Arnaud, Paris-Roubaix constitue-t-il l’objectif de votre saison ?
C’est vrai que c’est une belle classique. Si un jour dans ma carrière je dois en gagner une, ce serait celle-là. Mes ambitions grandissent. Je ne vais pas vous cacher que quand je suis à l’entraînement, que je suis dans mon garage et que j’en chie sur mon home-trainer ou sur la route, je pense au vélodrome de Roubaix. J’ai vraiment envie d’essayer de gagner Paris-Roubaix un jour.
L’an dernier, vous n’étiez pas passé loin à Gand-Wevelgem où vous terminez 2ème.
À Gand je ne suis pas passé loin. C’est une course que j’apprécie aussi. Si je peux essayer de la gagner, ce serait formidable, mais je pense plus aux objectifs à long terme. Un Paris-Roubaix, ce ne sera peut-être pas cette année, pas l’année prochaine non plus, mais ça restera mon rêve.
Avez-vous déjà établi votre calendrier ?
Je ferai le Tour du Qatar, le Tour d’Oman, le Circuit Het Nieuwsblad et Paris-Nice. Ce sera le premier grand rendez-vous mais pas l’ultime objectif. J’enchaînerai ensuite les classiques avec Milan-San Remo, Gand-Wevelgem, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.
Que change pour vous le départ de Nacer Bouhanni ?
Je ne pense pas que ça ne changera pas grand-chose. Mon programme d’entraînement est le même. Nacer a fait un choix sportif. Il était mon adversaire au sein de la FDJ, il sera mon adversaire cette année chez Cofidis. Il y aura de beaux sprints entre nous et avec les autres sprinteurs.
Où vous situez-vous dans la hiérarchie mondiale du sprint ?
Je ne peux plus dire que j’apprends aujourd’hui. J’ai autant ma place que d’autres sprinteurs comme Greipel, Cavendish, Degenkolb ou Kittel. Il me manque juste encore de la force et de la maturité. C’est ma quatrième année pro. Ce qu’il me faut, c’est montrer que je peux les battre un jour et régulièrement.
Pensez-vous qu’il vous manque une grande victoire de renom ?
Celle-là, je l’ai eue d’entrée de jeu, à la Vattenfall Cyclassics. J’ai vu ce dont j’étais capable. Ce qu’il me faut maintenant c’est refaire cela aussi souvent que possible.
Votre bilan chiffré à quinze victoires l’année dernière doit vous donner confiance.
C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de coureurs qui peuvent prétendre d’être aussi prolifique. Quinze victoires, c’est une très grande satisfaction, même si je n’ai pas de grande victoire. J’ai quand même gagné le Championnat de France et j’ai fait des places qui peuvent me permettre d’espérer de grandes victoires : ma 2ème place à Gand-Wevelgem, mes deux 3ème places sur le Tour de France.
Le fait d’avoir terminé un Grand Tour vous donne-t-il l’impression d’être plus fort physiquement ?
Oui, j’ai gagné de la force. Cela a été un Tour de France difficile. J’ai vraiment souffert pendant trois semaines. C’est normal aussi, c’est le Tour ! Mais je ne pensais pas être à ce point dans le dur. J’ai vraiment ressenti une grosse fatigue au mois d’août. Puis c’est revenu au mois de septembre et j’ai fait une fin de saison exceptionnelle avec notamment le Tour de l’Eurométropole. En gagnant cette course, j’ai senti que j’avais gagné de la puissance. Même sur la reprise de la saison, je sens qu’il y a quelque chose de nouveau. Je n’ai pourtant pas changé mon programme d’entraînement cette année, j’ai juste fait un peu moins de cyclo-cross. On est parti deux fois en Espagne avec l’équipe. Le travail au chaud m’a permis de mieux récupérer et de passer un cap un peu plus rapidement en début de saison.
Ce Tour de France n’est-il pas intervenu après votre pic de forme ?
Il y aura peut-être quelques modifications à faire. On en a discuté avec les entraîneurs. J’arrive assez vite en forme. Il faut réussir à canaliser cela de façon à arriver en forme au bon moment. J’ai peut-être un peu trop couru au mois de mai sur des courses comme les Quatre Jours de Dunkerque ou le Tour de Picardie. Je ne suis pas sûr de les disputer cette année. Ce sont des courses que j’ai gagnées l’année dernière, mais ce sera de la fraîcheur que je gagnerai pour des courses d’une plus grande renommée. Même si je les apprécie, ce sont des courses où je n’ai plus rien à prouver. Il vaut mieux laisser la place à des jeunes comme Marc Sarreau qui pourront s’exprimer et gagner leurs courses.
Quelles relations entretenez-vous avec Marc Sarreau et Lorenzo Manzin que Marc Madiot décrit comme les nouveaux Bouhanni et Démare ?
Lors des stages, j’ai pu voir qu’ils m’observaient quand je faisais des sprints, quand je mangeais quelque chose. On sent qu’ils veulent apprendre. Ils veulent réussir, ils regardent et ils écoutent. Quand, on leur dit quelque chose, on n’a pas à leur dire trois fois. Ils savent que c’est pour eux et pour leur bien. Je pense qu’ils vont vite progresser. On est là pour les aider. Je suis sûr qu’ils vont eux aussi gagner des courses.
Propos recueillis à Paris le 28 janvier 2015.