Sébastien, au matin de l’étape des Champs-Elysées, vous faîtes partie des équipes qui n’ont pas gagné. Quel bilan pouvez-vous tirer de ce Tour de France ?
Nous arrivons à huit. Quand on prend le départ du Tour c’est le premier objectif pour un coureur et pour un directeur sportif, et c’est une fierté de voir ses huit coureurs arrivés. Après on était venu pour gagner une étape et remporter le maillot à pois. Sur ce classement on termine deuxième derrière un Julian Alaphilippe intouchable, et on a joué chaque jour les victoires d’étapes, pour gagner et non pas pour faire une place. Donc à ce moment-là on a aussi le droit de perdre. Je pense que sur les trois semaines on a vu une équipe Fortuneo-Samsic entreprenante tous les jours avec un vrai objectif de victoire. On a créé certaines stratégies et on s’y est tenu. Cela n’a pas fonctionné, il y a eu un manque de réussite et aussi de condition, il faut être clair, mais je crois que l’on n’a vraiment pas à rougir de notre Tour.
On a l’impression que les échappées matinales, sur la première semaine, ont de plus en plus de mal à aller au bout avec un gros contrôle des équipes de sprinteurs…
C’est clair, ce n’est pas nouveau. Et pas que sur les étapes de sprint, on a même vu en dernière semaine que les victoires d’étapes se jouaient avec les meilleurs, à l’Alpe d’Huez ou sur la dernière des Pyrénées. Il y a tellement d’enjeux sur le Tour que maintenant pour gagner il faut que tout soit aligné, avoir de la réussite, être en bonne condition, et il faut aussi l’équipe pour.
Les échappées qui sont allées au bout, c’était lors de la deuxième semaine, moment où le général est déjà dessiné et qu’une partie des sprinteurs a baissé pavillon. Avez-vous senti, de l’intérieur, qu’il y avait plus d’opportunités à ce moment ?
Oui mais il y en a de moins en moins. Les étapes comme ça on les avait forcément cochées. On est passé à travers sur celle de Mende et le lendemain, on était dedans, mais ce jour-là Cort Nielsen était intouchable. On a été acteurs, c’est ce que je retiens, et pour jouer la gagne. Depuis que l’équipe est invitée elle progresse d’année en année, je pense que cette année elle a encore franchi une belle marche, mais on n’a pas eu cette réussite qui nous a fait gagné une étape.
Diriez-vous que les attentes étaient trop importantes avec Warren Barguil et le fait que l’équipe ait moins gagné en début de saison ?
Non, la pression on l’avait. Les objectifs auraient été les mêmes si nous avions gagné plus, on venait pour gagner une étape et viser le maillot à pois. C’était une pression positive, on voulait bien faire. J’ai encore cette image en tête de l’étape de La Rosière où j’ai quatre coureurs dans la bonne échappée et où on a pesé sur le Tour. On n’a pas gagné mais il ne faut pas oublié que nous sommes sur la plus grosse course du monde, avec un niveau incroyable. Quand on voit notre budget par rapport aux meilleures équipes, je pense qu’on a été acteurs et présents sur ces trois semaines.
Cette année, les équipes invitées n’ont pas réussi à gagner une étape contrairement à l’an passé…
Oui mais c’est peut-être aussi une question de réussite. Je pense à Christophe Laporte (Cofidis) qui fait deuxième de l’étape de Pau, il aurait très bien pu gagner. Nous n’étions pas loin non plus, les Direct Energie ont aussi été très présents. Les équipes invitées n’ont pas à rougir par rapport aux grosses équipes qui sont plus structurées. Mais on a vu, dans les deux dernières semaines, que les leaders qui avaient perdu toute chance au général jouaient un peu tout. Un gars comme Yates bataillait tous les jours pour gagner une étape et malgré son talent il n’y est pas arrivé donc cela prouve que ce n’est pas simple.
Comment sentez-vous vos coureurs en cette fin de Tour ?
Je pense que les troupes sortent relativement bien. On est toujours fatigué après un Grand Tour mais on le finit à huit donc cela veut déjà dire que l’on est en bonne santé. On a encore une belle fin de saison à faire, les gars sont motivés. Warren a aussi un objectif de championnat du monde fin septembre donc on reste encore sur les objectifs, la saison ne s’arrête pas au Tour.