Alejandro, quel est votre secret pour continuer à peser au plus haut niveau à presque 35 ans ?
Je n’ai pas de secret pour continuer à remporter des courses. Ma condition physique est tout simplement très bonne. A mon âge, il faut toujours garder la forme et surtout continuer à avoir envie de s’entraîner. Pour performer, il faut aussi aimer ce sport. L’ensemble de ces choses me permet de toujours figurer parmi les meilleurs. Ce n’est pas tellement un secret.
Comment avez-vous vécu les derniers kilomètres de la Flèche Wallonne ?
Avec la côte de Cherave, on est arrivés vite au Mur de Huy. Mes rivaux avaient moins l’envie d’attaquer. Dans le Mur, j’ai donc maintenu un bon rythme à l’avant du groupe pour pouvoir répondre aux éventuelles offensives. Quand j’ai vu que mes adversaires n’accéléraient pas, j’ai décidé de le faire moi-même. Je me suis ensuite rendu compte que j’allais m’imposer.
Comment expliquer toutes ces chutes qui perturbent généralement davantage les Flandriennes que les classiques ardennaises ?
Il y a eu en effet énormément de chutes dans le peloton. Je ne sais pas pourquoi mais la tension était très présente aujourd’hui, et ce dans les 130 derniers kilomètres. En plus, les coureurs qui sont tombés étaient souvent dans les trente premiers. A l’arrivée, j’ai un peu discuté avec Michael Albasini. On était d’accord pour dire que la course avait été assez dangereuse.
Qu’avez-vous appris sur la forme de vos adversaires en vue de Liège-Bastogne-Liège dimanche ?
Tout d’abord, ils sont en forme, aussi bien Purito Rodriguez, Michal Kwiatkowski que Vincenzo Nibali. On devra aussi voir quelle sera la météo pour dimanche. On annonce du mauvais temps. Avec ma victoire, mon équipe et moi allons pouvoir prendre le départ avec beaucoup de tranquillité. J’ai décroché la 2ème place à l’Amstel Gold Race et je remporte la Flèche Wallonne. Tout va pour le mieux. Je serai détendu. Ça ne peut que rendre le résultat meilleur.
Votre victoire à Huy est-elle une revanche sur l’Amstel Gold Race de dimanche denier ?
Non. Ce n’est pas une revanche. A l’Amstel, je me sentais très bien mais, comme ça arrive souvent, un autre coureur a décroché la victoire. Aujourd’hui, la course était différente. Je n’avais pas un esprit revanchard. Même si je m’étais imposé dimanche, je serais venu avec l’envie de gagner.
C’est la troisième fois, après 2006 et 2014, que vous vous imposez dans la Flèche Wallonne. Qu’est-ce que ça représente ?
Ce troisième succès dans la Flèche Wallonne est une grande joie pour moi. Le fait d’être à la hauteur d’Eddy Merckx au nombre de victoires l’est également. Je vais en tirer beaucoup de confiance pour toute la saison. Je sais que je suis toujours sur le bon chemin, même à 35 ans.
La troisième étape du Tour de France, Anvers-Huy, empruntera le final exact de la Flèche Wallonne. Qu’en avez-vous retenu ?
Je pense que l’étape sera un moment important du Tour de France avec l’ascension du Mur de Huy. La montée qui précède devrait aussi créer des écarts. Il faudra faire très attention. Je tenterai sûrement ma chance mais l’objectif premier sera d’épauler Nairo Quintana. Je vais essayer de l’aider à gagner le Tour. Le général sera plus important que l’étape.
La présence d’un jeune champion comme Nairo Quintana à vos côtés vous tire-t-elle vers le haut ?
Oui, assurément. Nous créons un beau duo. Nous nous soutenons l’un l’autre. Nous avons beaucoup de pression sur nos épaules. Mais je pense que nous allons récolter de bons résultats et créer du spectacle sur les courses à venir.
Propos recueillis par Pol Loncin à Huy le 22 avril 2015.