Damien, à quatre jours du terme du Tour de France, quel bilan dressez-vous de votre premier Tour de France ?
C’est un bilan bizarre car j’ai fait des choses, sur ce Tour, qui n’étaient pas prévues au départ. J’étais venu là pour faire un peu comme au Giro, prendre des échappées, essayer de gagner une étape. Mais en essayant d’aider mes leaders, je me suis retrouvé bien placé au classement général. Or mes leaders ont eu un coup de moins bien, et vu que Cofidis souhaitait avoir un gars dans les 20, je me suis retrouvé à accomplir cette tâche.
Comment avez-vous géré cette nouvelle responsabilité ?
Je n’y étais pas trop préparé. Et puis je manquais de jus du fait d’avoir fait le Giro avant. J’ai quand même essayé de le faire, et le plus longtemps possible. Je n’irai pas au bout comme ça mais le fait déjà de l’avoir fait sur une quinzaine d’étapes, d’avoir suivi les meilleurs dans la montagne, je me suis régalé, j’ai pris mon pied. Mon bilan du Tour est plus que positif. Je me suis même trouvé des qualités que j’ignorais. Pouvoir suivre des Basso, des Van Den Broeck dans les cols. J’ai envie de remettre ça le plus vite possible.
Cela vous donne-t-il davantage d’ambitions pour les années futures ?
Oui, je pense. Maintenant, je sais que je suis capable de faire ça, qu’il va falloir que je travaille et que je vais pouvoir me retrouver dans la peau d’un leader de temps en temps. Je vais pouvoir me mettre en tête le classement général de courses par étapes du ProTour, vu qu’apparemment je suis capable de suivre les meilleurs à ce niveau. Je vais tâcher de travailler ça, travailler la montagne, pour faire un résultat d’ici la fin de saison ou l’année prochaine.
A une plus large échelle, comment jugez-vous la prestation de l’équipe Cofidis sur ce Tour de France ?
Il n’est pas mauvais, il n’est pas bon non plus, disons qu’il doit être moyen. On a pris les échappées, nous étions devant, mais ça n’a pas souri. De mon côté, ce n’était pas vilain. Je n’étais pas loin de titiller le Top 15, mais ça m’a lâché aussi à un moment donné. Nous ne sommes pas passés loin de faire tout ce que nous avions prévu au départ mais finalement tout s’écroule un petit peu sur le final. C’est dommage mais le Tour n’est pas encore fini, on va voir ce que ça peut donner sur les quatre étapes restantes.
Il manque surtout une victoire d’étape…
Oui, c’est ça qui nous manque. L’année dernière nous n’en avons pas eue non plus. Ca veut dire obligatoirement qu’on nous verra à l’attaque sur les dernières étapes. Il va falloir que les organismes récupèrent bien aujourd’hui pour passer à l’attaque. Mais quoi qu’il arrive, je pense qu’on va voir du Cofidis devant, même vendredi si c’est censé arriver au sprint. On ne sait jamais… Nous n’aurons pas le choix.
Le fait d’avoir été le premier français du classement général un certain temps, qu’est-ce que ça vous inspire ?
Etre premier français mais 45ème du classement général, je m’en fous un peu ! Quand j’étais en tête des Français, j’étais 21ème au général à un peu plus de quatre minutes de la 10ème place. A ce moment-là, ça avait un peu plus de valeur à mes yeux. Mais ça s’arrête là.
Votre victoire d’étape au Tour d’Italie a-t-elle eu l’effet d’un déclic dans la perspective de ce Tour de France ?
Ce n’est pas impossible, ça libère la tête de toute façon. Je suis arrivé ici, entre guillemets, sans rien avoir à prouver car j’avais déjà gagné au Giro. Mais bon, après, on a toujours quelque chose à prouver quand on arrive sur le Tour de France. En tout cas dans la tête j’étais libéré et je me savais capable de faire un truc.
Cette victoire sur le Giro, que représente-t-elle à vos yeux ?
C’est énorme ! C’était un rêve de franchir la ligne le premier. Et puis j’ai découvert tous les à-côtés. Ce n’est pas comme sur le Tour mais c’est déjà grand : la zone presse, la zone mixte, le podium, la conférence de presse… Découvrir tout cela en même temps pour une première victoire, c’est énorme.
Vous sentiez-vous capable de faire quelque chose du genre avant le départ du Giro ?
Eh bien pour tout vous dire, en partant de chez moi, j’avais dit à ma femme que je rentrerais à la maison avec une victoire. C’est la première fois que je lui disais ça en sept ans ! De là à dire que je m’en doutais, c’est un peu trop, mais je la sentais venir.
Aujourd’hui, vous avez appris à gérer les courses de trois semaines…
Oui, et c’est pourquoi je tenais à faire deux Grands Tours cette année en doublant le Giro et le Tour. J’ai toujours du mal à bien terminer les Grands Tours. Ca va bien sur deux semaines et la dernière semaine je m’écroule un peu. Cette année, je me suis dit que j’allais en faire deux pour me mettre une grosse charge et avoir la possibilité d’en terminer un l’an prochain et d’en faire un deuxième pour la forme.
Propos recueillis par Pierre Arz à Oloron-Sainte-Marie le 21 juillet 2010.