La Tour Eiffel est en vue. Bientôt, les 160 rescapés de l’aventure Tour de France seront libérés. La dernière étape ne devait être qu’une formalité, mais le ciel vient ajouter un grain de nervosité dans un peloton lessivé. Le Tour qui a souffert de la canicule depuis le départ d’Utrecht il y a trois semaines doit cette fois composer avec la pluie. Tout au long des trois semaines, les averses auront été rares. Elles reviennent au plus mauvais moment. Pour que la fête ne soit pas totalement gâchée, les organisateurs prennent la sage décision de neutraliser les temps au premier passage sur la ligne. Au kilomètre 41 de cette étape, Chris Froome remporte le Tour 2015. Finalement, avec le recul, le vainqueur final était déjà connu à l’issue de la première semaine, avant même que le Tour n’entre en haute montagne à la Pierre-Saint-Martin sur la 10ème étape.
Il était clair que le Tour était divisé en deux actes, répartis de manière géographique. Contrairement à ce que l’on pouvait croire, malgré les cinq arrivées au sommet, ce n’est ni dans les Pyrénées ni dans les Alpes que Chris Froome a forgé son avantage décisif. Un an après sa débâcle et son abandon dans la 4ème étape, le Britannique est celui qui a évité tous les pièges mis en place par l’équipe de Christian Prudhomme en première semaine. Dans la bonne bordure en Zélande, premier des favoris à Huy, intraitable sur les pavés nordistes, étouffant les attaques à Mûr-de-Bretagne et deuxième du chrono par équipes, le leader de la formation Sky ne pouvait rêver d’un meilleur départ. Avant même que la haute montagne ne fasse son apparition sur le Tour, Chris Froome était déjà aux commandes d’un classement général qu’il ne lâcherait pas.
Il aura suffi d’une étape au Britannique pour définitivement sceller son succès. Sa performance sur les rampes du col du Soudet est impressionnante, et fera naître quelques doutes dans l’esprit des suiveurs et de la haine dans le comportement de certains « supporters », méritent-ils seulement ce surnom. Personne parmi les favoris ne s’est relevé de cette démonstration. Vincenzo Nibali (Astana) n’ayant retrouvé des sensations qu’en dernière semaine, Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) ne s’étant pas montré aussi incisif que sur le Giro, pour renverser le Tour, il fallait compter sur Nairo Quintana (Movistar Team). Mais jusqu’à vendredi, le Colombien, assuré de la 2ème place, n’aura jamais pleinement joué sa carte. Il aura fallu attendre les 5 derniers kilomètres de la Toussuire et plus encore la montée de l’Alpe d’Huez pour faire vaciller le Maillot Jaune.
Sous la pluie parisienne, André Greipel et Chris Froome triomphent.
1’12 » c’est donc ce qui a manqué au final à Nairo Quintana pour un Tour finalement plus serré qu’il n’y paraissait. Un Tour qui s’est donc joué en première semaine, là où de son propre aveu, le Maillot Blanc a perdu la Grande Boucle. Peu à l’aise dans l’exercice délicat des bordures, Quintana a lâché 1’28 » en Zélande, seize secondes de plus que l’écart qui le sépare au final du Maillot Jaune. Pendant le long défilé qui précède l’arrivée finale, les deux hommes auront tout le loisir de refaire leur course. Le Colombien ressassera peut-être quelques regrets. Le Britannique pourra savourer avant de s’installer sur la première marche du podium dressé sur les Champs-Elysées, avec l’Arc de Triomphe en toile de fond. Ils seront rejoints, sur la dernière marche de la boîte par Alejandro Valverde (Movistar Team), resté au pied du podium l’an dernier.
Un podium que deux Français ont foulé l’an dernier. Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) et Thibaut Pinot (FDJ) ont eu moins de chance qu’en juillet dernier. Le premier, victime d’une lourde chute, a terminé au courage. Le second a su relever la tête après un début de Tour catastrophique. Épatante l’an dernier, la nouvelle génération du cyclisme français qu’incarnent le Franc-Comtois et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) a prouvé qu’elle avait des ressources mentales évidentes. Ne se faisant plus d’illusion après le retard accumulé en première semaine, les deux hommes qui se sont tirés dans les pattes à Mende ne ressortent pas du Tour complètement bredouilles. Le grimpeur de FDJ a remporté la victoire la plus prestigieuse de sa carrière à l’Alpe d’Huez. L’Auvergnat, élu super combatif, s’est imposé avec la manière à Saint-Jean-de-Maurienne.
Il s’en est presque fallu d’un rien pour que Bryan Coquard (Team Europcar) conclue en beauté la dernière semaine un peu folle du cyclisme français. Malgré l’offensive de Nelson Oliveira (Lampre-Merida), Florian Vachon (Bretagne-Séché Environnement) et Kenneth Van Bilsen (Cofidis), malgré la pluie qui a rendu les pavés des Champs-Elysées glissants, les meilleurs sprinteurs du monde s’offrent un dernier combat sur la plus belle avenue du monde. Et comme il l’avait fait en Zélande, à Amiens et à Valence, André Greipel (Lotto-Soudal) s’affirme comme le sprinteur le plus rapide de ce Tour. Profitant de l’effort d’Alexander Kristoff, l’Allemand jaillit dans les 150 derniers mètres. Bryan Coquard remonte le quadruple vainqueur d’étape sur ce Tour, mais il manque tout de même un demi-vélo au Nazairien pour s’imposer.
Classement 21ème étape :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) les 109,5 km en 2h49’41 » (38,7 km/h)
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) m.t.
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
4. Edvald Boasson-Hagen (NOR, MTN-Qhubeka) m.t.
5. Arnaud Démarre (FRA, FDJ) m.t.
6. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) m.t.
7. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
8. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
9. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
10. Ramunas Navardauskas (LIT, Cannondale-Garmin) m.t.
Classement général final :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 84h46’14 »
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’12 »
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 5’25 »
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 8’36 »
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 9’48 »
6. Robert Gesink (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 10’47 »
7. Bauke Mollema (PBS, Trek Factory Racing) à 15’14 »
8. Mathias Frank (SUI, IAM Cycling) à 15’39 »
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 16’00 »
10. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 17’30 »
Classement par points :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) 432 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 366 pt
3. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 298 pt
4. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) 206 pt
5. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 152 pt
6. Chris Froome (GBR, Team Sky) 139 pt
7. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) 113 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 103 pt
9. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 90 pt
10. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 90 pt
Classement de la montagne :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 119 pt
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 108 pt
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) 90 pt
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) 82 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 78 pt
6. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 74 pt
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 72 pt
8. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) 64 pt
9. Richie Porte (AUS, Team Sky) 58 pt
10. Serge Pauwels (BEL, MTN-Qhubeka) 55 pt
Prix de la combativité :
1. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale)
Classement des jeunes :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 81h57’45 »
2. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 14’48 »
3. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 30’03 »
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 37’40 »
5. Bob Jungels (LUX, Trek Factory Racing) à 1h32’09 »
6. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) à 2h13’43 »
7. Adam Yates (AUS, Orica-GreenEdge) à 2h15’24 »
8. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 3h02’55 »
9. Emanuel Buchman (ALL, Bora-Argon 18) à 3h07’35 »
10. Merhawi Kudus (ERY, MTN-Qhubeka) à 3h09’24 »
Classement par équipes :
1. Movistar Team (ESP) en 255h24’24 »
2. Team Sky (GBR) à 57’23 »
3. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1h00’12 »
4. Astana (KAZ) à 1h12’09 »
5. MTN-Qhubeka (AFS) à 1h14’32 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 1h24’22 »
7. Team Europcar (FRA) à 1h48’51 »
8. BMC Racing Team (USA) à 2h41’46 »
9. IAM Cycling (SUI) à 2h42’16 »
10. Team LottoNL-Jumbo (PBS) à 2h46’59 »