Christian, nous vous avions laissé pessimiste quant à votre avenir à la présentation du Tour en octobre. Hier, votre arrivée dans l’équipe Cofidis a été officialisée, deux mois après votre départ de Giant-Alpecin. Comment votre situation s’est-elle débloquée ?
Le bouche-à-oreille a fonctionné. J’étais intéressé par l’équipe Cofidis. Je suis très heureux de pouvoir rejoindre cette équipe. Je m’attaque à un nouveau challenge. C’est également intéressant pour moi de revenir en France après cinq ans passés dans l’équipe Giant-Alpecin. Après mon passage à l’étranger, ça me fait du bien de rentrer. J’aurais peut-être pu rester à l’étranger. Mais dans ma tête, ç’a été comme un déclic pour revenir. J’ai envie de participer à une aventure française de nouveau.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce challenge ?
L’effectif comprend de très bons coureurs. Évidemment, tout le monde connaît Nacer Bouhanni, mais il y a également de très bonnes recrues qui intègrent l’équipe. Il y a un très bon potentiel. Je suis très motivé avec mes nouveaux collègues directeurs sportifs et Yvon Sanquer pour que la mayonnaise prenne et que Cofidis prenne une place grandissante dans le monde du vélo. J’espère tout simplement que nous allons parvenir à obtenir de bons résultats en continuant de travailler comme ils le font déjà.
Depuis deux mois, multipliez-vous les coups de téléphone ou avez-vous laissé les choses se faire ?
Non, pour tout vous dire, je n’ai contacté que deux équipes. Dans le milieu, on sait vite ce qu’il se passe. Les managers également. Je ne suis pas du genre à taper à toutes les portes. Je préfère cibler ce qui peut me correspondre et les équipes qui sont susceptibles de s’intéresser à moi. J’en ai aussi profité pour prendre un peu de recul. Directeur sportif, c’est un métier qui est très exigeant. On a parfois besoin d’un peu de repos. J’ai essayé de déconnecter après avoir contacté ces équipes et j’ai laissé faire les choses. Je suis très heureux que ça ait abouti.
Quelles sont les qualités que vous avez mises en avant pour séduire l’encadrement de Cofidis ?
Je n’ai rien vendu spécialement. On se connaît de longue date avec Yvon Sanquer. Il connaît mon caractère, mes qualités, mon expérience. Nous n’avons pas parlé de choses précises, simplement de petites choses qui vont rester en interne. Le courant est bien passé. J’ai pu apporter ma contribution dans une équipe qui a gravi les échelons. Ça peut permettre d’échanger des idées et des modes de fonctionnement. Ces procédés, on peut les mettre en commun sans faire de copier-coller. Il y a une culture, une manière professionnelle de faire chez Cofidis, mais il est toujours bon d’avoir un œil nouveau pour continuer à évoluer dans le bon sens.
Vous avez dirigé Marcel Kittel et John Degenkolb. Dans quelle mesure cette expérience peut-elle être profitable à Nacer Bouhanni ?
Effectivement, je peux apporter certaines choses, leur apprendre comment le train était organisé tactiquement sans bousculer quoi que ce soit. Je peux aussi en quelque sorte « décomplexifier » la chose car on se pose parfois des questions vis-à-vis de la concurrence. Ce sont des petits points de détails qui, je l’espère, seront bénéfiques pour l’équipe.
N’est-il pas trop difficile d’intégrer un staff après les premiers rassemblements ?
Tout s’est fait tardivement donc je vais arriver en cours de préparation. Je n’ai pas travaillé encore avec l’ensemble du staff. Tout va se faire progressivement. Bien sûr, ça peut être perturbant au départ. Ce n’est jamais évident. On change d’environnement, de milieu, de connaissances des pratiques et de mode de fonctionnement. Dans un premier temps, il faudra s’adapter. Tout doit se faire de manière naturelle et progressive. Il faut apprendre à connaître les gens. Mais c’est un changement qui est stimulant. On se remet soi-même en question. C’est ce qui permet de ne pas tomber dans une routine confortable.
Propos recueillis le 11 décembre 2015.