Sur la crête du Monte Berico, le monticule qui domine le sud-ouest de Vicence et en haut duquel s’élève le sanctuaire dédié à la Madone le plus visité au monde, on voit se détacher le majestueux panorama des Préalpes. Les hautes cimes, à l’assaut desquelles se lanceront dimanche les coureurs du Giro, ne sont plus très loin. Dissimulées pour l’heure sous une épaisse couche de nuages humides dont le peloton ne sera pas parvenu à se détacher dans sa procession vers la basilique vénitienne, au départ ce matin d’Imola pour une nouvelle journée de mise à l’épreuve de 190 kilomètres. Une fois encore, il était dit que cette douzième étape n’offrirait aucun répit aux leaders du classement général, sollicités d’un bout à l’autre d’une journée pluvieuse très éprouvante avec sa succession de belles difficultés dans le dernier tiers de course.
En d’autres temps, c’eut été l’étape parfaite pour mener une échappée au long cours. Mais le Tour d’Italie n’est plus si prévisible que ça. De fait, c’est un ballet d’attaquants qui va se succéder toute la journée, se relayant à l’avant de la course, chacun réalisant son tronçon en tête. Parvenus à s’échapper au terme d’une première heure courue à toute berzingue (52,2 de moyenne), Davide Appollonio (Androni-Sidermec), Enrico Barbin (Bariani-CSF), Kenny Elissonde (FDJ), Patrick Gretsch (Ag2r La Mondiale) et Nick Van Der Lijke (Team LottoNL-Jumbo) occupent d’abord les avant-postes sur le long morceau de plaine. Avant de buter au pied du premier obstacle, celui de Castelnuovo (5,4 km à 5 %), à 60 kilomètres de l’arrivée.
Dans les montées très exigeantes du tiers final de l’étape, on voit alors le jeune Louis Vervaeke (Lotto-Soudal) sortir seul dans Castelnuovo pour prendre son tour de garde jusqu’à Crosara (3,7 km à 9 %) à 30 kilomètres du but, le porteur du maillot bleu de meilleur grimpeur Beñat Intxausti (Movistar Team) le remplacer sur les hauteurs de Crosara avant que le deuxième Français du classement général – 19ème derrière Amaël Moinard – Alexandre Geniez (FDJ) n’aille jouer les acrobates sur le versant descendant et particulièrement technique sur une route détrempée qui l’aura ramené à la raison après plusieurs sorties de route. Et pour finir Franco Pellizotti (Androni-Sidermec), auteur d’un démarrage à 15 kilomètres du but, juste avant d’attaquer Perarolo (2,9 km à 6,7 %), dernier obstacle avant l’entrée dans Vicence.
Contador prend les bonifications, Aru coince dans les derniers hectomètres.
Mais il reste encore à se hisser sur le Monte Berico (1150 mètres à 7,1 %) tandis que la pluie redouble d’intensité, et Tanel Kangert, estimant son leader Fabio Aru suffisamment entouré d’Astana à bord d’un peloton réduit, se met en tête à 8 kilomètres de l’arrivée de boucher seul les 10 secondes qui le séparent de Pellizotti. Ce sont les deux hommes qui abordent les premiers les rampes de Vicence mais le peloton est déjà sur leurs talons, propulsé par une robuste formation BMC Racing Team en faveur de Philippe Gilbert, qui s’était senti trop limite hier pour demander à ses coéquipiers d’insister à la poursuite des échappés. Cette fois, la jonction est opérée dans les derniers mètres. L’ancien champion du monde n’aura plus qu’à remplir sa mission en allant chercher la victoire d’étape avec une détermination convaincante.
C’est le coureur qui se présente quelques longueurs plus loin pour la 2ème place qui retient cependant l’attention. Le Maillot Rose Alberto Contador (Tinkoff-Saxo). Comme il l’avait fait hier, l’Espagnol s’est d’abord permis une brève accélération sur les hauteurs de Crosara à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Pas de quoi emballer la course mais largement de quoi observer l’attitude de ses adversaires, au premier rang desquels un Fabio Aru (Astana) bien frêle. Son dauphin au classement général, toujours pointé ce matin à 3 secondes, n’est pas directement dans la roue du Maillot Rose. Le Sarde a admis hier avoir eu du mal à encaisser le changement de météo, il semble marquer le pas en cette deuxième semaine de course. S’il bénéficiera du soutien infaillible de ses équipiers pour rallier Vicence au contact des favoris du Giro, Fabio Aru va reculer dans l’explosive ascension du Monte Berico, cédant de précieuses secondes.
Sous les trombes d’eau, le jeune grimpeur coince dans les derniers hectomètres de l’étape alors que le maigre peloton se déchire en s’arrachant à la pente. Le nombre de ses équipiers encore à ses côtés à cet instant de la course ne lui est plus d’aucune utilité. A Vicence, Fabio Aru rejoint la ligne en fin de peloton, 26ème, cédant 8 secondes à Alberto Contador en l’espace de quelques hectomètres. 14 secondes en définitive puisque le Maillot Rose, en prenant la 2ème place, s’accorde 6 secondes de bonification en plus. Ajoutées aux 3 secondes qui séparaient les deux hommes ce matin à Imola, Fabio Aru pointe ce soir à 17 secondes d’Alberto Contador. Soit l’écart le plus conséquent enregistré entre les deux hommes depuis le Grand Départ du Giro il y aura bientôt deux semaines.
Demain vendredi, les sprinteurs devraient avoir l’avantage du terrain entre Montecchio Maggiore et Jesolo (147 km).
Classement 12ème étape :
1. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) les 190 km en 4h22’50 » (43,3 km/h)
2. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 3 sec.
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
4. Simon Geschke (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
5. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
6. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) m.t.
7. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) à 6 sec.
8. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Jurgen Van Den Broeck (ITA, Lotto-Soudal) m.t.
10. Mikel Landa (ESP, Astana) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 51h17’06 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 17 sec.
3. Mikel Landa (ESP, Astana) à 55 sec.
4. Dario Cataldo (ITA, Astana) à 1’30 »
5. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) à 1’55 »
6. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 2’19 »
7. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) à 2’21 »
8. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 2’29 »
9. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 2’38 »
10. Leopold Konig (TCH, Team Sky) à 2’44 »
Classement par points :
1. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 105 pt
2. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 89 pt
3. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 85 pt
4. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 81 pt
5. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 75 pt
6. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 73 pt
7. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 60 pt
8. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 55 pt
9. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 49 pt
10. Alessandro Malaguti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 47 pt
Classement de la montagne :
1. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 61 pt
2. Simon Geschke (ALL, Giant-Alpecin) 53 pt
3. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 46 pt
4. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 43 pt
5. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 23 pt
6. Mikel Landa (ESP, Astana) 19 pt
7. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) 15 pt
8. Pavel Kochetkov (RUS, Team Katusha) 15 pt
9. Tom-Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) 15 pt
10. Fabio Aru (ITA, Astana) 15 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 51h17’23 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 2’53 »
3. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 40’52 »
4. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 46’48 »
5. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 58’07 »
6. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 59’33 »
7. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) à 1h04’02 »
8. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 1h06’31 »
9. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 1h08’26 »
10. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 1h14’47 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 153h12’52 »
2. BMC Racing Team (USA) à 6’14 »
3. Team Sky (GBR) à 6’39 »
4. Movistar Team (ESP) à 7’14 »
5. Cannondale-Garmin (USA) à 28’56 »
6. Tinkoff-Saxo (RUS) à 30’33 »
7. Team Katusha (RUS) à 1h06’49 »
8. Lotto-Soudal (BEL) à 1h09’31 »
9. FDJ (FRA) à 1h46’37 »
10. Lampre-Merida (ITA) à 1h50’06 »