Bonjour Guillaume. Tout d’abord, après les années d’expérience que tu as, est-ce que tu changes encore des choses à l’intersaison ?
Oui, je pense que ce serait une erreur de ne rien changer car on peut toujours s’améliorer. Dans les dernières années, les entraînements et la technologie ont tellement évolué qu’on repousse toujours les limites. On le voit bien dans les courses, ça va toujours plus vite et il faut être ouvert au changement.
Pour préparer la saison 2019, tu as changé quoi en particulier ?
Physiquement, il est vrai que d’année en année on se connait mieux, on découvre de plus en plus notre corps, comment il répond etc … On change pas du tout au tout mais on peaufine, par exemple on modifie le timing pour arriver sur un pic de forme. Ce ne sont pas des gros changements mais on fait des petites modifications au niveau de l’entrainement.
Comment tu juges ta saison 2018 ?
C’était une bonne saison. Après le Giro je me suis cassé le tibia donc j’ai été 3 mois sans pouvoir rouler et je suis revenu vraiment fort sur la fin de saison et j’avais l’impression que sur chacune des courses j’étais là pour jouer la gagne donc c’était vraiment pas mal. Ça donne un bon moral pour le début de saison à venir et l’année prochaine avec des bons objectifs en ciblant quelques courses à vraiment aller chercher.
Tu es dans une équipe Israélienne et le grand départ du Giro avait lieu d’Israël, quelle image gardes-tu de ce Giro 2018 ?
C’était magnifique, l’atmosphère était superbe. Moi j’avais toute ma famille qui est venue et j’ai vraiment pris plaisir à passer trois-quatre jours là-bas. C’était un Giro très difficile. Il correspondait à mon 3ème grand tour et c’est un tour qui s’est couru à bloc du début à la fin donc c’était une belle expérience !
Justement, par rapport à toutes les équipes que tu as connues avant, qu’est-ce qu’Israël Cycling Academy à de différent ?
Je pense que c’est très famillial, l’atmosphère est vraiment incroyable, on a un staff qui est l’un des meilleurs que j’ai eu dans ma vie, ils veulent vraiment nous accompagner et qu’on réussisse donc ça créée une atmosphère positive. Et ce qui est bien c’est de voir que l’équipe progresse d’année en année. Pour nous les coureurs c’est vraiment bien.
Guillaume Boivin en Interview | © Vélo 101
Il y a 18 nationalités dans l’équipe, toi tu joues un rôle, entre autres, de père de famille ?
Non, je n’y pense pas trop. Je suis qui je suis et puis ce qui m’aide c’est que je parle 3 langues et je peux mélanger tous les groupes. Ça aide juste à créer moins de groupes et à vraiment mélanger tout le monde du coup on peut tous se découvrir à travers nos façons de penser.
Malgré ça, tu restes quand même plus proche des coureurs francophones grâce à la langue ?
Oui, bien sûr j’ai pu discuter avec Clément Carisey par exemple mais je reste à l’aise ailleurs et ça ne me gêne pas, je prends comme ça vient et ne me limite pas à la langue.
Ton programme 2019 vas passer principalement par quelles courses ?
Je vais faire un gros stage d’entrainement en Arizona au mois de janvier pour commencer, ensuite j’irais peut-être à Mallorque ou à la Provence. C’est des courses où ça roule vraiment fort et avec pas mal de vent donc c’est idéal pour préparer les classiques et y arriver en bonne forme et avec une bonne patte.
Guillaume Boivin au Giro | © Canadian Cyclist
Il y a aussi l’ambition d’être sur le Tour en 2020 donc l’idée c’est d’aller chercher tous les points et il va falloir se bagarrer très vite. Ça met une pression particulière ?
Oui, ça met une pression mais après on est une belle équipe pour pouvoir atteindre cet objectif et puis c’est fun avec le nouveau classement, les nouvelles règles. C’est à nous de tout donner et c’est mieux si on peut aller chercher notre place sans passer par une WildCard. C’est peut-être une pression mais c’est une satisfaction également.
Aujourd’hui à 29 ans, tu as en tête de continuer le vélo en tant que pro jusqu’à quel âge ?
C’est compliqué à dire, là je suis dans les belles années j’ai déjà senti l’an passé qu’avec la maturité je peux déjà plus performer sur les grandes courses donc je pense que j’ai encore 4 années au top de ma forme mais je ne me mets pas de date d’arrêt. C’est plus le fait de vouloir retrouver plus souvent ma femme qui habite au Canada qui pourra jouer.
Par rapport aux sprinters, tu dirais que tu es à quelle maturité ? Tu as encore le sentiment que tu progresses ?
Jusque-là j’ai toujours conservé ce sentiment d’année en année quand je marchais vraiment bien, je pouvais me retrouver à l’avant sur de belles courses. J’espère qu’il y a encore quelques pourcentages à aller chercher. Rien de bien majeur mais tout se joue à 1 ou 2 % pour faire la différence. Donc j’espère avoir encore un peu de marge mais je pense que c’est vraiment les plus belles années de ma carrière, là où je prends le plus de plaisir.
Parmi les épreuves qu’organise ASO en début de saison, quelle est la course que tu aimerais courir ?
C’est sûr que je préfèrerais une classique comme Paris-Roubaix. La flèche Wallonne c’est plus pour aller placer un mec au pied du mur de Huy. J’espère vraiment qu’on pourra avoir quelques invitations sur des courses d’un jour de ce type. On l’a vu l’année dernière sur Paris-Nice, quelques échappées sont allées au bout, et ça peut nous convenir. Ce sont des courses où il faut être guerrier. Mais pour moi, Paris-Roubaix reste la plus belle course de l’année et pourquoi pas y participer une deuxième fois.
Au Canada, comment se porte le cyclisme ?
Tout d’abord, aux derniers championnats du Monde, nous avons fini 4èmes au classement des nations. Nous signons quelques podiums et Top10 dans diverses catégories. Ça reprend de l’allure quand même. Après, je vois que dans les années de l’équipe SpiderTech, on avait la chance de pouvoir évoluer à travers une équipe pro. Pour moi, pour vraiment avoir des performances au sein d’un pays, une équipe professionnelle est primordiale tant pour les résultats que pour faire rêver les jeunes parce que c’est un peu le même principe qu’Israël Cycling Academy avec un projet à long terme parce que si les jeunes ne rêvent pas et voient que c’est inatteignable, ils ne vont pas se lancer dans le vélo.
Guillaume Boivin en course | © Israël Cycling Academy
L’équipe ICA, tous les ans et c’est encore prévu l’année prochaine va faire un stage en Israël pour être auprès des jeunes. C’est une étape marquante dans ta saison en général ?
Oui, c’est toujours une belle expérience. J’y suis déjà allé quelques fois. C’est toujours un bon moment, les écoles de cyclisme qui mettent ça en place veulent vraiment développer celà, ce n’est pas juste du show pour la publicité. C’est vraiment pour développer le vélo dans leur pays. Après pour moi, peu importe le pays, si je peux transmettre ma passion à des jeunes, c’est le principal.