Dans le cadre des nombreuses activités qui ont suivi sa brillante carrière, le double vainqueur du Tour de France Bernard Thévenet a fondé sa propre entreprise : La Mode du Sport. La société haut-savoyarde propose une gamme complète de vêtements cyclistes et équipe une multitude de clubs, demeurant présente cette année dans les rangs professionnels par le biais de l’équipe Acqua & Sapone de Stefano Garzelli et Luca Paolini. C’est cet aspect-là de sa reconversion qu’évoque avec nous Bernard Thévenet. Négociation avec les équipes, conception des équipements, réalisation des paquetages… L’ancien champion nous ouvre les portes d’un univers méconnu du cyclisme.
Bernard, vous avez créé La Mode du Sport il y a près de vingt ans, comment est née cette entreprise ?
Avec Gilles Marin-Lamellet, mon associé, nous avons débuté dans la commercialisation de la bonneterie en 1990 dans une entreprise savoyarde. Gilles avait pris l’initiative, qui connut un franc succès à l’époque, d’aller au devant des clubs en faisant des présentations, des show-rooms, dans une quarantaine de villes. Lors de la vente de cette firme, nous avons décidé de voler de nos propres ailes et avons fondé notre entreprise en 2000.
Comment l’entreprise a-t-elle évolué au fil des années ?
La Mode du Sport propose la gamme complète de vêtements cyclistes personnalisés, donc à destination des clubs ou associations, avec des produits de haute technicité assurant confort, hygiène et sécurité. Le siège social, basé à Cran-Gevrier, en Haute-Savoie, tout près d’Annecy, emploie quatre salariés auxquels s’ajoutent quatre agents présents sur le terrain et en contact direct avec les clubs. Plus de 300 clubs nous accordent leur confiance chaque année mais ce sont près de 800 clubs qui roulent avec des équipements Bernard Thévenet. Les clubs à orientation compétition renouvellent généralement leurs équipements chaque année contre tous les deux ou trois ans pour les autres clubs. Notre plus grande satisfaction est la fidélité de nos clients. Cela prouve que le service et les équipements qu’ils trouvent chez nous répondent à l’ensemble de leurs besoins. Déjà équipementier en 2009, nos produits seront encore présents en 2010 au sein des pelotons professionnels avec l’équipe Acqua & Sapone.
Comment se déroulent les négociations avec une équipe pro ?
Les contacts avec les équipes professionnelles sont pris dès le mois d’août, parfois même avant, car les livraisons devront être assurées avant la fin d’année. Les équipes professionnelles recherchent la qualité des produits mais aussi une grande réactivité de la part de leur fournisseur.
Qui conçoit le design d’un maillot ?
Notre maquettiste crée les dessins et maquettes de nos clients en tenant compte de leurs souhaits, voire du cahier des charges le cas échéant. Issu d’une formation spécialisée, il laisse également libre cours à son imagination lorsque les clubs n’ont pas d’attentes formalisées ou d’idées particulières. Au niveau du graphisme, il y a très peu de différences entre la conception d’un maillot amateur et d’un maillot pro. Les deux recherchent à la fois qualité du produit, visibilité des partenaires et esthétisme au porter. Néanmoins, il existe souvent un véritable cahier des charges pour les équipes pros. Au niveau technicité, nous proposons aux clubs des produits parfaitement identiques à ceux des coureurs pros. Chaque client bénéficie des exigences du monde professionnel.
Vous avez été l’emblème du célèbre maillot à damiers, immanquable dans le peloton. Aujourd’hui, quel serait en soi un maillot vraiment percutant visuellement ?
Le maillot à damiers serait certainement un maillot très visible au sein des pelotons aujourd’hui encore. Ce maillot, contrairement aux équipements actuels, présentait peu de partenaires : un blason sur les épaules (BP, Esso puis Shell), un sponsor principal (Peugeot) et un équipementier (Michelin). Et tout cela en noir et blanc, ce qui lui assurait une parfaite visibilité. Aujourd’hui, compte tenu du nombre de sponsors, il est plus difficile de dessiner un maillot percutant.
Combien de vêtements sont attribués par coureur pour une saison ?
Le paquetage d’un coureur professionnel dépend de l’équipe et du niveau d’évolution de celle-ci, si elle évolue en continental ou en ProTour. A titre indicatif, il faut compter environ, par coureur, dix maillots et dix cuissards, trois maillots manches longues, deux gilets sans manches, deux combinaisons, deux vestes thermiques, deux collants, cinq manchettes, cinq jambières, vingt-cinq paires de socquettes, dix paires de gants… auxquels s’ajoute un paquetage supplémentaire si l’équipe est sélectionnée pour le Tour de France.
Quel budget une formation professionnelle met-elle dans son équipement vestimentaire ?
Le budget dépend bien évidemment du niveau d’évolution de l’équipe. C’est pourquoi il nous est difficile de répondre à la place des équipes.
Comment collaborez-vous avec les équipes et les coureurs pour le développement et l’étude de nouveaux équipements ?
L’évolution vers de nouvelles matières, nouveaux patronages, nouveaux produits est constamment à l’étude. De nombreux tests et essais sont donc réalisés chaque saison avec les équipes partenaires. Soit en avant-saison dans nos ateliers, soit en cours de saison et directement sur le terrain. Le but étant de parvenir à proposer à nos clients les produits les plus adaptés pour pratiquer le cyclisme et pour leur garantir le maximum de plaisir sur le vélo.
Vous avez notamment mis au point des nouveautés, comme le cuissard sans élastique au niveau des cuisses…
Le cuissard sans élastique a été le première grosse évolution que nous avons apportée. Mis au point et testé sur le Tour de France 2008, la coupe anatomique de ce nouveau cuissard permet la suppression de l’élastique en bas de cuisse. Un produit qui est donc beaucoup plus confortable et qui permet un meilleur retour veineux. Et bien entendu le cuissard ne remonte pas…
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Cette saison, nous avons travaillé sur un nouveau fond : le fond à mémoire de forme. Haute densité et sans couture, celui-ci bénéficie en plus d’une mousse alvéolée. Lorsque le cycliste est assis, cette matière s’écrase pour s’adapter à sa morphologie, puis retrouve sa forme initiale dès que le cycliste n’est plus posé sur la selle. Enfin, une nouvelle matière de maillot a vu le jour en fin de saison 2009 : le tissu microfibre. Encore plus léger, plus souple et plus respirant, il accroît de façon sensible le confort et l’hygiène et donc la performance.
Propos recueillis le 25 janvier 2010.