Bryan, Marcel Kittel s’est à nouveau imposé sur le Tour. On a le sentiment qu’il n’y a pas grand-chose à faire face à lui ?
Il est effectivement très fort et très bien emmené. Je suis un peu déçu car j’étais dans sa roue à 600 mètres encore de l’arrivée, et je me suis fait piquer ma place par Peter Sagan. Ensuite, j’ai attendu l’ouverture sans pouvoir vraiment faire mon sprint. Je n’y ai pas cru du tout. J’aurais pu tenter de pousser comme Cavendish, mais pour ma santé j’ai trouvé plus raisonnable d’attendre l’ouverture. Marcel Kittel est très fort, malgré tout je pense que personne n’est imbattable, alors on ressaiera demain en France. Je n’ai pas encore trouvé l’ouverture, mais la route est encore longue jusqu’aux Champs.
Qu’est-ce qui fait la différence pour Marcel Kittel ?
Il a un super train, c’est sûr, mais sur ce sprint j’ai pris un coup de vent à 500 mètres de l’arrivée. Je me suis retrouvé un peu dans le vent puis je me suis fait enfermer et j’ai été obligé d’attendre l’ouverture. C’est sûr que quand on est déposé à 200 mètres, comme l’est Kittel, c’est plus facile. Il a une sacrée équipe, mais je possède également un groupe solide. Kevin Reza a fait un super boulot encore aujourd’hui. Je l’ai perdu à 10 kilomètres de l’arrivée puis je l’ai vu revenir sous la flamme rouge. Il s’est bien battu pour me faire revenir à côté du train des Giant-Shimano. Mais lui seul face à des grandes bêtes comme ça, ce n’est pas facile. 4ème encore aujourd’hui dans la cour des grands, c’est encourageant.
Ce sprint sous la pluie a-t-il été stressant ?
C’est la journée entière qui a été stressante. Je m’étais bien replacé en entrant dans le parc olympique, mais j’ai fait une erreur de trajectoire. J’ai pris une piste cyclable au bout de laquelle il y avait plein de monde. Le temps de repasser sur la route, j’ai perdu du temps et de l’énergie. C’était super stressant. On sentait les boyaux glisser par moments, c’était vraiment limite.
Vous avez disputé au préalable le sprint intermédiaire pour le classement par points. N’est-ce pas se disperser que de s’engager dans un tel combat ?
On joue le jeu à fond pour le maillot vert même si je pense que Peter Sagan va être très difficile à battre sur ce terrain-là. On a le mérite d’y aller à fond. C’est aussi un pari sur l’avenir. Dans un ou deux ans, j’aurai un peu plus de caisse pour passer les bosses et des étapes plus difficiles comme celle d’hier. Ce n’est qu’en rentrant dans ce domaine-là que je pourrai vraiment rivaliser avec Sagan pour le maillot vert. Et puis il faut bien que quelqu’un essaie de contester un peu sa suprématie.
Comment jugez-vous vos débuts sur le Tour de France ?
Ça fait plaisir car lorsque j’étais gamin et que je regardais les étapes du Tour à la télé, je m’imaginais dans ces sprints. Aujourd’hui j’y suis. Et je réalise un bon déut de Tour de France, moi comme l’équipe. On voit du Europcar sur les écrans, on est là, l’équipe est présente, on a l’ambition de gagner une étape. Par qui, on verra bien. Personnellement je fais de mon mieux pour m’approcher le plus près possible de la victoire.
Ces trois jours britanniques auront été marquants quand au nombre de spectateurs rassemblés sur le bord de la route. Qu’en retiendrez-vous ?
C’est super de faire du vélo dans ces conditions, même si c’est un peu la folie parfois. Le seul petit bémol avec tout ce monde, c’est que c’est parfois un peu dangereux. On voit de plus en plus de gens faire des selfies sur le bord de la route, dos aux coureurs. Ils ne nous voient pas arriver et c’est dangereux. Aux prochains spectateurs qui vont venir sur la route du Tour, je voudrais dire de venir nous encourager mais de faire attention à ce qui se passe autour d’eux !
Propos recueillis à Londres le 7 juillet 2014.