Chaque année avant d’aborder la Primavera, la question qui taraude l’esprit des suiveurs est de savoir qui des sprinteurs ou des attaquants triompheront à San Remo sur le Lungomare Italo Calvino. Tous les scénarios sont possibles sur la classique la plus longue du calendrier. Près de 300 kilomètres (298 exactement) distancent la Piazza Castello de Milan et cette avenue qui a remplacé la célèbre Via Roma depuis 2007. Les deux dernières éditions ont offert du beau spectacle, bien loin du scénario classique voulant que le peloton arrive groupé dans la dernière ligne droite. Depuis 2010 et la victoire au sprint d’Oscar Freire, c’est en comité réduit que l’on s’explique dans la cité balnéaire proche de la frontière française. Les Australiens en ont bien profité avec les victoires de Matthew Goss en 2011 et de Simon Gerrans l’an dernier.
Cette année encore, le parcours ne change pas d’un pouce. Le seul bouleversement de cette 104ème édition est le passage du samedi au dimanche, rendant l’enchaînement Tirreno-Adriatico-Milan-San Remo moins évident que par le passé. Comme ces dernières années donc, la course ne commencera réellement qu’après 200 kilomètres. Même si la première partie de course tracée dans la plaine du Pô pèsera dans les jambes, elle ne présente aucun relief, mis à part le Passo del Turchino. Mais cette ascension se rapproche plus du long faux plat que d’une réelle difficulté.
C’est en rejoignant le bord de mer en bas de la descente du Turchino et en longeant la côte ligure que le visage de la course va changer. Même s’il est placé à plus de 90 kilomètres de l’arrivée, Le Manie est devenu l’un des endroits stratégiques de la course. Les équipes qui n’ont aucune chance au sprint profitent de ces 5 kilomètres à près de 7% de moyenne pour mettre en difficultés les sprinteurs. Sa descente technique peut aussi faire la sélection si la pluie est au rendez-vous comme ce fut le cas en 2011. En revanche, si loin de l’arrivée, il n’y a aucune chance de voir l’un des favoris sortir de sa coquille à cet endroit de la course.
Pour cela, il faudra attendre les 25 derniers kilomètres. L’enchaînement des Capo Mele, Cervo et Berta servira là encore à user les hommes les plus rapides. Dans la Cipressa et plus encore dans le Poggio dont le sommet est situé à moins de 7 kilomètres de l’arrivée, les attaquants devront se dévoiler s’ils veulent déjouer les plans des sprinteurs. Les deux ascensions n’ont rien de terrible, ne dépassent pas les 5,5 kilomètres et les 4,5% de moyenne, mais après 6h30 de selle, la moindre difficulté pèse dans les jambes.
Si Milan-San Remo est le lieu du duel entre sprinteurs et puncheurs, le grand favori fait partie des deux castes à la fois. Peter Sagan (Cannondale) a montré sur Tirreno-Adriatico toute l’étendue de sa palette. À la fois vainqueur au sprint devant Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step) et André Greipel (Lotto-Belisol) le vendredi et l’un des plus à l’aise sur les rampes à 27% du mur de Sant’Elpidio a Mare lundi. Vainqueur à chaque fois sur deux terrains différents, le Slovaque s’est offert deux nouveaux bouquets en même temps qu’une énorme pancarte dans le dos. À même pas 24 ans et sans avoir remporté de grandes classiques pour le moment, Sagan sera incontestablement l’homme à battre dimanche. S’il est trop marqué, Cannondale pourrait jouer la carte de Moreno Moser, comme elle l’a fait lors des Strade Bianche.
L’équipe italienne aura la majeure partie du poids de la course sur les épaules et les adversaires ne manqueront pas pour le maillot vert du dernier Tour de France. S’ils ont été battus à Narni Scalo, Cavendish et Greipel restent les plus dangereux adversaires du Slovaque en cas de sprint massif. Daniele Bennati (Team Saxo-Tinkoff), Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), Francesco Chicchi (Vini Fantini-Selle Italia) , Gerald Ciolek (MTN-Qhubeka), John Degenkolb (Argos-Shimano), Tyler Farrar (Garmin-Sharp), Matthew Goss (Orica-GreenEdge) , Andrea Guardini (Astana), Heinrich Haussler (IAM Cycling), Thor Hushovd (BMC Racing Team) ou le vétéran Alessandro Petacchi (Lampre-Merida) auront également leur mot à dire en cas d’arrivée au sprint.
Une arrivée groupée que doivent à tout prix éviter Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard), Simon Gerrans (Orica-GreenEdge), Philippe Gilbert (BMC Racing Team), Vincenzo Nibali (Astana) et Filippo Pozzato (Lampre-Merida). Ceux-là devront passer la cabine téléphonique au sommet du Poggio avec un avantage maximal pour espérer résister au retour du pack. Une liste à laquelle on pourrait rajouter Yoann Offredo (FDJ) brillant lors de ses deux dernières participations en 2010 et 2011. Marc Madiot pourra même jouer sur deux plans avec la présence d’Arnaud Démare. De son côté, Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step) devra sans doute se cantonner à un rôle d’équipier de luxe pour Mark Cavendish et Tom Boonen. Europcar ayant bénéficié d’une invitation de la part de RCS, Thomas Voeckler pourrait confirmer qu’il est devenu un des grands acteurs des plus grands monuments et tenter de devenir le successeur de Laurent Jalabert, dernier vainqueur français il y a 18 ans.
Les 10 derniers vainqueurs :
2012 : Simon Gerrans (AUS, Orica-GrennEdge)
2011 : Matthew Goss (AUS, HTC-Highroad)
2010 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2009 : Mark Cavendish (GBR, Team Columbia-HTC)
2008 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)
2007 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2006 : Filippo Pozzato (ITA, Quick Step-Innergetic)
2005 : Alessandro Petacchi (ITA, Team Milram)
2004 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2003 : Paolo Bettini (ITA, Quick Step-Davitamon)
La liste des engagés :
Orica-GreenEdge (AUS)
1. Simon Gerrans (AUS) Ag2r La Mondiale (FRA) 11. Davide Appollonio (ITA) Androni Giocattoli (VEN) 21. Franco Pellizotti (ITA) Astana (KAZ) 31. Vincenzo Nibali (ITA) Bardiani Valvole-CSF Inox (ITA) 41. Sacha Modolo (ITA) Blanco (PBS) 51. Mark Renshaw (AUS) BMC Racing Team (USA) 61. Philippe Gilbert (BEL) Cannondale (ITA) 71. Peter Sagan (SVQ) Euskaltel-Euskadi (ESP) 81. Gorka Izagirre (ESP) |
FDJ (FRA)
91. William Bonnet (FRA) Garmin Sharp (USA) 101. Tyler Farrar (USA) IAM Cycling (SUI) 111. Marco Bandiera (ITA) Team Katusha (RUS) 121. Luca Paolini (ITA) Lampre-Merida (ITA) 131. Filippo Pozzato (ITA) Lotto-Belisol (BEL) 141. Andre Greipel (ALL) Movistar Team (ESP) 151. Giovanni Visconti (ITA) MTN-Qhubeka (AFS) 161. Gerald Ciolek (ALL) Omega Pharma-Quick Step (BEL) 171. Mark Cavendish (GBR) |
RadioShack-Leopard (LUX)
181. Fabian Cancellara (SUI) Team Sky (GBR) 191. Edvald Boasson-Hagen (NOR) Argos-Shimano (PBS) 201. John Degenkolb (ALL) Team Europcar (FRA) 211. Thomas Voeckler (FRA) Team Saxo-Tinkoff (DAN) 221. Daniele Bennati (ITA) Vacansoleil-DCM (PBS) 231. Juan-Antonio Flecha (ESP) Vini Fantini-Selle Italia (ITA) 241. Francesco Chicchi (ITA) |