Brice, quel sentiment prédomine ce soir après la seizième étape du Tour de France ?
Je suis déçu. Pendant longtemps je me suis dit que je pouvais espérer la victoire, mais en fin de compte j’y croyais peut-être trop. Je ne pense pas avoir fait d’erreur, mais Thomas Voeckler était plus fort. C’est un coureur qui est en grande forme en ce moment. Je n’ai pas entamé ce Tour correctement, et même si je n’étais pas trop mal, je n’étais pas non plus à 100 %. Quoi qu’il en soit ça fait une semaine que je me disais que cette étape pouvait me convenir. J’ai été présent au rendez-vous mais pas encore assez pour gagner. Ma foi, c’est comme ça. Ce n’est pas un résultat nul mais je veux gagner, pas faire 2ème ni 5ème.

Toucher Thomas Voeckler actuellement est injouable ?
Disons qu’il est en grande confiance. De mon côté ça fait un petit bout de temps que je n’ai pas gagné et je sentais trop la victoire venir. Dans ces cas-là, ce n’est pas facile à gérer. Mais je ne désespère pas. Je remettrai ça dès demain. Qui sait, une échappée ira peut-être au bout. Je sais que j’ai aussi laissé des cartouches au départ pour être présent dans la bonne échappée. A l’inverse Thomas n’a fait qu’un effort et ça a été le bon. Un mec comme lui qui a déjà gagné sur le Tour, c’est toujours différent. Nous, on a la pression. L’équipe n’a pas fait de résultats sur ce Tour. Pour nous il reste deux jours, demain et après-demain. Ne désespérons pas, on remettra ça demain.

Quelle était l’ambiance devant sur ces quatre grands cols mythiques ?
C’est vrai que nous avions tous les spectateurs pour nous. Les gens étaient au courant de tout ce qui se passait. J’en ai entendu pas mal m’encourager. Mais j’étais avec Thomas donc j’entendais bien souvent plus « Thomas » que « Brice » ou « Feillu ». Quoi qu’il en soit ça fait du bien de retrouver des ambiances comme ça.

Vous revenez de loin néanmoins quand on se souvient votre première semaine difficile, marquée par une gastro ?
C’est vrai, beaucoup de gens m’ont soutenu et je les en remercie. Ça n’a pas été un début de Tour évident pour moi. J’ai même failli jeter l’éponge tellement j’étais mal. Aujourd’hui, je loupe la victoire mais je ne suis pas à 100 % de mes possibilités. J’ai tellement lâché de forces rien que pour finir les étapes en début de semaine… On n’est pas des machines. Les journées de repos ça fait du bien mais il en faudrait plusieurs à la suite pour bien faire. Même quand on fait gruppetto, on lâche pas mal de cartouches. Si ça ne sourit pas cette année, ce sera peut-être l’année prochaine.

Vous aviez remporté votre première victoire d’étape dans le Tour en 2009 dans les Pyrénées, n’était-ce finalement pas trop beau avec le recul ?
C’est vrai. Tout s’était bien goupillé. Quand j’avais gagné, j’étais bien mais il y avait meilleur que moi dans le groupe. Je l’avais joué fine. J’étais costaud mais sans doute moins que sur l’étape où j’avais fait 3ème à Colmar. Mais cette année je ne parviens pas à retrouver cela. Musculairement, après ce qui m’est arrivé, je ne peux pas récupérer normalement.

Etes-vous un homme de la grande chaleur ?
J’aime bien la chaleur. Quand de grosses chaleurs nous tombent dessus, c’est toujours un peu difficile à gérer. Mais quoi qu’il en soit, je pense moins souffrir de la chaleur que d’autres. J’ai un corps assez affûté, ça aide !

Demain, vous vous sentez capable de ressayer ?
Oui, je vais retenter. Si je ne suis pas devant, ce ne sera pas grave, mais je ne veux pas avoir de regrets. Je n’en ai aucun sur ce Tour pour l’instant. Mais ce n’est pas terminé. Je crois fort aussi en Julien Simon, même sur les Champs. Pourquoi pas.

Propos recueillis à Bagnères-de-Luchon le 18 juillet 2012.