Des coups de bordures adorés des flahutes aux rampes abruptes du mur de Huy adulées des puncheurs, le Tour de France s’amuse à prendre des airs de mois d’avril. 24 heures après une étape mémorable, la tension qui régnait sur les digues de Zélande ne s’est pas totalement dissipée au moment où la caravane fait son entrée en Belgique. Entre la ville flamande d’Anvers et celle de Huy au cœur des Ardennes, le peloton retrouve la nervosité propre aux courses d’un jour qui pimentent le mois d’avril. Avant que les routes ne commencent à se rétrécir, la course de placement est primordiale pour aborder du mieux placé possible, les points chauds de ces 159,5 kilomètres. À 57 kilomètres de l’arrivée, les choses sérieuses sont donc sur le point de commencer. La côte de Bohissau, première des quatre difficultés du final, n’est plus très loin.
Tout le monde a hâte d’en découdre. Tellement hâte d’ailleurs que l’échappée constituée de Jan Barta (Bora-Argon 18), Martin Elmiger (IAM Cycling), Bryan Nauleau (Team Europcar) et Serge Pauwels (MTN-Qhubeka) qui ont profité des plaines de Flandre pour prendre la fuite voient l’ombre du peloton revenir sur eux. Les 3 minutes d’avance accordées au maximum à cette échappée lancée au kilomètre zéro ne laissaient rien présager de bon et comme hier, les quatre hommes sont repris avant l’événement qui va chambouler la fin de l’étape à 57 kilomètres de Huy. Hier, c’était l’orage et le premier coup de bordure. Aujourd’hui, c’est une chute impressionnante, à haute vitesse, qui, sans peser sur le résultat final, sans créer d’écarts entre les principaux favoris qui l’ont évitée, va marquer la fin de la 3ème étape.
Provoquée par William Bonnet (FDJ), elle concerne entre autres Mathias Fränk (IAM Cycling), Rui Costa (Lampre-Merida) et surtout le Maillot Jaune, Fabian Cancellara (Trek Factory Racing). Le scénario catastrophe n’est pas sans rappeler celui de l’étape de Metz en 2011, alors Christian Prudhomme prend une décision radicale. Le directeur du Tour neutralise la course avant de l’arrêter au pied de la côte de Bohissau pour permettre le retour des blessés. Après une vingtaine de minutes de flottement, le peloton reprend sa route, mais il ne fait aucun doute que cette chute laissera des stigmates, à la veille de l’étape des pavés et avec un contre-la-montre par équipes placé à la fin de la semaine. Plus concrètement, elle provoque la perte de Fabian Cancellara qui, marqué par son gadin, ne peut suivre un peloton qui ne s’est pas calmé.
Rodriguez le plus vif, Froome prend du temps…et le maillot jaune !
Un nouveau coup de bordure est même rapidement avorté, et ce sont bien les trois dernières difficultés réparties dans les 20 derniers kilomètres qui provoqueront de nouveaux écarts sur cette première semaine loin d’être paisible, comme c’était prévisible. Les accélérations des Sky dans la côte d’Ereffe, et celle des Tinkoff-Saxo dans la côte de Cherave laissaient présager une bataille rangée entre les deux grands bénéficiaires de l’étape d’hier sur les rampes du Chemin des Chapelles. Tous les favoris se présentent groupés au pied du mur de Huy. Tous, sauf Thibaut Pinot (FDJ). Le Franc-Comtois, distancé sur le haut de la côte de Cherave, lâche 1’31 », à laquelle il faut ajouter la 1’28 » concédée hier. Ce qui le place à 2’58 » de Chris Froome (Team Sky) à la veille de l’étape de Cambrai aussi attendue que redoutée.
Le vainqueur du Tour 2013 est désormais la valeur étalon sur laquelle toutes les références vont se baser pour jauger l’importance des écarts. Lui qui avait tant perdu sur les premières étapes l’an dernier, qui avait même chuté sur la Flèche Wallonne en avril est, clin d’oeil du destin, celui qui est le grand vainqueur de cette étape pas comme les autres. Peu habitué aux classiques et mal à l’aise dans un peloton nerveux, il aborde le mur de Huy parfaitement placé avec les autres grands à ses côtés. Pour la première fois sur ce Tour, les différences se créent à la pédale. Du point de vue du passé dans la Flèche Wallonne, Chris Froome est celui qui présente le moins de garanties. Mais c’est lui qui se montre le plus à l’aise pour faire le mur, prenant au passage de nouvelles secondes sur tous ses rivaux… et le maillot jaune !
Tant pis s’il doit laisser la victoire d’étape à Joaquim Rodriguez (Team Katusha), le poids plume qui avait déjà remporté la Flèche il y a trois ans. En fin connaisseur des lieux, le Catalan fait son effort au bon moment alors que Froome se dévoile trop tôt, à 500 mètres de la ligne avec Alberto Contador dans la roue. Rodriguez le déborde avec Tony Gallopin (Lotto-Soudal), mais tous les autres sont derrière. Vincenzo Nibali (Astana), Nairo Quintana (Movistar Team) et Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) concèdent 11 secondes. L’addition est plus lourde encore pour Alberto Contador qui perd 18 secondes. Froome se présentera à Seraing avec le maillot jaune sur le dos, mais aussi avec 36 secondes sur l’Espagnol au général, 1’38 » sur l’Italien et 1’56 » sur le Colombien. Des écarts considérables après trois étapes.
Demain, la journée la plus longue du Tour (223,5 kilomètres) sera aussi la plus attendue avec sept secteurs pavés entre Seraing et Cambrai.
Classement 3ème étape :
1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) les 159,5 km en 3h26’54 » (46,4 km/h)
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) m.t.
3. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) à 4 sec.
4. Daniel Martin (IRL, Cannondale-Garmin) à 5 sec.
5. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 8 sec.
6. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 11 sec.
7. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) m.t.
8. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
10. Bauke Mollema (PBS, Trek Factory Racing) m.t.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 7h11’37 »
2. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) à 1 sec.
3. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 13 sec.
4. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 26 sec.
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 28 sec.
6. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) à 31 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 34 sec.
8. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 36 sec.
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 1’03 »
10. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) à 1’04 »
Classement par points :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 75 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) 48 pt
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) 40 pt
4. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) 37 pt
5. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) 35 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 30 pt
7. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 28 pt
8. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) 25 pt
9. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) 22 pt
10. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) 22 pt
Classement des jeunes :
1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) en 7h12’08 »
2. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 36 sec.
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’25 »
4. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) à 1’31 »
5. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’23 »
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 2’27 »
7. Georg Preidler (AUS, Giant-Alpecin) à 2’51 »
8. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 4’46 »
9. Louis Meintjes (AFS, MTN-Qhubeka) à 5’46 »
10. Bob Jungels (LUX, Trek Factory Racing) à 5’52 »
Classement de la montagne :
1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 2 pt
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 1 pt
3. Michael Schär (SUI, BMC Racing Team) 1 pt
4. Chris Froome (GBR, Team Sky) 1 pt
Prix de la combativité :
1. Jan Barta (TCH, Bora-Argon 18)
Classement par équipes :
1. BMC Racing Team (USA) en 21h35’52 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 27 sec.
3. Team Sky (GBR) à 1’43 »
4. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1’44 »
5. Movistar Team (ESP) à 4’34 »
6. Giant-Alpecin (ALL) à 5’03 »
7. Cannondale-Garmin (USA) à 5’40 »
8. Ag2r La Mondiale (FRA) à 5’44 »
9. Trek Factory Racing (USA) à 6’25 »
10. Astana (KAZ) à 6’35 »