Comme chaque année au mois de mai, le monde du cyclisme s’est tourné vers l’Italie et son célèbre Giro. Alors que certains coureurs comme Joaquim Rodriguez, Ryder Hesjedal, Thomas De Gendt et Mark Cavendish ont brillé lors de ces trois semaines, d’autres ont continué leur apprentissage du métier de coureur sur les routes transalpines. Parmi eux, Gaëtan Bille (Lotto-Belisol), jeune coureur belge de 24 ans, a pris part à son premier Grand Tour après avoir vécu un début de saison magnifique. Nous avons voulu découvrir ce néo-pro de talent.

Le jeudi 5 avril dernier, un jeune Belge encore méconnu du grand public remportait la 46ème édition du Grand Prix Pino Cerami. Sorti du peloton à un kilomètre de l’arrivée, Gaëtan Bille tenait là sa première victoire chez les professionnels. « Ce succès est extraordinaire pour moi qui suis encore néo-pro, commente le coureur originaire de la province du Luxembourg. Il m’a aussi permis d’être beaucoup plus confiant en moi. » Au début de la saison, l’équipe Lotto-Belisol ne mettait pas de pression sur ses jeunes coureurs. Gaëtan Bille avait tout de même à cœur de s’illustrer. « Je voulais monter sur le podium d’une course d’un jour, avoue-t-il. L’objectif est réussi ! »

Même si le Wallon a été contrait à l’abandon au départ de la dix-septième étape du Giro à cause d’une inflammation, il ne peut être que satisfait de son début de saison. En plus de sa première victoire, il a eu l’occasion de goûter aux joies des classiques ardennaises, notamment à Liège-Bastogne-Liège. « Prendre le départ de la Doyenne a été très spécial car la course passe sur mes routes d’entraînement. C’était très motivant. »

De son côté, Marc Sergeant, son manager, est tout aussi content des premiers pas de son coureur chez les professionnels. « Gaëtan a été présent dès le début de la saison, confie-t-il. Il a adopté la bonne attitude et a beaucoup travaillé pour ses équipiers. Il a aussi forgé de beaux résultats en remportant le GP Cerami. » Rik Verbrugghe pense également que Gaëtan Bille a du talent. « La manière avec laquelle il s’est imposé prouve qu’il a de grandes capacités. » Le directeur sportif de l’équipe BMC a, lui aussi, été impressionné par la performance du coureur Lotto. « Pour moi, il est très bien parti, ce qui est excellent pour le cyclisme wallon. »

Le profil de Gaëtan Bille se rapproche de celui d’un puncheur. « Je suis quelqu’un qui sait faire la différence sur des efforts courts et assez intenses », précise-t-il. Depuis le début de la saison, ses prestations ont confirmé ses dires. Elles ont également montré que le Wallon était habile sur les contre-la-montre. Pour Marc Sergeant, « Gaëtan Bille devrait s’orienter vers les épreuves d’une semaine qui comporte une étape chronométrée. Je pense qu’il a un avenir dans ces courses. » Le principal concerné approuve l’avis de son directeur sportif et ajoute : « je dois encore participer à bon nombre de courses pour pouvoir tenir la distance sur les épreuves d’une semaine. »

Le coureur de Fouches a débuté le vélo sur le tard. Il a découvert le VTT à l’âge de quinze ans avant de s’orienter vers la route trois ans plus tard. « Cette discipline m’a bien plu. J’ai donc continué dans cette voie », indique-t-il. Ses débuts, Gaëtan les a faits au Royal Pesant Club Liégeois. « Dans ce club, j’ai eu l’occasion de me montrer sur des courses nationales où j’ai su me démarquer. » En 2011, après avoir connu d’autres équipes, il a rejoint la formation Wallonie-Bruxelles dont l’objectif est la formation de jeunes coureurs. « Mon passage dans cette équipe a permis de me révéler sur des courses internationales. Je suis sorti grandi de cette période », reconnaît Gaëtan Bille. Son année dans la formation belge lui a offert une chance énorme : son transfert vers l’équipe Lotto-Belisol.

Dans cette ascension vers le cyclisme professionnel, le sympathique vainqueur du Grand Prix Pino Cerami n’a pas été seul. « Je ne suis pas issu d’une famille cycliste mais elle m’a beaucoup aidé, affirme-t-il. Quand on est jeune, il est primordial d’être soutenu par ses proches. Les miens ont été essentiels. » En plus d’un accompagnement, un jeune cycliste doit parvenir à maintenir au mieux un équilibre entre ses études et les compétitions de haut niveau. « Heureusement, j’ai commencé le cyclisme sur le tard. J’ai donc pu me consacrer à mes études jusqu’à 18 ans. » Désormais, il mise tout sur le vélo.

Pour le futur, Gaëtan Bille peut nourrir de grandes ambitions. « Mon rêve serait de remporter le plus de courses possible. Il faut voir comment je vais évoluer mais s’imposer dans une classique comme Liège-Bastogne-Liège, ce serait merveilleux. » – Pol Loncin