Brian Cookson, vous étiez à la présentation du Tour de France mercredi. Quel message vouliez-vous envoyer ?
D’abord, le Tour de France est le plus grand événement cycliste au monde et je suis sûr qu’il le restera. Nous avons assisté à une cérémonie formidable. Le parcours sera très exigeant et très excitant. Des montagnes, de la plaine, et des pavés que, je dois bien avouer, j’aime particulièrement. Je suis sûr que nous assisterons à une superbe course l’an prochain. C’est une bonne chose pour l’UCI. Je suis très heureux d’être là pour commencer à travailler avec ASO et avec toute l’équipe du Tour comme je le fais avec beaucoup d’autres acteurs. Je pense avoir débuté de manière positive. Cela fait trois semaines que je suis président et je vois déjà des changements. Je suis heureux de la manière dont les choses se déroulent en ce moment.
Le Grand Départ sera donné de chez vous, en Angleterre. La Grande-Bretagne est-elle devenue un endroit important du cyclisme ?
Absolument. Je pense qu’elle le restera. Je ne suis plus président de British Cycling, j’ai dû démissionner, mais j’y ai passé 17 ans. Pendant toutes ces années, j’ai participé à la construction de cette organisation. Ce qui est appréciable, c’est que cela peut devenir un exemple pour d’autres nations. La Grande-Bretange était une petite nation en matière de cyclisme il y a encore quelques années de cela. Nous avons travaillé dur pour atteindre le sommet et nous avons montré que cela est possible. Maintenant, nous avons de grands événements et de grands coureurs, chez les hommes comme chez les femmes, et, quelles que soient les disciplines. Je pense que si nous avons été capables de faire cela en Grande-Bretagne, d’autres nations sont capables de le faire.
Cette année le sujet du dopage n’a pas fait surface lors de la présentation du Tour, contrairement aux dernières années…
C’est une vraie marque de progrès. Les dommages que nous avons subis ces dernières années ont été importants et continuent de l’être avec de plus en plus de révélations. Je veux créer une commission antidopage indépendante pour le cyclisme qui travaillerait en étroite collaboration avec l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Il est important de cesser de se quereller sans cesse avec des instances qui devraient nous aider et avec qui nous devrions travailler. Je suis confiant quant aux chances que cela aboutisse. J’ai déjà parlé avec le président de l’AMA et avec celui de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD). Je suis sûr que nous pourrons travailler de manière cordiale et avoir de très bonnes relations avec eux. Je peux vous assurer que nous n’aurons plus de passe d’armes publiques et que nous travaillerons de manière harmonieuse.
Avez-vous déjà discuté avec Lance Armstrong ?
Non, je ne lui ai pas parlé. Il est là. Il sait que s’il veut participer à la commission que nous allons lancer prochainement, il sera le bienvenu. Je serai heureux qu’il témoigne dès que nous aurons fixé les détails avec l’AMA. Comme je l’ai dit à plusieurs occasions, il est important que Lance dise toute la vérité dès qu’il le pourra. Il faut que tout sorte petit à petit. Je voudrais plus de transparence dans ce dossier et que tout soit structuré. Pour cela, il faudra établir une commission qui nous permettra de tirer les leçons du passé et être sûrs de ne pas répéter ces erreurs à l’avenir.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
Il nous faut construire sur les progrès qui ont été faits ces dernières années, et il y en a eu. Jusqu’à preuve du contraire, le dernier Tour de France était propre. Ce qui nous manque, c’est la crédibilité et la confiance en l’UCI. Beaucoup de gens n’ont toujours pas foi en elle. Mon travail au cours de mon mandat sera de restaurer cette confiance. Cela passe par l’établissement d’une agence antidopage indépendante. L’AMA et toutes les agences antidopage auront à nouveau confiance en nous, et en notre capacité à mener une politique antidopage. Je suis sûr que nous sommes en mesure de le faire.
Avez-vous déjà réalisé un sondage sur l’image que renvoit l’UCI depuis votre nomination ?
Non, je ne pense pas qu’il y ait besoin d’un sondage pour savoir que l’image de l’UCI était peu reluisante aux yeux de beaucoup. C’est l’une des choses que nous devons regarder pour les prochaines années, réaliser une étude plus poussée sur ce genre de sentiments. En revanche, je peux vous assurer que la réaction que j’ai de la part de tout le monde est très positive. Cela prouve que l’UCI peut avoir une bien meilleure image. Je pense que nous pouvons y parvenir assez rapidement. Nous avons connu des changements majeurs depuis mon élection, chose dont je suis extrêmement fier. Mon travail est maintenant de construire l’avenir sur ces réactions positives. Je ferai de mon mieux pour être sûr que cela se concrétise.
Quel pourra être le rôle du président de la FFC et de l’UEC David Lappartient ?
David est un des vice-présidents clés de l’UCI. C’est une personne importante et j’ai une confiance absolue en lui. Il a acquis une solide expérience comme président de la fédération française et maintenant de l’Union Européenne de Cyclisme. Il est l’un de ceux à qui j’ai le plus parlé pendant la campagne électorale. Nous avions assez tôt convenu qu’il me soutiendrait. Nous avons beaucoup discuté, mais il fallait qu’il soit sûr de pouvoir remplir ses fonctions à la tête de l’UEC et de la FFC. Il sera président du Conseil du Cyclisme Professionnel. Son avis compte énormément. Il aura un avenir important au sein de l’UCI et nous nous supporterons toujours mutuellement.
Êtes-vous confiant sur l’avenir du cyclisme aux Jeux Olympiques ?
Je pense que mon élection va améliorer la réputation du cyclisme aux yeux du Comité International Olympique. Je ne pense pas qu’il y ait de menaces sérieuses concernant le cyclisme dans son ensemble. Nous devons faire en sorte que le nombre d’épreuves ne diminue pas, et même qu’il augmente si possible. Je dois rencontrer Thomas Bach, qui prendra la tête du CIO en novembre. Sa réaction et celles de tous ceux au CIO ont été plus que positives. Nous savions qu’un changement était nécessaire pour l’UCI. Maintenant, ce changement est intervenu.
Propos recueillis à Paris le 23 octobre 2013.