Bryan, vous avez dévoilé vendredi vos nouvelles couleurs. On vous imagine pressé de démarrer la nouvelle saison ?
J’ai été fier de dévoiler enfin nos nouvelles couleurs, que nous avions découvertes il y a déjà quelques temps. Ce nouveau maillot suscitait beaucoup d’attentes autour de lui. Je le trouve personnellement très joli. Je suis fier de le porter et heureux que l’aventure se poursuive grâce à Direct Energie. Nous allons leur montrer qu’ils ont eu raison de parier sur nous en gagnant le plus de courses possible et les plus belles possible.
Très clairement, votre statut semble avoir encore évolué cette saison…
Je prends du galon et ça me fait plaisir sans que ça me fasse peur. Depuis trois ans, je suis le sprinteur désigné de l’équipe, ce qui avec 70 % d’arrivées au sprint dans une saison revêt déjà une importance majeure. Mais jusque-là j’étais le petit jeune à qui on ne me mettait pas trop de pression. Désormais, je suis clairement affiché comme un leader. J’ai des ambitions et l’équipe en a à travers moi dans les grandes courses. J’ai demandé beaucoup de choses, je les ai obtenues, à moi maintenant de prouver qu’on a eu raison de m’accorder ces choix.
Ce que vous avez obtenu, c’est un train ?
Tout à fait. Courant 2013, Jean-René Bernaudeau m’avait promis qu’il mettrait une équipe à mon service quand je serai prêt : il a tenu parole. L’arrivée d’Adrien Petit, c’est l’exemple type. Je voulais vraiment l’avoir pour poisson-pilote, Jean-René a fait cet effort. Jimmy Engoulvent, qui est passé directeur sportif, sera le responsable du sprint dans l’équipe. Il sera là pour m’épauler et nous apporter son analyse. Il a fait beaucoup d’analyses vidéos sur mes sprints de 2014 et 2015. Nous avons étudié cela ensemble pour voir où je péchais et comprendre ce qui souvent me coûtait la victoire. Nous allons aller plus loin dans ce sens. Jimmy sera là pour filmer les arrivées des courses afin que nous les analysions ensemble, de manière à ce que je connaisse les arrivées par cœur en arrivant dans le final d’une étape du Tour ou de Paris-Nice. A la bouche d’égoût près.
Comment allez-vous travailler à la mise en place de ce train ?
Ça va se faire au stage que nous allons réaliser cette semaine à Calpe, en Espagne. Je n’ai repris l’entraînement que le 1er décembre. J’ai bien travaillé pour revenir à un bon niveau et je commence à avoir de bonnes sensations. C’est très encourageant. Adrien Petit est à la Tropicale Amissa Bongo mais nous allons vraiment bosser le train à Calpe pendant dix jours. Nous allons travailler cela avec des exercices, des mises en situation derrière scooter, afin de recréer les arrivées massives.
Même si ça ne se passe jamais comme sur le papier…
Effectivement, mais c’est bien de travailler l’effort. Pour les jeunes qui seront dans le train, c’est bien de comprendre ce que demande comme watts et comme efforts de prendre un relais de 3 à 2 kilomètres de l’arrivée. Chacun donnera alors son ressenti à Jimmy Engoulvent pour qu’on en discute et qu’on trouve à chacun le meilleur positionnement dans le train. Nous devrons être compétitifs dès le Tour de Valence du 3 au 7 février.
La formation d’un train nécessite forcément une grosse cohésion d’équipe ?
L’effectif a été légèrement réduit cette saison mais la cohésion de groupe s’en trouve renforcée. A vingt-deux dans l’équipe, on se côtoie beaucoup plus que de grandes formations dans lesquelles certains coureurs ne se voient pas de l’année. Avec notre état d’esprit et cette bonne cohésion entre copains, je pense qu’on peut faire de grandes choses. Il n’y a rien de mieux que l’amitié pour le dévouement. Quand on roule pour un ami, on peut aller encore plus loin. C’est là-dessus qu’on peut créer la différence cette année.
Où placez-vous vos ambitions ?
Nous en avons discuté avec Jean-René Bernaudeau et les directeurs sportifs et mon premier objectif, ce sera de remporter une étape de Paris-Nice. Ce n’est pas passé très loin l’année passée (3ème à Contres, 2ème à Rasteau). Au cœur des classiques, j’ai une épreuve qui me tient à cœur : c’est l’Amstel Gold Race. J’ai terminé 2ème du Championnat du Monde Espoirs sur cette arrivée à Valkenburg en 2012. Nous y participerons cette année et j’aurai des ambitions pour ma deuxième participation, bien qu’on sache que ce sont des classiques difficiles. On tâchera de faire du mieux possible et d’arriver en bas du Cauberg avec les meilleurs. Après, il y aura le Tour de France avec l’ambition de gagner une étape voire plus. Je ne me fixe pas de limites. Je veux seulement faire briller ce maillot, faire briller l’équipe.
En revanche, vous avez définitivement tiré un trait sur une participation olympique, quatre ans après votre médaille d’argent dans l’omnium ?
Nous avons pris la décision il y a un petit mois, avec mes trois acolytes de la poursuite par équipes Julien Morice, Thomas Boudat et Damien Gaudin, de faire l’impasse. Après la Coupe du Monde à Cambridge en décembre, nous étions retombés dans le statu quo d’après-Mondiaux. Nous avons fait nos petits calculs : il nous aurait fallu gagner la Coupe du Monde de Hong Kong et le Championnat du Monde à Londres et attendre une contre-performance des Hollandais pour obtenir notre place à Rio ! Nous sommes 9èmes mondiaux et il nous faut être dans les six meilleurs européens. Ce n’est pas possible actuellement pour nous qui avons essayé de nous qualifier en un an.
Cela signifie-t-il la fin de l’expérience ?
Nous sommes les premiers déçus car nous nous sommes beaucoup investis sur la piste, mais il faut rester optimiste et voir que nous sommes capables d’être au niveau mondial. En bossant bien, je pense qu’on aurait pu être à la bagarre pour la médaille de bronze aux Jeux, les Britanniques et les Australiens étant pour l’instant intouchables. Nous sommes une équipe jeune et compétitive. Tokyo, c’est dans quatre ans et demi, j’aurai 27 ans, on sera encore là.
Propos recueillis à Paris le 15 janvier 2016.