Arnaud, vous avez gagné à neuf reprises l’an dernier, mais votre première victoire datait du mois d’avril. Comment comptez-vous vous y prendre pour la saison 2014 ?
L’an dernier, j’avais commencé au Tour Down Under. J’avais beaucoup moins de jours de course en arrivant à Paris-Roubaix. Cette année, j’en aurai beaucoup plus. Je reprendrai au Qatar et j’enchaînerai avec le Tour d’Algarve. Deux courses abordables. Je participerai au Circuit Het Nieuwsblad, à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, à Tirreno-Adriatico puis peut-être à Milan-San Remo. Je ferai ensuite les classiques : GP E3, Gand-Wevelgem, Trois Jours de La Panne, Tour des Flandres, GP de l’Escaut et Paris-Roubaix. Il y aura forcément un gros niveau. Ce sera une période difficile pour aller chercher une victoire même si on n’est pas à l’abri d’un exploit ou d’une performance. Je commence à grandir aussi. Il faudra que je m’y jette vraiment pour aller chercher un résultat. Il est vrai que j’ai mis un peu de temps à gagner l’an dernier. Si ça se trouve, je mettrai le même temps cette année. Mais cela ne m’a pas empêché de remporter autant de succès en 2013. Après les classiques, je ferai une petite coupure et je reprendrai sans doute aux Quatre Jours de Dunkerque, puis je ferai le Tour de Bavière, le Critérium du Dauphiné, et point d’interrogation pour la suite.
Contrairement à 2013, vous ne ferez pas d’épreuves WorldTour avant Tirreno-Adriatico. Ne craignez-vous pas d’y perdre en intensité ?
Elles ne sont pas nommées WorldTour, mais les coureurs qui participent à ces épreuves font partie de la première division. Le Tour du Qatar mériterait d’avoir l’appellation WorldTour. Un peu moins pour le Tour d’Algarve. Même chose au Het Nieuwsblad et à Kuurne : ce sont les mêmes coureurs que l’on retrouvera aux Flandres et à Roubaix. Ce ne sont pas des objectifs pour tout le monde. Mais il y a quand même du niveau.
Vous ferez des classiques une de vos priorités cette saison. Comment avez-vous défini cet objectif ?
Je les avais déjà faites l’an dernier. Les classiques me conviennent bien. Les parcours me plaisent. Il est donc normal que ce soit un objectif. Une course comme Kuurne-Bruxelles-Kuurne est à ma portée. Gand-Wevelgem, ça peut l’être également. J’ai terminé 12ème l’an dernier, c’est un très bon résultat. Maintenant, pour passer un cap sur un Tour des Flandres ou sur un Paris-Roubaix, il faut de l’endurance et de la chance. D’ici quelques années, j’y penserai peut-être encore plus. L’année dernière, je me suis fait plaisir. Je termine 26ème du Tour des Flandres et je n’ai pas eu de chance à Paris-Roubaix. Mais ce sont vraiment des courses qui me plaisent.
Lors de la présentation de l’équipe hier, Marc Madiot disait qu’il voulait regagner Paris-Roubaix un jour et que ce vainqueur pourrait être vous. Ressentez-vous une certaine pression ?
Cela peut être moi, mais ça peut être un autre coureur. Marc m’a pris en exemple parce que je suis jeune et que j’y crois beaucoup. Je ne sais pas où mon potentiel va s’arrêter. Je sais que j’en ai. Mon but, c’est vraiment d’aller chercher ces victoires-là un jour.
Votre modèle, c’est donc Tom Boonen ?
C’est exactement ça. Si je fais une carrière à la Tom Boonen, je crois que j’aurai réussi ! Mais au niveau profil, oui, c’est un peu ça. Aller au Tour de France pour chercher une étape, et les classiques avant tout.
Le Tour de France ce pourrait être dès cette année ?
J’y pense. Mais on est deux sprinteurs dans l’équipe avec Nacer Bouhanni. Il y aura une sélection de faite. J’ai envie d’y participer. L’an dernier, c’était un choix personnel de ne pas y être. Cette année, je me sens prêt. Que ce soit dans la tête ou physiquement. Je n’ai pas fait de Grand Tour l’an dernier. Le Giro arrive très tôt, on ne peut pas récupérer des classiques. J’étais encore jeune pour le Tour de France la saison dernière. Et avec le GP Ouest France à Plouay, la Vattenfall Cyclassics à Hambourg (NDLR : qu’il a remportée en 2012) et si on veut être bien jusqu’à Paris-Tours, la Vuelta n’est pas forcément idéale. C’est pour cette raison que s’il faut choisir, c’est vraiment le Tour de France.
Vous dites que vous vous sentez prêt pour le Tour. Qu’est-ce qui vous laisse penser cela ?
Ce sont des petites choses. À l’entraînement, je me sens plus résistant. J’ai aussi fait le Tour de Suisse l’an dernier. On peut dire que c’est la quatrième plus grande course par étapes derrière les trois Grands Tours. C’est neuf jours de course, je me suis fait plaisir. Je n’ai pas fini cramé et je remporte une étape. Ce sont des signes qui me font dire que je peux pousser à quatorze, quinze voire vingt-et-un jours de course.
Propos recueillis à Paris le 21 janvier 2014.