Andy, vous avez tenté de semer Alberto Contador, mais finalement le Tourmalet ne vous a pas départagés, quel est votre sentiment ?
Nous sommes à égalité. C’était aujourd’hui la grande décision. Tout le monde attendait cette étape. Pour moi, c’était clair : il fallait tout donner pour essayer de lâcher Alberto Contador. J’ai accéléré, j’ai changé de rythme. Mais il a attaqué aussi pour montrer qu’il était là et qu’il était bien. A la fin, respect. Il n’a pas fait le sprint car j’avais fait toute la montée en tête. Je suis déjà super content de gagner cette étape au Tourmalet. Maintenant, le Tour se finit dimanche à Paris, et même si Alberto est plus fort que moi dans le chrono, rien n’est encore fini.
Vous avez porté de nombreuses accélérations mais ça n’a pas porté ses fruits ?
Je peux vous montrer les données de mon capteur de puissance, j’ai porté de nombreuses petites accélérations car je savais que c’était le seul moyen de lâcher Alberto Contador. Mais il était trop fort, je ne pouvais pas m’en débarrasser. Même à la fin, il a attaqué pour me montrer qu’il était là. J’ai donc profité du final et je suis super content d’avoir été chercher cette victoire d’étape.
Vous avez deux ans de moins que Contador, comment voyez-vous votre avenir ?
J’espère rester parmi les grands du cyclisme et j’espère qu’un jour je gagnerai le Tour, peut-être l’année prochaine ou l’année d’après. Et pourquoi pas dès cette année car rien n’est fini. Après, je ne me compare pas à Alberto, nous sommes deux individualités différentes.
Avec un peu de recul, ne regrettez-vous pas d’avoir manqué une occasion d’attaquer Alberto Contador lorsqu’il était moins bien il y a quelques jours ?
Peut-être. C’est vrai que sur ce Tour j’ai eu un peu de malchance mais j’ai aussi eu beaucoup de chance, comme à Spa quand je suis tombé. Là, dans ma tête, mon Tour était fini. Le soir à l’hôpital, ils ont fait des radios de mon bras. Pour moi le Tour pouvait se terminer là. Tout ce qui est venu après, finalement, ce n’est que du bonheur.
Vous aviez dit que le coureur en Jaune ce soir au Tourmalet serait probablement le vainqueur du Tour dimanche à Paris, quel est votre sentiment à présent ?
J’ai changé d’avis en franchissant la ligne ce soir. Il reste un contre-la-montre encore très important samedi et je vais donner mon maximum. On dit qu’un coureur qui a tout donné s’effondre après la ligne d’arrivée. Je vais faire en sorte de tomber de mon vélo après la ligne d’arrivée samedi car je vais donner le meilleur de moi-même. On disait d’Alberto qu’il était le meilleur grimpeur du monde mais j’ai fait jeu égal avec lui ces dernières semaines. Nous n’avons que 8 secondes d’avance, et jusqu’au bout j’y croirai.
Propos recueillis au Tourmalet le 22 juillet 2010.