La foudre a frappé hier soir à Castiglione della Pescaia. Plus vite que le flash de l’appareil photo monté d’un téléobjectif dans lequel est venu taper le pauve Daniele Colli (Nippo-Vini Fantini), qui n’imaginait certainement pas pouvoir tordre son bras gauche aussi brutalement. Le malheureux estropié a été rapidement évacué, mais c’est un autre bras qui a bientôt suscité l’inquiétude. Celui d’Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), victime collatérale de ce gadin ravageur, figé le long de son corps, presque inerte, et incapable de s’en détacher pour enfiler le maillot rose protocolaire pour le plaisir d’objectifs autrement plus professionnels que celui du tifosi que l’Italie tout entière abomine ce matin. Le leader du classement général s’est fait mal. Pas de fracture mais une luxation de l’épaule gauche. Pas question pour autant de se retirer.
Le regard ténébreux d’Alberto Contador s’est adouci ce matin au départ de Grosseto, en Toscane, pour ce qui représente l’étape la plus longue du Giro 2015. Le garçon qui se présente en rose sur la ligne de départ n’a déjà plus rien à voir avec celui affiché à la Une de la Gazzetta dello Sport du matin, le bras en écharpe copieusement empaqueté. Pas un bandage, pas une trace de la blessure interne dont a été victime le Madrilène vingt-quatre heures plus tôt. Faut-il y voir un moindre mal ? Les observateurs ne se montreront pas aussi optimistes, scrutant avec minutie cette épaule gauche endolorie tout au long d’une journée qui s’annonce éprouvante par sa longueur, 264 kilomètres entre Grosseto et Fiuggi.
Alberto Contador est un dur au mal. Quelle que soit la souffrance avec laquelle il lui faut vraiment composer aujourd’hui – et les jours prochains –, le Maillot Rose espère avant tout passer la journée. Décidément ce Tour d’Italie est un feuilleton à rebondissements. Et dans ce long bout droit visant à rallier le Latium, bien après avoir dépassé Rome et sa métropole, on s’imagine volontiers de nouveaux épisodes, à commencer par un changement de leader au classement général. On le sait, jamais Alberto Contador n’a rendu à quiconque un maillot de leader d’un Grand Tour une fois s’en être emparé. Cette fois pourtant la route est longue, vraiment longue, jusqu’à Milan, et dans la perspective des jours à venir, on l’imagine assez bien donner du lest à une échappée matinale qui ira ravir les positions de tête du classement général.
Diego Ulissi a du punch. Et l’esprit de revanche.
Peut-être le coup aurait-il été jouable avec davantage de candidats à l’échappée-fleuve, mais à la sortie de Grosseto on ne trouve que quatre volontaires pour se porter à l’avant. Vingt-quatre heures après avoir mené déjà une très longue échappée, Marco Bandiera (Androni-Sidermec) reprend un billet pour la tête de course, où le rejoignent Nicola Boem (Bardiani-CSF), Pierpaolo De Negri (Nippo-Vini Fantini) et Nikolay Mihaylov (CCC Sprandi Polkowice). Certes, les quatre de tête gagnent du terrain, beaucoup de terrain, mais la route est si longue dans ce qui représente l’un des plus longs jours de course du calendrier, grandes classiques comprises, que les nombreuses minutes mises de côté par les hommes de tête n’ont que peu de crédit. Chacun roule à l’économie et le peloton ne tardera pas à engager la poursuite.
A 70 kilomètres de l’arrivée, soit au moment où l’on s’apprête à franchir la marque des 200 kilomètres pour aborder la partie de l’étape la plus vallonnée, l’équipe BMC vient relayer la formation Tinkoff-Saxo pour accélérer la cadence sans vraiment éliminer les sprinteurs. Son accélération condamne en tout cas l’entreprise des quatre fuyards. Marco Bandiera, Nicola Boem, Pierpaolo De Negri et Nikolay Mihaylov déposent les armes à 20 kilomètres de l’arrivée, soit après 240 kilomètres passés devant. Pour la postérité. Il ne se passera plus rien de notable dans cette étape finalement très insipide, le peloton rentrant dans Fiuggi groupé pour une explication au sprint… sans les purs sprinteurs qui ont sauté dans le final ascendant.
C’est une arrivée pour qui déborde de punch. Diego Ulissi (Lampre-Merida) en a. Il a aussi pour lui l’esprit de revanche un an après s’être fait contrôler positif au salbutamol à des doses deux fois supérieures à celles autorisées en cas d’usage de Ventoline, ce qu’il avait signifié aux contrôleurs. Suspendu neuf longs mois, il a conservé le soutien de sa formation, qui en a fait l’un de ses atouts sur ce Giro. A Fiuggi, Diego Ulissi est porté par cette hargne. Il franchit la ligne en tête dans un cri de délivrance, devançant Juan-José Lobato (Movistar Team) et Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) pour ajouter une quatrième victoire d’étape à son palmarès sur le Tour d’Italie. Alberto Contador, lui, franchit la ligne un peu plus loin, ayant pris soin de se relever dans les derniers hectomètres. Il enfilera bien ce soir le maillot rose de leader sur le podium !
Demain samedi, on saura réellement où en est Contador dans une huitième étape en montagne entre Fiuggi et Campitello Matese (186 km).
Classement 7ème étape :
1. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) les 264 km en 7h22’21 » (35,8 km/h)
2. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) m.t.
3. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Manuel Belletti (ITA, Southeast) m.t.
5. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
6. Sonny Colbrelli (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
7. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
8. Grega Bole (SLO, CCC Sprandi Polkowice) m.t.
9. Kévin Reza (FRA, FDJ) m.t.
10. Sergey Lagutin (RUS, Team Katusha) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 27h48’00 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 2 sec.
3. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 20 sec.
4. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) à 22 sec.
5. Dario Cataldo (ITA, Astana) à 28 sec.
6. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 37 sec.
7. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) à 56 sec.
8. Mikel Landa (ESP, Astana) à 1’01 »
9. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 1’15 »
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 1’18 »
Classement par points :
1. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 78 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 75 pt
3. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 60 pt
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
5. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 47 pt
6. Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 40 pt
7. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 40 pt
8. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) 37 pt
9. Manuel Belletti (ITA, Southeast) 36 pt
10. Matteo Pelucchi (ITA, IAM Cycling) 35 pt
Classement de la montagne :
1. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) 15 pt
2. Pavel Kochetkov (RUS, Team Katusha) 15 pt
3. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) 14 pt
4. Edoardo Zardini (ITA, Bardiani-CSF) 14 pt
5. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 12 pt
6. Sylvain Chavanel (FRA, IAM Cycling) 10 pt
7. Axel Domont (FRA, Ag2r La Mondiale) 7 pt
8. Fabio Aru (ITA, Astana) 6 pt
9. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) 6 pt
10. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 6 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 27h48’02 »
2. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 35 sec.
3. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 1’13 »
4. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 15’43 »
5. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 17’30 »
6. Tsgabu Grmay (ETH, Lampre-Merida) à 19’51 »
7. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 19’58 »
8. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 22’31 »
9. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 24’05 »
10. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 26’14 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 82h46’17 »
2. BMC Racing Team (USA) à 40 sec.
3. Team Sky (GBR) à 2’23 »
4. Movistar Team (ESP) à 5’11 »
5. Tinkoff-Saxo (RUS) à 5’50 »
6. Cannondale-Garmin (USA) à 15’54 »
7. Lotto-Soudal (BEL) à 25’42 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 30’42 »
9. Orica-GreenEdge (AUS) à 30’57 »
10. Bardiani-CSF (ITA) à 32’29 »