Damien, comment un coureur pyrénéen de 22 ans s’est-il retrouvé cette saison chez les pros de Differdange ?
Ça s’est fait l’an dernier. Je courais à l’époque au GSC Blagnac, ayant débuté le vélo assez tard, à l’âge de 16 ans et demi au Velo Club Nayais. Durant l’été, je suis allé courir en Guadeloupe, où j’ai bien marché. Il se trouve que le manager du Team Differdange-Losch se trouvait là-bas à ce moment-là et qu’il recherchait un jeune Français toujours Espoir en 2014. Il m’a proposé un contrat pour la saison.
Comment vous êtes-vous intégré à l’effectif ?
Cette année, nous avions onze nationalités dans le groupe dont deux Français puisque César Bihel était également avec moi. Nous communiquions essentiellement en anglais. J’étais l’un des plus jeunes de l’effectif et l’intégration s’est faite facilement bien que tout cela soit complètement nouveau pour moi. J’ai profité des conseils de coureurs d’expérience comme Johan Coenen, qui essaie de faire profiter les jeunes de l’équipe de sa belle expérience, lui qui a 35 ans et a réalisé une assez belle carrière.
Comment s’est articulée votre saison dans cette équipe continentale luxembourgeoise ?
Je l’ai commencée sur le Tour du Haut Var, une Classe 1, en présence des plus grosses équipes du WorldTour. Et nous avons alterné le calendrier avec des Classes 2 et des épreuves de niveau continental. J’ai pas mal voyagé, essentiellement sur le calendrier nord-européen, et ça a été plaisant. Nous avons fait pas mal de Coupes de France et j’ai également couru sur dix jours le Tour du Maroc au mois d’avril.
Comment se sont passées vos confrontations avec des équipes du WorldTour ?
C’est sûr que ce n’est pas évident. Sur les grandes courses, les équipes roulent toujours en groupe. Nous, les continentaux, sommes un peu mis à l’écart. Il faut essayer de faire sa place et faire abstraction des autres. Sur de grandes courses, ça reste compliqué pour nous de jouer le classement général. On va plutôt rechercher les échappées pour montrer le maillot de l’équipe. On peut dire qu’il y a deux courses dans la course.
Quel type de coureur êtes-vous ?
Chez les amateurs, j’étais plutôt bon sur les profils escarpés et en montagne. Mais chez les pros la donne change puisque le niveau est vraiment très haut. C’est sûr que je préfère les courses escarpées. Si je devais désigner une manche de Coupe de France qui me correspond bien, ce serait peut-être un Paris-Camembert. Je préfère tout de même les courses à étapes aux courses d’un jour.
Vous nous avez accompagné sur les reconnaissances des trois étapes pyrénéennes du Tour de France 2015 à découvrir prochainement en vidéo sur Vélo 101. Qui verriez-vous s’imposer ?
L’étape de la Pierre-Saint-Martin sera explosive. Ce sera une ascension pour un Nairo Quintana voire un Alberto Contador. L’étape de Cauterets, avec l’Aspin et le Tourmalet, sera peut-être favorable à une échappée. Un bon grimpeur pourra tirer avantage de cette étape en partant de loin. Et puis l’étape-reine du Plateau de Beille reviendra à l’homme le plus fort. Le meilleur gagnera au sommet. Et bien que le chemin soit encore long après, celui qui sortira en tête des Pyrénées sera pour moi sur le podium du Tour de France.
Quels espoirs nourrissez-vous quant à l’avenir ?
J’aimerais bien évidemment aller le plus loin possible dans le cyclisme tout en restant humble et conscient de mes moyens. Je suis certain qu’en travaillant sérieusement et avec l’expérience acquise en 2014, je peux faire de bonnes choses en 2015. J’aborde l’hiver sereinement car je sais où je mettrai les pieds la saison prochaine. J’ai parcouru 24000 kilomètres sur la dernière saison et j’ai progressé beaucoup physiquement et techniquement, notamment sur les courses en Belgique et Hollande. Je n’ai pas eu beaucoup de réussite cette année entre les maladies et une blessure sérieuse en fin d’année, mais je retiens quand même beaucoup de choses positives. J’essaie de profiter de chaque moment sur le vélo à 100 %.
Propos recueillis le 2 novembre 2014.