Arnaud, vous inscrivez Cholet-Pays de Loire à votre palmarès naissant, c’est grand, non ?
Ça a été une super journée. L’équipe a roulé toute la course, elle était vraiment très forte. J’étais même épaté et j’avais beaucoup de pression pour la fin de la course. Ça fait très plaisir que le groupe ait confiance en moi comme ça. C’est plutôt bon signe.

Comment vous êtes-vous retrouvé devant à 6 kilomètres de l’arrivée ?
Ça a été bizarre. Nous avons pris un rond-point et d’un coup j’ai entendu « vlam » derrière moi. Deux ou trois coureurs sont tombés mais le reste du peloton a semblé suivre. Nous avons continué sans rien changer mais lorsque je me suis retourné après 300 mètres, j’ai constaté que nous avions fait un trou. Le peloton était à 50 mètres. Pierrick Fédrigo et Mickaël Delage étaient avec moi devant. Je leur ai tout de suite dit qu’il fallait insister. Ça peut sembler un peu opportuniste que de profiter d’une occasion comme ça mais nous étions tout près de l’arrivée et nous avions fait un beau travail toute la journée. On a tout de suite mis en route avec Laurent Mangel et Adrien Petit, qui ont bien collaboré.

Du coup le peloton n’est jamais rentré, comment avez-vous géré ce sprint en tout petit comité à Cholet ?
Nous n’avons pas eu à discuter bien longtemps entre Pierrick, Mickaël et moi. J’étais le plus rapide de la FDJ-BigMat et on avait de toute façon prévu de rouler pour moi depuis le matin. J’ai donc saisi ma chance. Les gars ont super bien roulé pour moi, sans quoi ce serait revenu de l’arrière. Toute l’équipe, et ceci toute la journée, a énormément travaillé devant durant la course. Ils se sont tous dépouillés, et ça fait super plaisir. Même si ça génère aussi un peu de stress quand on sait que le groupe tout entier roule pour soi.

Le rôle de leader qui était le vôtre aujourd’hui, comment l’avez-vous tenu pendant la course ?
On pense à bien faire attention, à manger, à boire, à s’économiser au maximum. On a beaucoup de pression. Je n’ai que 20 ans, je suis nouveau dans l’équipe, et le groupe a déjà une confiance énorme en moi. Nous avons été la seule équipe à rouler devant toute la journée. J’étais placé dans les 10-15 premiers toute la course. C’est très stressant.

Que vous êtes-vous dit dans le final ?
A 3 kilomètres de l’arrivée, j’ai vu que le peloton était assez loin. Je me suis dit que si nous arrivions tous les cinq comme ça il ne fallait pas que je me loupe. Puis l’adrénaline est montée et quand on a lancé le sprint, c’était parti ! Quand Laurent Mangel a commencé à peiner, j’ai senti que je pouvais encore mettre le coup de rein et c’est passé.

Vous retrouver avec Adrien Petit dans le final d’une semi-classique comme Cholet-Pays de Loire, ça fait quel effet ?
Avec Adrien, on se connaît maintenant très bien. Il a malheureusement déchaussé dans le sprint et n’a pu jouer sa chance face à moi comme il l’aurait fallu. C’est dommage.

Passer la barre des 200 kilomètres de course, ça ne vous pose plus de problème ?
Ce n’est pas tant le kilométrage mais le parcours qui fait la différence. Celui de Cholet-Pays de Loire est usant, avec de rares replats. C’est ce qui a rendu la course un peu plus difficile. Je n’aime pas trop le froid non plus mais j’étais bien couvert.

Nous sommes à la mi-mars et vous comptez déjà quatre belles victoires à votre palmarès, quel sentiment ça vous donne ?
C’est formidable, je me surprends, c’est extraordinaire. J’ai à peine le temps d’apprécier entre deux courses car j’enchaîne le week-end d’après donc ça va vite pour réaliser ce qui m’arrive. C’est vraiment super. Dimanche prochain, je vais disputer ma première course WorldTour à Gand-Wevelgem. Ça va déjà être quelque chose de costaud. Ensuite je vais disputer les Trois Jours de La Panne avec peut-être Paris-Roubaix dans la foulée.

Propos recueillis à Cholet le 18 mars 2012.