Arnold vous vous êtes fait quelques frayeurs dans les descentes techniques du contre-la-montre hier…
C’est une descente que je ne connaissais pas, elle était piégeuse. Il s’est mis à pleuvoir au moment où j’arrivais. La route était très grasse et je sentais bien que ça glissait. J’ai dû rater plusieurs virages, sortir le pied. J’ai fait un peu n’importe quoi, mais je ne pouvais pas faire beaucoup mieux. À un moment, dans la descente, je déchausse, mais c’est plus pour assurer. Je ne voyais pas la sortie de virage, je n’avais pas de lunettes et je ne voyais pas grand-chose avec la pluie. J’ai préféré assuré le coup. Sur le bas, j’étais un peu déconcentré. J’étais un peu démoralisé. J’ai quand même essayé de bien faire la dernière montée. Mais avec la pluie… La route était trempée. En plus, il y avait vent de face en haut, dans le village. Ensuite, j’ai monté comme j’ai pu, et fini comme j’ai pu. Après la première descente, dans ma tête, c’était fini.
Finalement, votre place est plutôt satisfaisante. Est-ce la fraicheur qui prime ?
Oui, c’est sûr. Je me suis rassuré dans l’étape de Gap (NDLR : 3ème de l’étape). Je savais que je serai bien en troisième semaine. En règle générale, sur les Grands Tours je récupère bien. Je ne suis pas arrivé en grande forme sur ce Tour, mais je vais essayer de bien le finir. Je pense que c’est de bon augure pour la suite. Il reste trois belles étapes, on va essayer de faire quelque chose de bien même si c’était déjà pas mal sur l’étape de Gap et que je n’ai pas eu de chance sur le chrono avec la pluie. Ça va finir par payer.
Vous n’abordiez pas le Tour dans les meilleures conditions…
Oui, c’est sûr. Après mes chutes au Giro, j’ai dû couper. À un mois et demi du Tour, j’étais blessé et j’essayais de récupérer, pendant que d’autres préparaient le Tour. Je suis arrivé avec un peu de retard. J’espérais bien le finir. C’est ce qu’il se passe. Au niveau du timing, c’est parfait, même si j’aurai préféré être en meilleure forme un peu plus tôt. On va essayer de briller en dernière semaine avec la montagne qui me convient bien.
Êtes-vous surpris des compliments que vous avez reçus de Marc Madiot ?
C’est sûr que Marc est content de nous voir marcher. Même si lui est content, personnellement je suis déçu. Ce sont les aléas de la course. Quand la pluie est là pour tout le monde, on fait avec. Mais quand elle tombe juste quand on arrive… Si je prends le départ une demi-heure plus tôt, au final, je ne suis pas 24ème temps, je suis bien mieux que ça. Je sais aussi que je n’allais pas gagner ce chrono avec les champions qui vont exploser le temps. Mais une place dans le Top 10 ou dans le Top 20 m’aurait rassuré.
Vous avez choisi de changer de monture en cours de route, était-ce le bon choix à adopter ?
Thibaut Pinot, Jérémy Roy, et Alexandre Geniez ont reconnu le parcours pendant l’année. Ils savaient que la dernière descente était assez roulante et qu’il fallait changer de vélo. Ils me l’ont conseillé. Je leur ai fait confiance et j’ai changé de vélo en haut. Je pense que c’était intéressant. Si j’avais reconnu le chrono, j’aurais pu descendre plus vite. Mais quand on ne joue pas la gagne, on essaye d’assurer et de ne pas faire comme Jean-Christophe Péraud le matin de l’étape. On peut tout perdre sur la dernière descente et je n’ai pas cherché à jouer avec les limites.
Avez-vous ressenti de la peur ?
Oui, dans la première descente on se fait peur. Mais je ne jouais pas la gagne. Je ne vais pas me foutre en l’air ! Je fais attention, mais c’est sûr qu’il y avait de quoi se faire peur. Ceux qui jouent le général sont allés chercher les limites et ont dû prendre des risques.
Propos recueillis à Chorges le 17 juillet 2013.