Clément, vous étiez présent à la présentation du Tour au Palais des Congrès le mardi 20 octobre dernier. Y pensez-vous déjà ou est-ce encore trop tôt pour 2016 ?
Physiquement, c’est peut-être encore précoce. Ce serait prétentieux de dire que j’ai de bonnes chances d’y être. J’ai déjà fait un Grand Tour avec le Giro. Mais le Tour de France, c’est un cran au-dessus. Il n’y a pas de place à l’expérience. On ne peut y aller juste pour le terminer. Si j’ai la chance d’y être, ce sera de manière à honorer la confiance de l’équipe et d’être acteur sur le vélo afin d’avoir un rôle dans l’équipe et sur la course.
Est-ce un parcours qui vous séduit ?
C’est un parcours de rêve pour les grimpeurs. J’aspire à faire partie de cette catégorie de coureurs. Le terrain ne tarde pas à être escarpé en première semaine avec les étapes dans le Massif Central. Après les trois jours dans les Pyrénées, il y a ce contre-la-montre de 37 kilomètres très escarpé. Sur l’autre contre-la-montre, il n’y aura même pas besoin du vélo de chrono. Je connais très bien ces routes. Les étapes en Suisse seront importantes pour l’équipe. J’ai connu l’arrivée à Culoz sur le Tour de l’Ain. Ce sont mes routes d’entraînement puisque j’y suis à une heure et demie de vélo. Enfin, la dernière étape part de Chantilly et je suis Picard. Il y a plein de petits signes qui font que c’est un parcours de rêve pour moi. Il faut cependant rester lucide par rapport à une éventuelle participation.
Peut-on dire que vous souhaitez prendre de la caisse sur un autre Grand Tour avant de vous présenter au départ de la Grande Boucle ?
J’ai déjà pris de l’expérience sur le Tour d’Italie cette année. J’ai été séduit. Je l’ai terminé de façon correcte. La place en milieu de tableau est anecdotique, mais ce n’était de toute façon pas le but. Cette année, je voulais prendre un an d’expérience sur les grandes courses, les grandes classiques et un Grand Tour. Maintenant que j’ai découvert cela, je sais ce que je veux sur trois semaines et je sais comment aborder ce type d’épreuves. La seule différence, c’est qu’au Tour on ne peut pas y aller juste pour voir ce que c’est. Si on a la chance d’y être, c’est pour être compétitif, apporter une plus-value à son équipe. Une place sur le Tour n’est pas une récompense. C’est une opportunité pour pouvoir se montrer. C’est la plus grande vitrine de notre sport.
Le Giro que vous avez disputé a-t-il achevé de vous convaincre que vous étiez fait pour les Grands Tours ?
Pour ma première année chez les pros, ça s’est bien passé. Je ne peux pas dire le contraire. Quant à avoir les jambes pour y être performant, cela dépendra de ma progression. J’ai en tout cas montré des signes intéressants de récupération. C’est le point positif de ce Giro. J’en retiens surtout que j’ai envie de réussir dans les Grands Tours. J’ai été passionné par cette course d’endurance sur trois semaines. J’ai été séduit par la manière dont il faut gérer ces trois semaines. C’est une course à part. Ça me donne envie de me lancer dans ce type de course.
Cette première saison chez les pros vous a donc pleinement satisfait ?
J’ai énormément appris. Je réalise le travail qu’il me reste à faire pour être réellement acteur de mon métier. J’ai eu un programme très qualitatif avec une cinquantaine de jours de course en WorldTour. J’ai pu faire les classiques ardennaises, le Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque, le Tour de Pologne. Ce sont des courses à part où le niveau est clairement supérieur. Les équipes sont très structurées. J’ai appris un nouveau vélo sur ces courses.
L’équipe IAM Cycling a annoncé sa volonté de se concentrer autour de ses sprinteurs. Est-ce quelque chose qui peut freiner votre développement ?
Non, nous avons deux fronts dans l’équipe. Matteo Pelucchi a la chance de faire partie des meilleurs sprinteurs du monde, mais il a des lacunes pour passer les difficultés. Une équipe se forme autour des sprinteurs, c’est très bien. Mais pour IAM Cycling, c’est très important de se montrer sur les courses qui se passent en Suisse, que ce soit le Tour de Suisse ou le Tour de Romandie. Toutes ces courses sont montagneuses. Il faut donc former une équipe solide autour de Mathias Fränk. C’est tout à mon honneur aussi car c’est mon terrain de jeu. Si je peux aider l’équipe, si je peux essayer d’apporter ma plus-value, ce ne sera que du bonheur.
Propos recueillis à Paris le 20 octobre 2015.