Le cyclisme du XXIème siècle est décidément bien compliqué à suivre. Pour certains coureurs, qui ne sont heureusement qu’une minorité, pour gagner des courses il ne suffit pas d’avoir de bonnes jambes et une hygiène de vie mais un bon médecin et un bon avocat. C’est le cas de Roberto Heras, dont le petit monde du vélo croyait s’être débarrassé pour de bon après son contrôle positif à l’EPO à l’issue du Tour d’Espagne 2005. A l’époque, le grimpeur de poche avait conquis la Vuelta pour la quatrième fois, un record absolu, avant qu’il ne soit rattrapé par ce fichu contrôle effectué après le contre-la-montre organisé à la veille de la conclusion finale à Madrid. Déchu de son titre au profit de son dauphin Denis Menchov, Heras avait écopé d’une suspension de deux ans, synonyme pour lui de fin de carrière, personne ne désirant ensuite l’engager.
On croyait donc en rester là mais les vieux dossiers sont toujours susceptibles de se rouvrir. A 37 ans aujourd’hui, Roberto Heras a saisi le Tribunal Supérieur de Castille-et-Leon, qui a rendu son verdict et décidé d’annuler les sanctions prises à l’égard de Roberto Heras il y a près de six ans. La justice espagnole a en effet relevé des irrégularités dans la procédure, notamment un vice de forme dans le transport et la conservation de l’échantillon B. Cela permet de justifier l’annulation de toutes les décisions prises dans ce dossier par la fédération espagnole après l’été 2005. En d’autres termes, Roberto Heras pourrait à présent réclamer des réparations et surtout la restitution de son titre de vainqueur du Tour d’Espagne 2005, qui ferait à nouveau de lui le recordman de victoires de l’épreuve après ses succès validés en 2000, 2003 et 2004. Bref, encore une fois, on est bien loin du sport dans toutes ces histoires…
Et l’affaire ne s’arrêtera pas là ! La fédération cycliste espagnole et le Conseil Supérieur des Sports entendent bien contester à leur tour le jugement du Tribunal Supérieur de Castille-et-Leon. Ils devraient interposer un pourvoi en cassation. En attendant Roberto Heras se frotte les mains et pourrait bien reconquérir la Vuelta 2005 six ans après son élimination. « On est enfin parvenu à démontrer des irrégularités dans la procédure par rapport à l’échantillon B, se réjouit-il dans des déclarations à l’agence EFE. On a prouvé que ça n’avait pas été légal. C’est une satisfaction personnelle et sportive. Théoriquement, ils vont devoir me rendre la victoire dans la Vuelta, bien qu’on doive s’attendre à un recours en appel de la fédération. Pour le reste, une fois que tu as fait tes deux ans de suspension, il est impossible de te les rendre. Ce qui m’a le plus blessé c’est la manière avec laquelle on a traité mon cas pour me suspendre. »