Brice, ça fait grand plaisir de vous revoir au départ du Tour de France, comment vous sentez-vous ?
Décontracté. J’ai la pression, c’est sûr, parce que j’ai envie de faire un bon Tour et que je pense que les jambes sont là. Maintenant, il n’y a plus qu’à. Je suis au départ, c’est déjà une bonne chose, mais pour bien faire il faut à présent aller chercher un résultat. C’est la chose peut-être la plus compliquée à faire. C’est faisable, j’y crois, nous avons une bonne équipe avec de bons coureurs pour faire plein de choses. Il n’y a pas de raison.
Depuis votre première participation remarquée par une victoire d’étape à Andorre en 2009, une sorte de guigne a semblé s’acharner sur vous pour vous empêcher d’être au départ du Tour…
Je m’étais dit que ce serait quand même l’année de trop si jamais je n’étais pas sur le Tour en 2012. Mais je ne m’arrête pas à ça. Ça aurait été une grosse déception mais c’est la vie, on n’a pas toujours les choses qu’on désire. Aujourd’hui la question ne se pose plus, je vais me concentrer sur le Tour et on verra ce que ça donne.
Paradoxalement vous aviez eu moins de soucis à obtenir votre sélection chez Agritubel en 2009, l’année de vos débuts chez les pros ?
Chez Agritubel, c’était une bonne petite équipe dans laquelle j’avais davantage ma chance car il y avait déjà moins de coureurs. Nous étions aussi deux frères dans la même équipe. Romain avait sa place, moi pas encore. Or pour un sponsor, il faut le dire, c’est toujours très intéressant d’avoir deux frères. Ça fait communiquer et c’est très bien. J’ai obtenu ma sélection au Tour. Ma foi, je n’avais pas fait non plus un début de saison extraordinaire mais je montais en pression. Les mois d’été sont toujours des mois que j’affectionne. Ça avait marché comme ça.
Quand avez-vous su que vous seriez de l’équipe du Tour cette année ?
Je ne l’ai su officiellement que tout dernièrement, après le Championnat de France. Stéphane Heulot nous a téléphoné lundi, aux sélectionnés comme aux non-sélectionnés. Ça a été un bon soulagement. Après, ça laisse très peu de temps pour se le mettre dans la tête. Mais je m’étais préparé, j’avais fait comme si je devais y aller.
L’équipe Saur-Sojasun a un autre projet que celui d’Agritubel en 2009, quel rôle a été défini pour vous pendant ce Tour de France ?
Cette année, nous avons un leader désigné pour le classement général avec Jérôme Coppel, qui va bien dans les chronos et qui grimpe bien. Il fera quoi qu’il en soit un bon classement final. Mon rôle sera de l’épauler un maximum dans les étapes dures comme dans les étapes piégeuses, de le mettre à l’abri des bordures ou des incidents divers. A côté, j’essaierai de jouer ma carte de temps en temps, de faire de bonnes choses sur des étapes. Une victoire d’étape me ravirait.
Ne vous sentez-vous pas bridé quant à vos ambitions de victoire d’étape ?
Dans un premier temps, mon rôle est d’épauler Jérôme Coppel. Maintenant, si une occasion se présente, il faudra la saisir. Dans tous les cas la priorité reste le classement général de Jérôme.
Le très bon début de saison de Saur-Sojasun apporte-t-il une sérénité particulière ?
Carrément. Julien Simon est attendu pour la première semaine du Tour, avec beaucoup d’opportunités pour lui. Avec ses victoires cette saison, il a beaucoup apporté à l’équipe. Nous avons un groupe fort. Tout le monde marche bien. Anthony Delaplace va de source certaine aller dans les coups, plutôt deux fois qu’une. Il y a un fort collectif, c’est notre force.
Le Tour parfait, ce serait le Top 10 pour Jérôme Coppel et des victoires d’étapes ?
Oui, un bon général et une voire plusieurs victoires d’étapes. Quand je dis plusieurs, c’est à partir de deux ! Ne soyons pas trop gourmands. Le maillot à pois est aussi envisageable, on verra comment la course se présente. Au classement par équipes, vu qu’on marche tous bien, il y aura peut-être moyen de bien faire aussi.
Romain, ton frère aîné, a pris la décision de ne prendre la place de personne dans l’équipe Vacansoleil-DCM, comment perçois-tu ce choix ?
C’est une sage décision. Nous en avions discuté ensemble avant qu’il le dise officiellement. Il ne se sentait pas au mieux malgré qu’il avait une place assurée sur le Tour de France, étant le seul Français de l’équipe. Il marche toujours bien mais il avait peut-être peur de ne pas réussir. Il n’avait pas le droit à l’échec. C’est une sage décision, classe et professionnelle, et c’est bien de la part de Vacansoleil de lui avoir permis de choisir en toute liberté.
Propos recueillis à Liège le 29 juin 2012.