Chris, vous avez été mis à l’épreuve une fois encore sur ce Tour. Vous attendiez-vous à vivre une telle journée ?
Ça a beaucoup bataillé. Pas seulement pour me mettre en danger mais aussi entre les coureurs qui visent des places d’honneur au classement général. De mon côté je répète que je n’ai pas encore remporté le Tour. On l’a vu aujourd’hui, il peut se passer beaucoup de choses encore. On n’est à l’abri de rien du tout. Je n’estimerai absolument pas avoir remporté le Tour avant d’avoir franchi la ligne dimanche sur les Champs.
Que s’est-il passé dans la descente de la Rochette ?
Les Saxo-Tinkoff, Alberto Contador et Roman Kreuziger, ont voulu prendre tous les risques dans la descente. Peut-être un peu trop. Ils m’ont attaqué autant dans l’ascension que dans la descente. Mais je suis resté auprès de Richie Porte, qui a fait un super boulot pour moi. Je suis heureux de l’avoir eu à mes côtés. Il a fait un super travail pour garder le maillot jaune. Ça m’a permis de rester calme.
Vous êtes-vous senti mis en danger ?
Disons que je prends d’ordinaire les descentes plus tranquillement. Je n’aime pas prendre de risques dans les descentes, encore moins sur une descente aussi dangereuse que celle de la Rochette, dont tout le monde se souvient de la chute de Joseba Beloki.
Comment est intervenue la chute d’Alberto Contador qui vous a valu une sortie de route ?
Kreuziger et Contador allaient très vite dans la descente. Ils ont produit une accélération qui a laissé un petit espace entre eux et moi. Si Contador est tombé, c’est qu’il a pris le virage trop rapidement. Il a perdu le contrôle et a glissé juste devant moi. Pour l’éviter j’ai dû mordre sur l’herbe, mais j’ai eu la chance de ne pas tomber et de pouvoir revenir aussitôt sur la route. Je suis soulagé de m’en être bien tiré car ce n’était vraiment pas facile et le revêtement n’était pas excellent.
Pensez-vous qu’Alberto Contador ait pris des risques incalculés ?
Oui. Je pense qu’Alberto Contador a pris trop de risques. Personnellement je pense que les Saxo sont désespérés et n’ont plus rien d’autre à faire que tenter le tout pour le tout et donc prendre des risques qui ne sont pas calculés. De mon côté j’étais confiant car j’avais Richie Porte avec moi. Il a vraiment fait un très gros boulot en allant chercher toutes les attaques. Ça m’a apporté beaucoup de sérénité.
Ne craignez-vous pas que les Saxo-Tinkoff exploitent également la descente du col de Sarenne jeudi après la première montée de l’Alpe d’Huez ?
Cette descente, je l’ai repérée à l’entrainement puis effectuée au Critérium du Dauphiné. C’est vrai qu’elle est très dangereuse. La surface de la route n’est pas égale, c’est un danger supplémentaire, et l’absence de barrières dans les virages présentent un gros risque pour celui qui ratera sa trajectoire ! J’espère que les coureurs ne prendront pas de risques inutiles comme ils l’ont fait aujourd’hui.
Avant cela il y aura demain le contre-la-montre Embrun-Chorges. Comment l’envisagez-vous ?
Demain, ça va être une étape très dure, avec deux montées et deux descentes difficiles. Il faudra aussi garder un peu d’énergie pour les prochains jours dans les Alpes. Il nous reste quatre grandes journées avant Paris. Et elles vont être très dures.
Propos recueillis à Gap le 16 juillet 2013.