Placés à 48 heures d’intervalle, les Grands Prix de Québec et de Montréal réussissent généralement aux mêmes coureurs. Du moins ce sont souvent les mêmes qui s’illustrent à défaut, jusqu’à aujourd’hui, d’avoir les mêmes vainqueurs le vendredi et le dimanche. Les deux courses ont chacune leur spécificité et c’est un circuit plus difficile que l’usant et exigeant tracé de Québec qui attend le peloton qui a opté pour le Canada au mois de septembre. Les côtes de Camillien Houde (1,8 km à 8 %) et de la Polytechnique  (780 mètres à 6 %) s’enchaînent régulièrement sur un circuit relativement court de seulement 12,1 kilomètres tracé autour de l’Université de Montréal. Souvent tactique et propice aux nombreuses offensives, la seconde classique canadienne n’aura jamais été aussi peu animée et aussi attentiste.

Quatre coureurs vont pourtant rapidement mettre le feu aux poudres. On s’attend à ce qu’Arnold Jeannesson (FDJ.fr), Jan Polanc (Lampre-Merida), Ryan Roth (Canada) et Louis Vervaeke (Lotto-Belisol) s’écartent rapidement une fois la course lancée, comme le veut la coutume sur ce genre de courses en circuit. Mais l’avance maximale, supérieure à 10 minutes qu’ils possèdent laisse à penser que leur périple à l’avant durera plus longtemps que prévu. Le peloton tarde à réagir et c’est l’équipe Astana qui sonne la poursuite derrière quatre fuyards que l’on ne pensait pas aussi coriaces.

Chacun des coureurs possède de solides aptitudes et Arnold Jeannesson et Ryan Roth ont l’expérience de leur côté. Pourtant, à trois tours de l’arrivée, les deux hommes ne peuvent plus suivre le rythme des deux jeunes talents. Jan Polanc, déjà à l’attaque vendredi, et ancien vainqueur du Tour de Lombardie amateur, et Louis Vervaeke, vainqueur de la Ronde de l’Isard et du Tour des Pays de Savoie cette année, n’ont que 22 et 20 ans, mais n’ont pas froid aux yeux ! Les deux hommes continuent leur bout de chemin alors que le peloton a accéléré le rythme. Professionnel depuis le mois d’août, le Belge laisse filer le Slovène dans l’avant-dernière ascension de la côte de Camillien Houde. Jan Polanc est quant à lui repris dans la dernière escalade de la principale difficulté du parcours québécois.

Le jeune homme de 22 ans n’apprécie sans doute pas que ce soient ses coéquipiers en personne qui l’avalent à 10 kilomètres du but ! Lampre-Merida tente alors de forcer l’allure pour permettre à Rui Costa de placer son attaque. C’est chose faite quelques hectomètres plus loin, mais le champion du monde parvient à prendre quelques mètres à peine avant d’être repris par un groupe d’une quinzaine d’hommes. La jonction s’opère avec un deuxième groupe et le Portugais repart de plus belle après la montée de la côte de la Polytechnique. Rui Costa doit alors se rendre à l’évidence : échapper à la vigilance des Orica-GreenEdge et de Simon Gerrans est impossible.

Les Australiens qui n’ont pas donné un coup de pédale de la journée sont encore frais alors que se profile le final de cette course finalement très attentiste. L’équipe place alors toutes ses forces à l’avant du peloton pour empêcher toute attaque. Au moment d’aborder le dernier virage à 400 mètres de la ligne, Simon Gerrans possède encore trois coéquipiers devant lui. Tel un sprinteur, le champion d’Australie est parfaitement propulsé vers la victoire par ses poissons-pilotes qui lui ouvre une voie royale vers la victoire. C’est avec plusieurs longueurs d’avance que le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège s’impose. Il devient le premier à doubler la mise au Canada et s’offre un statut de coureur à battre dans deux semaines à Ponferrada.

Classement :

1. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) en 5h24’27 »
2. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) m.t.
3. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) m.t.
4. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sahrp) m.t.
5. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) m.t.
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Jonathan Hivert (FRA, Belkin) m.t.
9. Enrico Gasparotto (Astana) m.t.
10. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.