Alberto, vous avez fait du doublé Giro-Tour l’objectif très ambitieux de votre saison. Quelle différence faites-vous entre les deux épreuves ?
Je suis aussi motivé par le Giro que par le Tour. En fait, je donne la même importance aux deux épreuves qui forment un tout pour moi. Je n’ai pas envisagé réaliser plus tôt le doublé Giro-Tour car pendant longtemps le Tour de France a représenté ma seule motivation. Peut-être qu’aujourd’hui le Tour ne me motive plus à 100 %. Tenter le doublé Giro-Tour est quelque chose de nouveau et c’est une source de motivation supplémentaire. Mais je vais commencer par me concentrer pleinement sur le Giro, et ensuite j’aurai tout le temps de me concentrer sur ma récupération avant le Tour.
Votre chute sur le Tour de France l’été dernier vous a-t-elle changé ?
Elle ne m’a pas changé du tout, mais je peux dire qu’elle a eu une grande influence sur ma décision de disputer cette année le Giro et le Tour. Après ma chute je me suis rendu sur la Vuelta en étant loin de ma forme optimale. Et au final j’ai obtenu une grande victoire. Ça m’a donné confiance pour essayer de doubler Giro et Tour cette saison.
Qui craignez-vous le plus sur cette édition du Tour d’Italie ?
Au final, ce sont toujours les mêmes. Tout le monde les a déjà identifiés : Richie Porte, Rigoberto Uran et Fabio Aru. Je pense qu’ils sont tous au même niveau. Richie a été incroyable depuis le début de la saison, mais Uran et surtout Aru se sont spécifiquement préparés pour le Giro. Et ils seront encore plus forts ici qu’ils ne l’ont été sur les courses précédentes cette année. C’est pourquoi je mets ces trois coureurs-là sur un pied d’égalité.
Où vous attendez-vous à être attaqué ?
Je corrige, je pense que je devrais être celui qui attaquera le premier ! Même si en fin de compte c’est la course qui décide de la stratégie à adopter en fonction du classement général. Ma tactique sera d’attaquer ou de défendre selon la situation. Mais je pense que pour commencer je me devrai d’attaquer.
Parmi les particularités de ce Giro, il y a le long contre-la-montre de Valdobbiadene (59,4 km) et l’ascension du col semi-goudronné du Finestre. Comment les appréhendez-vous ?
Le contre-la-montre va être très dur. Après l’avoir reconnu, je pense qu’il faudra dépenser son énergie avec sagesse, car le parcours n’offre aucun temps mort, pas le moindre moment de récupération. Ce sera un jour crucial et très important dans ce Giro. Concernant le Finestre à vingt-quatre heures de Milan, deux choses peuvent arriver. Ou bien il s’agira d’une journée tranquille durant laquelle je n’aurai plus qu’à défendre ma position, ou bien il s’agira d’une journée décisive pour aller chercher la victoire. C’est un très beau col, très dur, et j’en garde de très bons souvenirs.
L’équipe Tinkoff-Saxo n’a pas réalisé les résultats escomptés en début de saison. Qu’attend Oleg Tinkov de vous sur le Giro ?
Au cours des neuf dernières années, à chaque fois que j’ai pris le départ d’un Grand Tour, ça a été pour prendre de nombreuses responsabilités et c’est ce qui me motive. Oleg Tinkov veut certainement que je gagne, mais je le veux tout autant que lui.
Si vous comparez votre équipe à celle de vos adversaires, qu’avez-vous à dire ?
Je peux facilement parler de mon équipe car je connais tout d’elle, en revanche je ne connais pas les autres équipes dans le détail. Nous avons trois coureurs de grande qualité et d’expérience pour la montagne avec Ivan Basso, Michael Rogers et Roman Kreuziger, deux coureurs polyvalents avec Ivan Rovny et Sergio Paulinho et trois pour les étapes de plaine avec Manuele Boaro, Chris Juul-Jensen et Matteo Tosatto. Je possède une grande équipe et j’en suis heureux. Certains soulignent l’absence de Jesus Hernandez, c’est vrai qu’il ne figure pas dans le groupe, mais il ne peut pas être toujours présent à mes côtés.
Vous êtes un coureur populaire en Italie. En quoi avez-vous changé depuis votre dernière participation au Giro en 2011 ?
Je n’ai pas tellement changé si ce n’est que j’ai davantage d’expérience et que j’ai été à même de tester plusieurs situations. Peut-être que ce qui a vraiment évolué, c’est ma condition physique, que j’estime meilleure aujourd’hui que par le passé. D’ores et déjà je veux remercier les tifosi. Tout le monde m’encourage et c’est toujours un plaisir d’être ici au Giro.
Propos recueillis le 8 mai 2015.