Avant le coup d’envoi de la saison européenne qui aura lieu cette année sur l’île de Majorque le 29 janvier, Vélo 101 est allé à la rencontre de l’équipe IAM Cycling, nouvelle promue en WorldTour et actuellement en stage sur l’île des Baléares. Pour ce premier volet, nous avons rencontré l’un des maillons essentiels de l’équipe, qui travaille souvent dans l’ombre des champions. Il s’agit de l’un des mécaniciens qui a rejoint le groupe cette saison, le Vendéen originaire de Luçon Chistophe Deligné.
Christophe, quel cursus avez-vous suivi et qu’est-ce qui vous a décidé à en faire votre métier ?
J’ai pratiqué le cyclisme depuis tout jeune, c’est une tradition dans la famille. J’ai fait des compétitions depuis la catégorie Minime jusqu’en Elite, j’étais dans un club, le Pays des Olonnes Cycliste en Vendée. Nous avions un effectif de quinze coureurs et malheureusement c’étaient souvent des courses à étapes avec un groupe de huit unités. Un jour, le directeur sportif m’a dit qu’il avait besoin d’un mécanicien et m’a proposé de venir le dépanner pour un week-end. Cela s’est très bien passé et par la suite j’ai renouvelé l’expérience plusieurs fois. Par conséquent j’ai dû sacrifier une partie de ma saison. Pendant l’hiver, il m’a recontacté pour savoir si cela m’intéressait de l’aider pour monter des vélos et des roues dans son atelier. L’année suivante, j’ai fait pas mal de courses en tant que mécano au sein de l’équipe Vendée U, qui est chez nous la plus grande équipe amateur en Vendée. Par la suite, je suis rentré dans le monde professionnel en effectuant des remplacements dans l’équipe Bretagne-Jean Floch, j’ai fait quelques jours avec la Française des Jeux et Bouygues Telecom, qui m’a engagé comme titulaire l’année suivante. Je suis resté huit ans dans la structure de Jean-rené Bernaudeau. Et je fais partie depuis cette année de l’équipe IAM Cycling.
C’est un métier qui vous amène à voyager beaucoup et parfois pour de longues périodes, comment le vivez-vous ?
Ça devient une habitude, c’est un rythme de vie à adopter. Je suis un passionné donc partir un mois de la maison ne me pose aucun problème. C’est peut-être un peu plus difficile quand on a une famille et des enfants et que l’on commence à manquer à certaines personnes. C’est avant tout un métier que l’on a choisi et que l’on fait par passion, cela rend les choses plus faciles.
Comment se passe votre intégration chez IAM Cycling ?
Jusqu’à présent, je faisais partie d’une équipe où pratiquement tout le monde parlait français, donc la communication était aisée. Chez IAM Cycling, il y a une douzaine de nationalités et c’est une expérience qui est très enrichissante. Je parle un peu anglais et j’ai des connaissances en italien donc on arrive à se comprendre. Il y a des coureurs avec lesquels on a plus d’affinités, c’est normal, mais je fais abstraction de tout cela, mon rôle est avant tout de proposer un matériel d’une qualité optimale.
De par vos fonctions, avez-vous des contacts direct avec les fabricants ?
Les mécaniciens sont toujours en relation avec les fabricants, qui tiennent compte de notre avis pour améliorer leurs produits. L’élaboration se fait en concertation avec les équipes professionnelles et ce n’est qu’après validation de notre part que la commercialisation débute. Les coureurs font tellement d’efforts et de sacrifices pour être à ce niveau que s’il y a un souci avec le matériel les conséquences sont énormes.
Le monde du cyclisme est un microcosme, les équipes se côtoient pendant toute l’année. Entre les mécaniciens, vous avez forcement des échanges. Y a-t-il des différences notables entre le matériel de chaque équipe ?
Oui, bien sur, il y a de réelles disparités. Chaque matériel est différent malgré que le lieu de fabrication soit souvent le même, mais il y a certaines marques qui sont un peu plus avancées que d’autres. Pour ma part, je suis pleinement satisfait, notre matériel est vraiment bon. En compétition, nous n’utilisons que des boyaux et à l’entraînement nous employons des pneus. IAM Cycling travaille avec Schwalbe pour l’élaboration des produits et leurs améliorations. Ils ont sorti un nouveau boyau pour les classiques qui a été testé cet hiver par quelques coureurs dont Heinrich Haussler qui l’a trouvé exceptionnel. En ce moment, nous testons un autre modèle de section inférieure et si tout se passe bien, nous l’utiliserons cette année.
Quels sont jusqu’à présent les meilleurs souvenirs qui vous viennent à l’esprit ?
Il y en a beaucoup, mais quand Thomas Voeckler a porté le maillot jaune durant dix jours sur le Tour de France, c’était vraiment un moment exceptionnel. Etant présent et dans le feu de l’action tous les jours, j’ai pu apprécier la portée de l’événement. Je retiens bien sûr chaque victoire sur le Tour, avec notamment celle de Pierrick Fédrigo. J’étais dans la voiture qui le suivait. Et aussi celles de Thomas. La deuxième place de Sébastien Turgot sur Paris-Roubaix et beaucoup d’autres. Cela vient couronner le travail de toute l’équipe, c’est gratifiant. Je suis convaincu que cette année je vais vivre à nouveau de grands moments d’émotion.
Propos recueillis par Patrick Guino le 17 janvier 2015.