Arnaud, qu’attendez-vous de votre première participation au Tour de France ?
L’objectif, ça va être de se faire plaisir, de découvrir. La découverte du Tour de France, ça peut très vite réussir, on l’a vu avec Thibaut Pinot il y a deux ans, comme moins fonctionner, ce qui a été le cas de Nacer Bouhanni l’année dernière ou d’autres grands sprinteurs passés par là. Il faut garder la tête sur les épaules, avoir conscience de la grosse concurrence, mais croire l’exploit possible. J’ai l’ambition de lever les bras.
Dès samedi à Harrogate ou faudra-t-il vous laisser le temps de vous installer dans ce Tour de France ?
Il faut me laisser le temps mais si je peux créer l’exploit à la première occasion, je le ferai. J’ai tous les ingrédients pour réussir, même s’il y a une grosse concurrence tout de même. Je ne me mets pas de limites. Je suis jeune, je suis là pour apprendre, découvrir, mais je ne me mets pas de barrières. J’y pense en tout cas. C’est ça qui pousse, qui fait le sport et rend le rêve accessible.
Qu’est-ce que Mark Cavendish et Marcel Kittel ont de plus que vous ?
Pour l’instant, ils ont l’expérience quand il s’agit pour moi de mon premier Tour. Peut-être ont-ils la confiance en plus, je ne sais pas. Je dispose d’une super équipe autour de moi, de mon train habituel, des coéquipiers avec lesquels je m’entends super bien et avec lesquels nous avons l’habitude de courir. Mon but, c’est de n’avoir aucun regret à la fin de ma carrière. Je suis professionnel au quotidien, je fais en sorte de pouvoir réussir. Le principal, c’est ça.
Mark Cavendish, chez lui pendant trois jours, risque d’être l’homme à battre en ce début de Tour…
Chez lui, il va être remonté et va avoir envie de réussir. Mais, à échelle inférieure, je voulais réussir chez moi sur le Tour de Picardie l’année dernière et ça n’a pas souri… Ce n’est pas parce que l’on est chez soi que l’on a tous les droits et que l’on va forcément gagner. De mon côté je vais faire confiance à mes équipiers, ne pas me focaliser sur une roue à suivre, on va se concentrer sur ce que l’on sait faire.
Non seulement il va s’agir de votre premier Tour de France, mais en plus vous allez l’effectuer ceint du maillot tricolore. C’est une pression en plus ?
C’est surtout une double joie. Disputer mon premier Tour me rendait tout fou. Avec le maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules, ça va être d’autant plus fort. Je m’attends à quelque chose de gigantesque. Un maillot tricolore, on le porte un an, c’est la victoire qui dure le plus longtemps finalement. Pendant un an, on va m’en reparler à travers ce titre de champion de France.
Outre les sprints, on imagine que vous avez un œil sur l’étape des pavés d’Arenberg. Quel rôle pourrez-vous y jouer ?
Tout dépendra des ambitions de l’équipe, je n’en ai pas encore parlé avec le staff. Je ne sais pas si on me laissera essayer d’y jouer la gagne (NDLR : Arnaud Démare s’est classé 12ème de Paris-Roubaix) ou si j’aurai pour mission de protéger Thibaut Pinot et de limiter la casse au classement général. On verra cela en temps et en heure. D’ores et déjà je suis allé reconnaître cette étape qui peut faire peur aux favoris du classement général. Elle interviendra après quatre premiers jours de course, il y aura déjà un peu de fatigue.
A plus long terme sur ce Tour de France, pensez-vous vous battre pour le maillot vert ?
C’est une question que je me pose encore et que je n’ai pas évoquée avec tout le monde. Je n’ai pas envie de me lancer dans un projet qui me ferait perdre de l’énergie inutilement. Nous allons en discuter, voir si j’ai les moyens de jouer ce classement. C’est à y réfléchir.
Ramener le maillot vert à Paris implique de franchir la haute montagne. Vous fait-elle peur ?
Beaucoup moins depuis que j’ai fait Tirreno-Adriatico et le Critérium du Dauphiné. J’ai disputé exprès le Dauphiné pour savoir faire ce qu’on retrouvera d’ici deux semaines. C’était mon objectif. J’ai appris à gérer la haute montagne dans une course qui ne proposait quasiment que cela. J’ai beaucoup appris, ça m’inquiète moins.
Propos recueillis à Leeds le 3 juillet 2014.