Au pied de la Rheinturm, cette tour de télévision qui s’élève à 240 mètres au-dessus du Rhin à Düsseldorf, et que l’on présente comme la plus grande horloge digitale au monde, il était aujourd’hui question de temps. Celui qui passe au fil des secondes qui s’égrènent sur les 14 kilomètres d’un contre-la-montre urbain, mais aussi celui de l’atmosphère, en assez piteuse état à l’heure où le rideau s’ouvrait sur la 104ème édition du Tour de France. Ce n’est pas tant qu’il pleuvait fort sur ce coin de l’Allemagne d’où partait le Tour trente ans après Berlin, mais la pluie fine qui s’abattait depuis le matin avait fini par ajouter du risque à un parcours qui n’en comportait pas forcément. En temps normal.
Clairement, sur cette route imbibée d’eau, la préoccupation principale des favoris n’était plus tellement de marquer des différences sur leurs rivaux désignés, mais d’arriver sans casse au bout des 14 kilomètres qu’un enchaînement de courbes techniques, en milieu de course, rendait soudain périlleux sur l’asphalte détrempé. Plusieurs coureurs allaient faire les frais d’une glissade. Deux d’entre eux n’allaient pas en réchapper. Ion Izagirre (Bahrain-Merida) d’un côté, Alejandro Valverde (Movistar Team) de l’autre. Le champion espagnol, qui réalise à 37 ans l’une de ses plus fameuses saisons, perdait le contrôle de son Canyon Speedmax à la sortie d’une courbe, et venait terminer sa chute avec fracas dans les barrières métalliques. Le corps sévèrement meurtri, Alejandro Valverde devait aussitôt renoncer à aller plus loin. Son Tour de France s’arrêtait là, sur une civière, après même pas 10 kilomètres d’efforts.
L’accident qui sortait déjà un homme fort du groupe qui doit mener Nairo Quintana sur la seule marche du podium qui lui résiste encore, dans trois semaines à Paris, avait de quoi donner des sueurs froides. Et dans ce contexte il n’était plus permis de prendre plus de risques que nécessaire sur ces 14 premiers kilomètres. Les favoris allaient se montrer prudents, extrêmement prudents. Tous sauf un… Chris Froome (Team Sky).
Le Britannique, qui a approché le Tour de France dans une condition beaucoup plus aléatoire que les années passées, avait à cœur de réussir son entrée dans la course. Il l’a fait, concluant les 14 kilomètres avec la 6ème performance, à 12 secondes du lauréat mais déjà bien loin devant ceux qui lui donneront rendez-vous en montagne dans les jours et semaines à venir. Des garçons qui, eux, se tiennent dans un mouchoir de poche. A Düsseldorf, ce soir, Richie Porte (BMC Racing Team) est déjà à 35 secondes de Froome, Nairo Quintana (Movistar Team) à 36 secondes, Thibaut Pinot (FDJ) à 38 secondes, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) à 39 secondes, Fabio Aru (Astana) à 40 secondes, Alberto Contador (Trek-Segafredo) et Jakob Fuglsang (Astana) à 42 secondes, et Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac) à 51 secondes !
Sous cette bruine persistante, il n’y en avait donc plus beaucoup pour se rêver en jaune ce soir à Düsseldorf. Il restait tout de même Tony Martin (Katusha-Alpecin), doté du maillot arc-en-ciel mais déterminé à aller chercher devant les siens ce maillot jaune qui fut sien, trois jours durant, en 2015. Mais sur cette brève distance, le rouleur allemand n’allait pas davantage trouver la faille qu’en 2010 à Rotterdam ou 2015 à Utrecht, quand il avait dû se contenter de la 2ème place.
Trois coureurs allaient se glisser devant lui, au premier rang desquels le Gallois Geraint Thomas (Team Sky), vainqueur 5 secondes devant Stefan Küng (BMC Racing Team), 7 devant Vasil Kiryienka (Team Sky) et 8 devant Tony Martin. Auteur d’une superbe performance, le vainqueur de Paris-Nice 2016 était récompensé du maillot jaune. Une juste récompense pour celui qui a pris l’habitude de défendre cette tunique pour le compte de Chris Froome en 2013, 2015 et 2016. Et qui aura l’honneur, demain, de parader en jaune. Pour une journée ou plus, car les sprinteurs sont repoussés suffisamment loin – Marcel Kittel (Quick-Step Floors), beau 9ème, accuse 16 secondes de retard – pour que les bonifications mises en jeu demain après-midi à Liège (10, 6, 4 secondes) n’impactent pas le classement général.
Demain dimanche, la deuxième étape reliera Düsseldorf à Liège (203,5 km). Un sprint massif est attendu.
Classement 1ère étape :
1. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) les 14 km en 16’04 » (52,3 km/h)
2. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 5 sec.
3. Vasil Kiryienka (BLR, Team Sky) à 7 sec.
4. Tony Martin (ALL, Katusha-Alpecin) à 8 sec.
5. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) à 10 sec.
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 12 sec.
7. Jos Van Emden (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 15 sec.
8. Michal Kwiatkowski (GBR, Team Sky) m.t.
9. Marcel Kittel (ALL, Quick-Step Floors) à 16 sec.
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) m.t.
Classement général :
1. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) en 16’04 »
2. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 5 sec.
3. Vasil Kiryienka (BLR, Team Sky) à 7 sec.
4. Tony Martin (ALL, Katusha-Alpecin) à 8 sec.
5. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) à 10 sec.
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 12 sec.
7. Jos Van Emden (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 15 sec.
8. Michal Kwiatkowski (GBR, Team Sky) m.t.
9. Marcel Kittel (ALL, Quick-Step Floors) à 16 sec.
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) m.t.