Il ne pouvait pas en être autrement. Après une étape sanctionnée par un col et clôturée par un sprint la veille, les puncheurs et les grimpeurs du Tour de Suisse avaient une revanche à prendre aujourd’hui à Schwarzenburg. Cette fois-ci, les outsiders de ce Tour de Suisse n’ont pas laissé le soin aux Saxo Bank de passer une journée au chaud. Dans le final d’étape casse-pattes, ils ont tous tenté, ou accompagné, les offensives visant à renverser de son trône, Cancellara souverain sur ses terres depuis samedi. A ce petit jeu, Frank Schleck (Saxo Bank) a eu les coudées franches pour se jouer des adversaires de son leader. Son frère, Andy, s’est contenté de jouer les gregarios pour Cancellara (Saxo Bank). Une scène dont les rôles seront certainement inversés en juillet prochain.
Le cours de l’étape avait pourtant pris le chemin d’un schéma classique –certains diront monotone – des étapes du Tour de Suisse, dont on ne sait quel est l’adjectif qui leur correspond le mieux : étape de semi-montagne, de montagne, de transition ? Sans se poser toutes ces questions, trois aventuriers mettaient le nez à la fenêtre dès les premiers kilomètres de course. Le Moldave Alexandre Pluischin (Katusha), le Transalpin Ermano Capelli (Footon-Servetto) et le Finlandais Jussi Veikkanen (Française des Jeux) augmentent très vite leur avance au delà des dix minutes pour atteindre à 80km du but les 13 minutes.
Mais le final en dents de scie et la réaction « piano piano » puis « crescendo » des équipes Saxo Bank et Vacansoleil vont avoir raison des trois valeureux. De 13 minutes, l’écart fond à une petite minute au pied de la dernière ascension recensée, le Kalchstatten. Tout juste Alexandre Pluischin a-t-il le temps de se débarrasser de ses encombrants compagnons pour aller chercher les points du meilleur grimpeur que derrière les premières banderilles remuent le peloton. Treize hommes sous la conduite de Garate (Rabobank) et de Spilak (Lampre) prennent alors quelques secondes au peloton. Andy Schleck a compris le danger et se met à la planche pour son leader Cancellara. L’écart ne dépassera jamais les 25 secondes.
Le final est une succession de longs faux-plats et de descentes larges. Mais, les attaquants, même les plus hardis, se cassent un à un les dents sur ses longues montées. A 20km, Gesink (Rabobank) tente bien de faire la différence, mais il n’est pas suivi dans son mouvement. Mickael Albasini (HTC-Columbia), poussé par le public helvète, se saborde en s’extirpant, seul, à 20 kilomètres de la ligne. Il est repris sept kilomètres plus tard, exténué. C’est alors qu’entre en scène, Luis-Leon Sanchez (Caisse dEpargne). Habitué des finals rudes, le Murcian se lance dans une estocade bien plus sérieuse. Seul face au peloton et à la pluie fine qui vient de faire son apparition, Sanchez ne peut contenir le retour d’autres audacieux. Un groupe dont la composition fait frémir les Saxo Bank. Freire (Rabobank), Kirchen (Saxo Bank), Elmiger (Ag2r La Mondiale), et José-Joaquin Rojas (Caisse d’Epargne). Mais là encore, la tentative est mort-née.
Certains, plus malins, ont préféré se cacher pour mieux bondir dans la dernière côte du jour. C’est le cas de Tony Martin (HTC-Columbia). Mis en orbite par son équipier, le Belge Maxime Monfort, le jeune allemand démarre dans la dernière bosse. Il est secondé dans sa quête du Maillot Jaune – il était pointé 3ème au général le matin, à 3 secondes de Cancellara – par Bauke Mollema (Rabobank), Nicolas Roche (Ag2r la Mondiale) et le grimpeur de poche de la Caisse d’Epargne Rigoberto Uran. Réagissant à une accélération de Roche, Frank Schleck, tapi dans les roues de ces révoltés de dernière minute, démarre peu avant la flamme rouge. Son contre est décisif. Seul Uran parvient à recoller. Mais le Colombien est impuissant face à Frank Schleck, qui s’impose sur la ligne de Schwarzenburg avec trois secondes d’avance sur un groupe réglé par Tony Martin. Un groupe dont ne fait pas partie Fabien Cancellara. Le Suisse a lâché du lest dans la dernière ascension. Epaulé par Andy Schleck, il termine à 6 secondes de son équipier victorieux. Insuffisant pour conserver son paletot. Tony Martin a réussi son coup, il est ce soir le nouveau Maillot Jaune du Tour de Suisse.
Demain, la quatrième étape amène les coureurs de Schwarzenburg à Wettingem après 192 kilomètres de course.
Classement 3ème étape :
1. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank)
2. Rigoberto Uran (COL, Caisse d’Epargne) m.t.
3. Bauke Mollema (HOL, Rabobank) à 3 sec.
4. Steve Morabito (SUI, Bmc) m.t.
5. Matteo Carrara (ITA, Vacansoleil) m.t.
6. Juan Manuel Garate (ESP, Rabobank) m.t.
7. Robert Gesink (HOL, Rabobank) m.t.
8. Thomas Lovkvist (SUE, Team Sky) m.t.
9. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Tony Martin (HTC-Columbia) m.t.
Classement général :
1. Tony Martin (ALL, Team HTC – Columbia)
2. Fabian Cancellara (SUI,Team Saxo bank) à 1 sec.
3. Thomas Lovkvist (SUE, Team Sky) à 9 sec.
4. Rigoberto Uran(COL,Caisse d’Epargne) à 10 sec.
5. Dries Devenyns (BEL,Quick Step) à 11 sec.
6. Frank Schelck (LUX, Team Saxo bank) à 13 sec.
7. Jacob Fuglsang (DAN,Team Saxo bank ) à 14 sec.
8. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) m.t.
9. Nicolas Jonathan Castroviejo (ESP, Euskaltel – Euskadi) à 15 sec.
10. Bauke Mollema (HOL,Rabobank) à 17 sec.