On a souvent tendance à placer les Grands Prix de Québec et de Montréal dans le même panier. Mais à y regarder de plus près, les deux courses ont chacune leurs spécificités. Ce qui fait la difficulté du GP de Québec, ce n’est pas tant les côtes de la Montagne (375 mètres à 10 %), de la Potasse (420 mètres à 9 %) et la montée de la Fabrique (190 mètres à 7 %) avant le faux-plat final de la Grande Allée (1 kilomètre à 4 %), toutes situées dans le dernier tiers du tracé, c’est avant tout leur répétition. C’est donc une course à l’usure, une sélection par l’arrière qui permet généralement de faire la décision sur l’épreuve du vendredi, là où les costauds font la décision eux-mêmes le dimanche sur un circuit nettement plus classique. Cette édition n’y échappera pas puisqu’un peloton conséquent est encore en lice pour la gagne sous la flamme rouge.
Bien évidemment, les onze tours du circuit de 18,1 kilomètres pèseront dans les jambes, mais au final, c’est dans les deux derniers tours que tout se jouera. Le public canadien aura pourtant l’occasion de faire la connaissance de Yukiya Arashiro (Team Europcar), Moreno Moser (Cannondale) pourtant 2ème à Montréal en 2012, Jan Polanc (Lampre-Merida) et Denis Van Winden (Belkin). L’avance des quatre hommes culmine à 10 minutes. Une broutille quand le peloton se décide à faire la course après avoir passé quelques tours en repérage. L’écart tombe rapidement et après 140 kilomètres de course, les fuyards matinaux sont logiquement repris. La course peut alors commencer.
Sur un circuit aussi usant, les premières offensives ne tardent pas à arriver, et les Europcar, déjà présents dans l’échappée matinale, vont dynamiter la course. Perrig Quémeneur et le local Antoine Duchesne tentent leur chance, mais c’est Kevin Reza qui sera à l’origine d’un coup qui aurait bien pu être décisif à deux tours de l’arrivée. Dans le faux-plat de la Grande Allée, le Francilien provoque la formation d’un petit groupe de quatre. D’autres petits groupes se sont formés et ils sont quinze au final à mettre en danger les intérêts des principaux favoris. De sérieux outsiders sont présents, mais plusieurs torts empêcheront ceux-là d’aller au bout : celui d’être trop nombreux d’abord, et celui de manquer de représentants de certaines grosses formations. FDJ.fr, Lotto-Belisol, mais aussi Katusha mènent la chasse.
Les quinze hommes de tête ont beau couper la ligne pour la dernière fois avec une petite trentaine de secondes d’avance, ils ne parviennent pas à s’entendre pour lutter efficacement face au peloton. Le paquet reprend donc logiquement les fuyards à 6,5 kilomètres de l’arrivée. Les difficultés du circuit ne sont pas encore passées et tout est encore à faire. Jelle Vanendert (Lotto-Belisol) relance les débats dans l’avant-dernier raidard pour aborder le faux-plat final en tête en compagnie de Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) et Matteo Trentin (Omega Pharma-Quick Step), mais le peloton encore conséquent malgré la succession des difficultés est déjà sur leurs talons. Ce sprint qui mettra aux prises une trentaine d’éléments ne sera pas vraiment classique et marqué par la chute d’Arthur Vichot (FDJ.fr) qui se plaint de l’épaule.
Jusqu’à 50 mètres de la ligne, on pense encore que Tom Dumoulin (Giant-Shimano), qui a repris les trois hommes dans le dernier faux-plat, est en passe de se venger d’un Tour d’Alberta perdu sur le fil la semaine dernière et proche d’un succès sur une classique WorldTour. Mais le Néerlandais n’a pas l’expérience des classiques de son côté. En revanche, Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) possède ce petit plus sur une course d’un jour qui lui a déjà permis de remporter Milan-San Remo et Liège-Bastogne-Liège. L’Australien comble mètre après mètre son retard sur le rouleur néerlandais pour finalement lui griller la politesse dans les cinquante derniers mètres. Cette victoire lui permet d’être le premier à doubler la mise sur le GP de Québec dont c’était la cinquième édition.
Classement :
1. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge)
2. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano)
3. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp)
4. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge)
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team)
6. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step)
7. Sep Vanmarcke (BEL, Belkin)
8. Enrico Gasparotto (ITA, Astana)
9. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol)
10. Bauke Mollema (PBS, Belkin)