La carrière d’un cycliste ne tient bien souvent qu’à un fil. Plus un coureur est habitué à tutoyer les sommets, plus la chute est brutale quand un grain de sable vient enrayer la belle mécanique. Parlez-en aux frères Schleck. En un an, les deux frangins sont passés de la lumière à l’ombre. Juillet 2011, les voilà sur le podium de la Grande Boucle. Juillet 2012, Andy, le bassin en vrac, doit renoncer au Tour pendant que son frère doit le quitter en cours de route, la faute à un contrôle positif à un diurétique. Dix-huit mois après, les deux frères sont de retour dans la même équipe, mais jouent désormais les seconds rôles. La présentation de l’équipe Trek Factory Racing à Roubaix a bien montré que le chef de la nouvelle maison se nommait désormais Fabian Cancellara. La fratrie soulevant davantage d’interrogations qu’elle n’apporte de garanties.
Dans la famille, c’est bien l’aîné vers qui les questions se posent, mais c’est également lui qui s’est montré le plus rassurant en conférence de presse vendredi dernier pendant que le timide Andy s’est montré relativement vague. « Je suis en forme, affirme d’emblée Frank Schleck. J’ai su entretenir la passion. J’adore être sur mon vélo. J’adore le cyclisme. J’ai donc continué à m’entraîner pendant ma suspension. Nous avons pu établir que l’UCI et l’AMA ne considéraient pas mon affaire comme un cas de dopage. J’avais hâte de retrouver les gars aux camps d’entraînement. Je pense que tout va bien se passer même si ce sera peut-être étrange durant les premiers jours. Dès que je serai sur la route je veux montrer que je ne suis pas fini. C’est la raison pour laquelle j’ai hâte d’entamer cette saison. »
Le discours volontaire, énergique et revanchard de Frank tranche avec celui plus timoré de son frère. Conscient de ses lacunes, Andy sait que travailler l’exercice du contre-la-montre est un passage obligé pour faire partie des favoris du Tour de France. Le problème c’est qu’il ne paraît plus être en mesure de rivaliser avec Chris Froome, même en montagne. « Je pense que le parcours du Tour cette année nous convient bien, pour nous les grimpeurs, estime le plus jeune frère. Mais il faudra aussi compter sur Alberto Contador, sur Joaquim Rodriguez et sur beaucoup d’autres. Chris Froome était très fort l’an dernier, et en 2012. Mais il y a d’autres coureurs qui doivent nous inquiéter. Nous ne savons pas dans quel état de forme seront les autres en juillet. Et nous ne savons pas non plus dans quelle condition nous serons et quelles seront nos faiblesses. »
Si le Tour reste un objectif majeur, les frères Schleck ne bouleverseront pas outre mesure leur programme habituel. Le premier pic de forme sera pour avril et les Ardennaises. Le chemin pour être performants sur les routes wallonnes passe par l’Australie. Frank participera au Tour Down Under, mais le reste de leur programme n’est pas défini. « La seconde partie de saison sera focalisée sur le Tour de France, mais c’est déjà loin, confirme Frank Schleck. Il faudra ensuite voir pour éventuellement se focaliser sur les Championnats du Monde et le Tour de Lombardie en fin de saison. » À ce moment, les deux frangins espèrent qu’ils auront retrouvé les sommets. Ceux-là mêmes qui ne semblent plus à leur portée depuis ce mois de juillet 2011 lorsqu’ils montaient tous les deux sur le podium de la Grande Boucle.