Brice, dans quel état d’esprit revenez-vous en France après deux saisons dans des structures étrangères ?
J’ai beaucoup appris, que ce soit dans le monde du vélo ou dans la vie de tous les jours, et c’est important. J’ai accumulé de l’expérience. Il est sûr que mes performances individuelles n’ont pas été extraordinaires, mais j’ai acquis une expérience qui va me servir, j’en suis persuadé.
Quels sont les grands rendez-vous que vous avez cochés ?
Le Tour du Haut Var est la première course qui me tient à cœur, car j’habite là-bas, même si je n’y serai peut-être pas à 100 %. Je me suis cassé la clavicule cet hiver, ce qui m’a retardé un petit peu dans ma préparation. A ce jour, je ne ressens plus trop de douleur mais parfois ce n’est pas évident et je ne peux pas être à bloc. Ensuite, il y aura Paris-Nice et bien évidemment le Tour de France, auquel je pense. J’aimerais y revenir et y faire quelque chose, briller personnellement et collectivement.
Le Tour de France, auquel vous n’avez participé qu’en 2009, l’année de votre succès d’étape à Andorre-Arcalis, ça reste une course qui vous émoustille ?
C’est l’événement-phare pour chaque Français et pour beaucoup de coureurs. Le Tour de France, c’est le plus gros événement. Je n’y suis allé qu’une fois, j’y ai bien brillé, je ne peux pas ne pas en parler. Certes, c’est le Tour, mais je pense qu’il y a beaucoup de choses à faire sur cette course. Beaucoup l’abordent avec appréhension, pas moi. Si j’y retourne, ce sera le couteau entre les dents et on verra ce que ça donnera.
L’année passée, on a vu marcher sur le Tour des garçons qu’on n’attendait pas forcément à ce niveau, cela vous donne-t-il des idées ?
Suite au Tour de France qu’a fait Pierre Rolland, beaucoup voient l’avenir en lui. Moi je le connais bien, je l’apprécie bien et j’ai toujours pensé qu’il avait un beau potentiel. Or avant qu’il ne réalise ce qu’il a fait, les gens disaient qu’il s’était endormi sur ses lauriers, et ces gens-là disent la même chose de moi. C’est facile pour eux, ils sont bien à l’aise dans leur canapé, mais ce n’est pas aussi simple que ça la vie d’un coureur cycliste. Dans nos vies quotidiennes, on ne reçoit pas toujours de cadeau, et sur le vélo on n’a pas toujours la pêche qu’on souhaiterait avoir. Beaucoup de choses ont réussi à Pierre Rolland en 2011, ça peut tout aussi bien me sourire à moi en 2012.
On vous a découvert dans la montée vers Arcalis dans le Tour 2009. Après, c’est le blackout. Vous sentez-vous capable de rééditer ce que vous aviez fait ce jour de juillet ?
Je me sentais bien chez Agritubel en 2009, tout comme je pense que je vais bien me sentir cette année chez Saur-Sojasun. Entre les deux, j’étais bien aussi chez Vacansoleil et Leopard, mais je n’avais pas les mêmes ambitions. J’avais des leaders et il est dur de faire sa place quand on bosse pour les autres. Ce que j’ai fait chez Agritubel en étant néo-pro, c’était très bien, mais c’était inattendu. Je me sens capable de rééditer cela. Certes je n’ai pas eu de résultat flamboyant pendant deux ans mais je n’ai pas régressé, j’ai progressé au contraire.
Ce choix de courir à l’étranger en qualité d’équipier vous a-t-il apporté ou le regrettez-vous aujourd’hui ?
Je dirais que ça m’a plutôt apporté. Deux ans, ça passe très vite. J’ai été très content de passer par Vacansoleil puis Leopard-Trek, qui a été une belle aventure. Elle s’est terminée sur une fusion. Un grand nombre de coureurs ont été obligés de partir mais ça s’est très bien passé. J’ai progressé dans tous les domaines, à titre professionnel et personnel.
Comment avez-vous vécu cette période d’incertitude au moment de la fusion des équipes Leopard-Trek et RadioShack ?
Nous étions plus ou moins au courant mais ce sont des périodes durant lesquelles on se pose pas mal de questions. Ça a duré deux semaines avant d’être fixé et de tout faire pour que ça se passe au mieux pour retrouver une équipe.
Finalement, que retenez-vous de vos deux années à l’étranger ?
L’anglais, déjà ! A l’école, on est toujours là à penser que l’anglais ça ne nous servira pas trop. Au final, j’aurais bien aimé écouter un peu plus à l’école pour être plus performant. Après deux ans passés à l’étranger, je me débrouille bien mieux à l’anglais, c’est un bon point. Sur le plan sportif, les méthodes sont un peu différentes mais je ne dirais pas forcément que c’est plus carré. Après, il y a le budget qui n’a rien à voir, mais pour bien se sentir dans une équipe il n’y a pas besoin de millions d’euros.
Qu’est-ce qui vous a plu dans l’équipe Saur-Sojasun ?
Il y a beaucoup de coureurs que je connais déjà, l’encadrement aussi. J’aime aussi beaucoup le discours de Stéphane Heulot, avec qui j’étais entré en contact juste avant que je parte vers Leopard. C’est un tout.
Qu’attendez-vous de cette saison 2012 ?
L’équipe ne me met pas de pression mais ça lui ferait quand même plaisir que je ramène des résultats. Chacun le sait, moi aussi. Je me mets une petite pression, elle est nécessaire, mais je n’ai pas besoin qu’on me pousse aux fesses pour que j’aille chercher des résultats. Pendant deux ans, ça n’a pas été facile, maintenant je vais donner le meilleur de moi-même. Sauf ennui de santé, je devrais être à la hauteur.
Propos recueillis à Châteaubourg le 20 janvier 2012.