
Le sujet a été abordé dès mon premier contact avec le Maire de Plumelec. J’ai donc appelé le préfet pour l’avertir que l’on réfléchissait sérieusement à l’organisation de l’événement. Il m’a répondu qu’il ne voyait pas d’inconvénient si l’Etat et le gouvernement donnaient leur aval. Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports, s’est montré favorable au maintien de l’épreuve, il m’a dit qu’il fallait organiser ces championnats d’Europe. Puisqu’il n’y avait pas de contre-indication de la part de l’Etat, l’accord nous a été donné. Je tiens au passage à remercier tous les élus, les forces de l’ordre également, pour leur soutien. Personne n’a cherché à se demander s’il n’y avait pas meilleur intérêt à ne pas organiser ces championnats d’Europe.
A combien s’élève le budget et comment un tel événement va-t-il être financé ? La FFC ou l’UEC sont-elles engagées financièrement ?
Le budget de ces championnats s’élève à 1,3 million d’euros. L’UEC prend en charge la majorité des frais mais le reste revient à la FFC qui est organisatrice de l’événement. Il lui incombe le reste des charges.
Ce changement de lieu d’organisation a-t-il eu un impact sur la couverture télé ?
Nous avons la même couverture que ce qui était prévu à Nice, toutefois, depuis que les championnats ont été réattribué à Plumelec, plus de 80 pays vont retransmettre l’événement au lieu de 54 pays comme il était initialement prévu à Nice.
Concernant les sélectionnés, des remises en question ont-elles eu lieu après Rio ?
En ce qui concerne la FFC, nous n’intervenons pas sur les sélections. Nous laissons aux différents sélectionneurs nationaux une liberté totale dans leurs choix. Ce sont eux qui gèrent l’aspect sportif. Pour réaliser leurs sélections, ils se sont basés sur la forme du moment des coureurs, mais aussi sur leur motivation.
Quelles sont vos attentes en termes de médailles ?
Je n’ai pas forcément de pronostique sur lequel me lancer. Tout ce que je sais, c’est que l’on va avoir des médailles. Nos coureurs vont peser sur la course comme ils le font toute la saison en sélections nationales, c’est certain. Nous avons déjà trois médailles, j’aimerais que nous en obtenions encore au moins 2, dont une en or.
Des sélections ont-elles rechigné à envoyer leurs athlètes ? Si oui, lesquelles ?
Il y en a quelques unes oui comme la Grande-Bretagne, la Norvège ou le Danemark. Mais il y aura tout de même de belles délégations, dont certaines qui amènent leurs 9 coureurs telles que la France, la Belgique ou encore l’Espagne. Il y aura de beaux pelotons.
Pouvez-vous dire aux spectateurs et téléspectateurs pourquoi ces championnats sont immanquables ?
Tout d’abord c’est la première fois qu’une course Elite sera disputée. De plus, on revient aux fondamentaux du cyclisme avec une course en circuit. Les spectateurs vont voir du spectacle toute la journée. De plus, il n’y aura pas d’oreillettes. Enfin, l’arrivée se situe au sommet de la côte de Cadoudal et non pas quelques kilomètres avant l’arrivée comme c’est souvent le cas sur d’autres épreuves. Tout est fait pour que la course soit belle.