Arnaud, on vous a laissé sur la 2ème marche du podium du Championnat de France, qu’avez-vous fait depuis ?
J’ai coupé quatre jours après le Championnat de France pour me reposer dans le sud de la France. J’ai ensuite repris sérieusement l’entraînement la semaine avant le Tour de Pologne. J’ai couru là-bas une semaine. A mon retour j’ai bien travaillé à la maison avant de partir pour les Jeux Olympiques, ce mercredi.
Quelle était l’atmosphère au Tour de Pologne ?
C’était un plateau assez relevé. Comme je me suis bien entraîné la semaine précédente je suis arrivé relativement fatigué. Je n’ai pas fait de résultat mais ça m’a permis de bien travailler, de prendre encore du volume, de la caisse. Ça peut être un tremplin pour les Jeux Olympiques. Je pense avoir fait ce qu’il faut pour l’instant.
Durant cette période, avez-vous suivi le Tour de France de vos coéquipiers ?
Oui, on a vu la très belle victoire de Thibaut Pinot à Porrentruy puis celle de Pierrick Fédrigo à Pau. C’est super pour l’équipe FDJ-BigMat et pour les Français en règle générale. Quand on est sur le vélo et qu’on apprend que les copains gagnent, on se dit que c’est faisable pour nous aussi. Le Tour de France est une échéance importante pour tout le monde. Quand les gars de l’équipe réussissent on se dit qu’on peut aussi y parvenir, c’est très motivant.
La relative déception des Championnats de France est-elle déjà oubliée ?
Oui, il faut passer à autre chose. Moralement j’ai éprouvé le besoin de souffler. Il fallait que la pression retombe car on me parlait de ce Championnat de France depuis ma victoire au Championnat du Monde Espoirs. On m’avait mis cet objectif en tête, je ne voulais pas décevoir. Même si une 2ème place reste magnifique, il manque le titre et le maillot que l’on porte toute l’année, c’est pourquoi j’ai été assez déçu.
Malgré tout, vice-champion de France et sélectionné olympique, si on vous avait raconté cela il y a un an, vous n’y auriez pas cru…
Exactement ! Tout ce qui m’arrive est un petit peu fou. Cet hiver, j’ai eu du mal à réaliser que j’avais fait un tel exploit en devenant champion du monde Espoirs. Je suis passé professionnel, j’ai gagné tout de suite au Tour du Qatar, puis j’ai enchaîné avec d’autres courses, une Coupe de France à Cholet-Pays de Loire… Je me suis vraiment impressionné.
Vous présentez une belle histoire à la Thibaut Pinot, qu’en pensez-vous ?
Je ne sais pas si on peut vraiment nous comparer. Nous n’avons pas eu le même chemin, nous n’avons pas les mêmes caractéristiques. Nous avons tous les deux un destin tracé, on ne sait pas ce qui nous attend, mais pour l’instant on a de très belles surprises. On est jeunes et on se fait plaisir en découvrant notre métier. Ça marche bien et c’est parfait.
La course olympique ayant lieu samedi, vous n’irez pas à la cérémonie d’ouverture vendredi soir ?
Non, on va éviter de piétiner. C’est dommage car ça aurait pu être un événement vraiment magnifique à découvrir, mais la veille ça fait trop juste.
Que savez-vous du parcours ?
Je sais qu’il y a une partie en ligne avant d’arriver sur le circuit, où nous aurons à parcourir neuf tours d’une dizaine de kilomètres, avec une bosse de 2 kilomètres à 5 % sur de petites routes. Il va falloir passer ça neuf fois, ça va secouer un peu, comme sur les courses en Belgique. Un gars comme Sylvain Chavanel va pouvoir nous guider moi et Tony Gallopin. Nous ne serons vraiment que trois coureurs compétitifs, ce sera intéressant, à nous de faire du mieux possible dans un événement magique.
Vous serez quasiment livrés à vous-même, avez-vous déjà expérimenté de telles configurations de course ?
C’est vrai que ça va être un peu sauve-qui-peut, faute de pouvoir vraiment emmener quelque chose. On va devoir apprendre à courir comme ça, à trois, sans avoir jamais couru ensemble auparavant. Ça nous soudera peut-être. On verra aussi quelle sera la tactique de Laurent Jalabert. Mais on ne devra pas rester inactifs durant la course. On va bien respecter les consignes puis tâcher d’avoir les jambes pour réaliser.
Quelle roue prendrez-vous ?
Je sens bien un coureur comme Peter Sagan, qui est jeune aussi mais qui explose de talent. On l’a vu sur le Tour, où il s’est baladé. La bosse va parfaitement lui convenir, il ne va pas être épuisé à l’arrivée. Ce sera je pense un coureur très frais qu’il faudra surveiller. Nous avons eu des préparations différentes. Moi le Tour de Pologne me suffisait, mais lui n’avait pas l’air fatigué à l’arrivée de son premier Tour de France. Maintenant, ceux qui sortiront du Tour seront sans doute très forts mais manqueront peut-être de jus lorsqu’il faudra remettre une dent. A chacun sa préparation. Moi je me découvre encore, j’espère avoir fait le bon choix.
Après la course olympique samedi, profiterez-vous de Londres et des Jeux ?
Non, le retour avec l’équipe de France est prévu le dimanche après-midi. C’est vraiment un aller-retour, après je vais faire Paris-Corrèze les 1er et 2 août.
Propos recueillis à Rambouillet le 22 juillet 2012.