André, c’est la première fois que vous organisez le Tour Med, quelle est la touche que vous avez apportée ?
C’est de repartir dans le Languedoc-Roussillon. Une de mes priorités était aussi de mettre un contre-la-montre individuel. J’ai discuté avec quelques directeurs sportifs qui m’ont dit que ce serait bien de rallonger les étapes du Tour Med. En me disant qu’en début de saison, ce serait moins nerveux si les étapes étaient un peu plus longues. C’était ma deuxième priorité. La troisième priorité, ça a été la sécurité. J’ai la chance de m’encadrer de la garde républicaine pour la course et au niveau de tout le service police et gendarme, il est clair qu’on axera tout sur la sécurité.
Le contre-la-montre sera très particulier…
Le chrono sort de l’ordinaire en partant du Cap d’Agde et en montant au sommet du Mont Saint-Clair. Il y a d’abord 22 kilomètres de plat en bord de mer avec le vent. On arrive à Sète et on monte le Mont Saint-Clair, 1,9 kilomètre d’ascension à 15 % de moyenne avec des poussées à 23 %. Les coureurs vont se creuser la tête pour choisir le vélo ou changer de vélo au pied. Il y aura beaucoup de choses à faire au niveau technique.
C’est presque un hommage d’une épreuve qui a failli disparaître à une épreuve disparue, le Midi Libre…
Oui je ne me suis pas creusé la tête avec ça (il rit). C’est surtout pour l’aspect sportif. Ça n’a jamais été fait. Je crois que ça va donner beaucoup de spectacle. C’est le parcours inverse du dernier Tour de France où ils sont arrivés au Cap d’Agde. Ici l’arrivée sera au sommet du Saint-Clair.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le parcours de l’édition 2013 qui a l’air très escarpé ?
La première étape de 150 kilomètres environ sera très difficile, suivie du contre-la-montre. La troisième étape nous emmènera à Saint-Rémy-de-Provence par les Alpilles et les Baux-de-Provence à monter trois fois. La quatrième étape arrivera au sommet du Mont Faron. Et la dernière étape sera très très longue. Plus de 190 kilomètres. Elle partira de Bandol, sur le port. On va monter la côte des Tuillières, le Tanneron. On arrivera à Grasse, où l’on fera un circuit de 18 kilomètres en passant par le village de Cabris, par la route Napoléon. C’est magnifique mais très pentu.
Dans quel état avez-vous retrouvé l’épreuve ?
Ce qui est arrivé à Lucien Aimar l’an dernier au niveau atmosphérique, l’absence du calendrier et tout un tas d’autres choses, est ce qu’il y a de pire pour un organisateur. Et surtout, j’ai beaucoup de respect pour quelqu’un qui a fait tente-neuf Tours Méditerranéens. J’ai la chance de faire le 40ème. Je vais m’appuyer sur tous les côtés positifs du passé et faire abstraction de quelques petites choses pour les années à venir. Lucien est quelqu’un que j’apprécie beaucoup pour son caractère. Je vois la difficulté d’organiser une épreuve d’une semaine. Il a eu le mérite de le faire pendant quarante ans. Rien que ça, ça mérite le respect. Je succède à quelqu’un qui a remporté le Tour de France. Il est évident que si demain j’ai un petit souci sur le plan purement sportif, je n’hésiterai pas à lui passer un coup de fil.
On murmure qu’Andy Schleck sera au départ, vous confirmez ?
Andy Schleck c’est sûr. J’ai vu Alain Gallopin, il m’a certifié qu’il sera le leader sur le Tour Med. J’ai également reçu BMC. L’équipe sera très costaude et construite autour de Thor Hushovd, mais j’espère jusqu’au dernier moment la présence de Philippe Gilbert. Il y aura Saxo Bank aussi. On ne m’a rien promis, mais pourquoi pas y voir son leader. J’ai encore l’espoir, je rêve de voir Contador. J’ai reçu dimanche l’engagement de Lotto-Belisol avec Greipel comme leader. C’est aussi un petit cadeau pour le Tour Med. Vacansoleil-DCM sera là aussi avec Romain Feillu. La cerise sur le gâteau, c’est la Lampre-Merida avec Petacchi. Si comme sprinteurs j’ai Thor Hushovd, André Greipel, Romain Feillu, Alessandro Pettachi et un ou deux autres, ça va faire un très beau plateau.
Attendez-vous d’autres équipes WorldTour ?
L’ex Rabobank sera présente avec une très grosse équipe et deux leaders. Ce sera pratiquement l’équipe première. Mais je n’ai pas les noms. Movistar sera là aussi. Valverde n’est pas prévu pour l’instant mais tout peut se passer. Garmin-Sharp également emmènera une belle équipe. Orica-GreenEdge aussi.
Les conditions climatiques de l’an dernier n’ont donc pas « refroidi » les équipes ?
Non, dans le sud, parole de Lucien Aimar, c’est arrivé une fois en 25 ans. J’espère que ça nous laissera tranquilles 25 ans de plus ! Il y a tout de même plus souvent du soleil que de la neige.
Comment parvenez-vous à vous distinguer des épreuves dans le Golfe Persique qui se déroulent au même moment ?
Pour avoir couvert la course pour mon métier, il est rare de voir des grimpeurs au Qatar. Ce sont de grandes routes, des autoroutes, donc plus pour les sprinteurs. C’est pour ça que Cavendish, Boonen et d’autres y vont chaque année. Le Tour d’Oman est un peu décalé. On peut très bien faire le Qatar et ne pas faire Oman, et vice-versa.
Propos recueillis le 27 novembre 2012.