Amaël, vous avez été l’équipier du Maillot Jaune du Tour de France. On imagine votre joie…
C’est une grande satisfaction car nous nous sommes tous dévoués à 100 % pour lui. La récompense est au bout avec la victoire au classement général du Tour de France. On sait tous que les huit équipiers présents à ses côtés ont contribué à sa victoire, donc nous sommes tous fiers de notre travail.
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez un champion comme lui ?
Sur le Tour de France, c’était sa sérénité, son calme et sa confiance. Autant vis-à-vis de son équipe que vis-à-vis de lui-même. Je pense que le fait qu’il se sente bien dans sa tête, sûr de lui, sûr de son équipe et de son staff lui a permis d’être au top sur les trois semaines du Tour.
N’avez-vous pas eu peur qu’il soit en forme trop tôt sur ce Tour de France ?
Non car sur le Tour on doit être en forme trois semaines. Il n’était pas en condition trop tôt, la preuve au Critérium du Dauphiné où il a dû puiser dans ses réserves. Il n’était pas au niveau des meilleurs, même s’il s’en est bien sorti avec une 2ème place. Nous n’avions vraiment pas peur, nous savions qu’il avait planifié d’être bien sur les trois semaines de juillet.
Et il l’a été d’emblée…
Dès le premier jour, il était là en terminant 2ème au Mont des Alouettes. Le lendemain au contre-la-montre par équipes c’est encore lui qui a agi en patron. Il a fini en très bonne forme. C’est la victoire de l’homme le plus complet du peloton. C’est aussi celui qui fait le plus de sacrifices, le coureur qui est le plus pro.
Vous côtoyez beaucoup de champions, qu’a-t-il de plus que les autres ?
Il a le talent, d’abord, mais sa minutie et son professionnalisme en font sans aucun doute un très grand champion. Aucun détail n’a été laissé au hasard, ni par lui-même ni par le staff. On l’a vu dans le contre-la-montre de Grenoble : il faisait la différence dans chaque virage en reprenant du temps sans pédaler ! J’avais l’impression de voir un pilote de moto sur son vélo. On avait peur pour lui mais il assurait et était sûr de lui. Au final c’est la victoire du coureur le plus complet et ça fait vraiment plaisir.
Quel était votre rôle sur ce Tour ?
En première semaine, je m’occupais de le protéger durant la première partie de l’étape, quand ce n’était pas trop nerveux. Je travaillais un petit peu dans le vent sur les 100 premiers kilomètres puis je passais le relais aux coureurs de classiques. Sur les étapes de montagne, c’était l’inverse. Les coureurs de classiques travaillaient au début, quand ce n’était pas trop dur, puis nous les grimpeurs prenions le relais.
Vous avez terminé 15ème du Tour de France il y a trois ans et vous voilà à présent au service du Maillot Jaune, ne ressentez-vous pas une certaine forme de frustration ?
Aucunement. Je suis dans l’équipe qui gagne le Tour. J’ai été là aux moments clés. J’ai fait ce qu’on attendait de moi. Il me fallait répondre présent à ces moments-là puis je finissais mes étapes plus tranquillement. C’est un job différent mais j’ai le sentiment de m’épanouir beaucoup plus dans cette tâche. Pour l’instant ça me va bien ainsi.
L’année prochaine, vous serez toujours chez BMC Racing Team ?
Bien sûr, je suis encore sous contrat avec l’équipe. Après, le calendrier, on a encore le temps d’y penser. J’ignore quels seront les objectifs de l’équipe l’année prochaine. Ni ceux de Cadel. Maintenant qu’il a gagné le Tour de France, je ne sais pas ce qu’il voudra en 2012. Ce sera à lui de décider ce qu’il attend encore de sa carrière sportive.
Et pour ce qui concerne la suite de votre saison ?
J’ai été exclusivement concentré sur le Tour. On va en reparler les prochains jours. Normalement ce sera la Clasica San Sebastian samedi prochain puis ce sera un petit break.
Propos recueillis à Paris le 24 juillet 2011.