Clément, quel bilan tirez-vous de vos premiers mois passés dans l’équipe Bissell Development Team ?
Il est positif. En plus d’un point de vue sportif, j’étais parti pour une belle expérience humaine en découvrant les États-Unis. S’adapter à une nouvelle langue et une nouvelle culture, c’est intéressant. C’est un énorme changement. Je viens de passer trois mois là-bas et le temps est passé très vite. C’est signe que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. D’un point de vue sportif, ça marche bien avec de bons résultats.
Comment vous êtes-vous organisé pour vous intégrer plus facilement ?
Il y a eu beaucoup de nouveaux dans l’équipe. On avait tous envie de se découvrir. J’étais celui qui parlait le moins bien anglais. Je partais vraiment pour voir autre chose, pour apprendre, pour aller de l’avant. Je n’ai jamais eu de moments de blues où j’aurais pu en avoir marre de faire des efforts. J’ai toujours pu découvrir de nouvelles choses avec enthousiasme. Je prends du recul et je me dis que c’est une chance d’être là. À partir de là, on profite de tout. On travaille dans le plaisir tous les jours. À Santa Rosa, j’ai aussi eu la chance d’être logé chez un Français qui vit depuis une quinzaine d’années aux États-Unis et qui est très proche de l’équipe. Ça m’a aussi permis de bien m’intégrer. J’avais un autre Français sur place, ça fait quand même du bien.
Au quotidien, comment est Axel Merckx qui dirige la structure ?
Il reste jeune dans sa tête. Il sait très bien s’adapter au groupe. Du coup, il est proche de nous. On n’a pas l’impression d’avoir une relation de travail, mais plutôt une relation amicale. C’est un peu comme une grande famille. Il a aussi le nom qui va bien. Tout de suite ça porte quand il donne des conseils. Quand il prend la parole au briefing, plus personne ne parle. Il ne fait pas de longs speech, mais il ne parle pas pour ne rien dire. Il se trompe rarement. Sa réputation de bon visionnaire est fondée.
La notion de placement est beaucoup moins importante aux États-Unis du fait que les routes sont plus larges. Comment l’avez-vous abordé ?
C’est moins important oui pour se placer au pied des difficultés. On est moins embêtés qu’en France ou qu’en Italie. Par contre, les routes sont très exposées au vent. À chaque course, il y a un risque de bordure. Sur toutes les courses que j’ai pu faire, mis à part le Tour de Californie, j’ai pu noter que les coureurs n’arrivaient pas à se débrouiller sur les bordures. J’ai eu la chance d’apprendre ça en Europe. C’est un gros avantage. En revanche, en Californie avec des équipes comme Omega Pharma ou Belkin, c’était un autre monde.
Vous pouvez passer d’équipe favorite sur des petites courses à petit poucet sur ce genre d’épreuves comme le Tour de Californie. Comment gérez-vous ces changements.
Quand on se retrouve au Tour de Californie, on n’est qu’une structure continentale, uniquement avec des coureurs Espoirs. Dans ces moments-là, on revient à nos premières valeurs : le développement. C’est-à-dire apprendre. Tout ce que l’on peut prendre, on le prend. C’est bon pour les sponsors, ça fait parler de nous. Ça nous permet de faire des efforts. C’est ce que l’on veut. On oublie le résultat et on met l’accent sur le comportement en course. On doit animer, montrer que l’on a notre place. C’est une chance que d’être invités. Les places sont chères et on se doit d’honorer l’invitation que l’on reçoit. C’est en faisant la course à l’avant que l’on progresse. On part de ce principe-là et c’est la raison pour laquelle l’équipe parvient encore à se faire inviter au Tour du Colorado ou au Tour de Californie. On fait le spectacle. On reste une petite structure, c’est ce que veut Axel Merckx. En Californie, on était la seule équipe sans bus. On se changeait dehors. Les spectateurs apprécient, car cela apporte une certaine convivialité. Les organisateurs en ont conscience.
Bissell est une marque qui fabrique entre autres des balais et qui parraine donc des voitures-balais. Faites-vous l’objet de certaines blagues à ce sujet ?
Non, pas trop. C’est paradoxal, car on ne communique que très peu sur la marque Bissell. On nous demande de mettre en avant les autres sponsors comme Trek ou Sram. Une marque d’aspirateurs ou de balais est beaucoup plus difficile à citer dans le contexte sportif.
Vous avez donc eu l’occasion de découvrir le nouveau groupe Sram électrique.
Pendant deux mois, c’était caché. J’ai testé ça pendant quelques semaines à l’entraînement et pour la première fois en course au Tour du Gila, puis au Tour de Californie. Ça devait rester caché, mais tout le monde l’a vu au départ. J’avais même deux vélos en électrique. Pendant deux mois, j’ai fait des retours sur ces produits avec Sram. On a travaillé ensemble pour l’améliorer. Il y a eu d’énormes évolutions pendant ces deux mois. Je suis revenu en Europe avec mon mécanique et je n’arrive plus à m’y refaire. C’est vraiment profitable que de rouler avec ça. C’est un beau projet qu’ils sont en train de lancer. Quand ce sera le cas, ça risque de faire le buzz.
Propos recueillis à Valloire le 1er juin 2014.
Retrouvez la suite de cette interview demain sur Vélo 101.