Tu es un enfant de Val Thorens, qui accueillera l’avant dernière étape du Tour 2019. Que penses-tu de cette étape Albertville – Val Thorens ?
Je suis très attaché à chez moi et à Val Thorens, j’ai passé 8 ans au ski club là bas avant de faire du vélo. C’est vraiment quelque chose de beau, je suis très content que le Tour arrive ici. Même si j’aurais aimé faire le Tour de France, ça parait un peu loin encore, mais je suis vraiment très content pour la vallée des Belleville et pour Val Thorens.
Tu es un des coureurs pros Français que l’on connait probablement le moins puisque tu cours pour une équipe japonaise. Peux-tu nous retracer ton passé ?
J’ai commencé le vélo après 8 ans de ski alpin, à l’âge de 15 ans au club local le Guidon d’Or la Léchère. J’ai fait quelques bons résultats qui m’ont permis d’intégrer la réserve d’une DN 1 en 2013, au Team Vulco Vaulx en Velin. Là bas j’ai remporté quelques courses en deuxième catégorie, obtenu des tops 10 au Tour International de Corse et cela m’a permis de passer dans la DN 1 en espoir deuxième année. En 2014 j’ai effectué ma première course professionnelle en classe 2 sur le Tour des Pays de Savoie, et en 2015 j’ai participé à Liège Bastogne Liège U23 et au Giro Del Val d’Aoste avec l’équipe Rhône-Alpes. J’avais terminé premier français, c’est là que je me suis révélé, que j’ai vu que j’avais des capacités en montagne. A partir de là, je me suis engagé avec l’Union Cycliste de Monaco, un club formateur pour les espoirs, où j’ai trouvé un calendrier très adapté à mon profil avec des courses UCI, lors de ma dernière année espoirs. Je m’étais mis un petit ultimatum à la fin de cette année et j’ai trouvé cette opportunité de passer professionnel en Continental au Japon en 2017. Au début c’était un peu l’inconnu et ça s’est très bien passé, on a commencé avec des courses nationales au Japon puis j’ai fait ma première classe 1 en mai sur le Grand-Prix de Plumelec. Suite à deux tops 20 en courses internationales j’ai prolongé mon contrat pour 2018. Cette année l’équipe a pris une autre dimension, on a fait une belle saison et elle est encore amené à grandir. Je crois beaucoup en cette structure et je suis très content d’avoir encore prolongé.
Est-ce un conseil que tu donnerais aux jeunes d’accepter de relever des défis en partant à l’étranger pour passer professionnel ?
Pour tout avouer j’ai vraiment beaucoup progressé en courant chez les pros, c’est différent de chez les amateurs et ça me convient mieux. Il ne faut pas laisser passer les occasions, même si parfois ça peut faire peur de partir à l’étranger, il ne faut pas hésiter et ne pas avoir peur d’être différent des autres. Je n’ai peut-être pas un parcours classique mais je suis content de ce que j’ai fait. Aujourd’hui je ne regrette vraiment pas.
Florian Hudry | © Tour of Qinghai Lake
Comment une équipe comme celle-là est structurée pour faire le premier rassemblement de la saison ?
L’effectif a été beaucoup renouvelé, sur les 16 coureurs de 2018 on n’est que 5 à être dans l’équipe en 2019. Dans un premier temps on va avoir une conférence de presse mi-novembre, un stage en janvier en Espagne sur 10 jours suivi de la présentation de l’équipe, normalement en France. Les dirigeants apportent une importance primordiale au recrutement, ils passent du temps avec les nouvelles recrues pour que tout le monde soit en phase avec le projet, dans la même dynamique.
L’an prochain tu vas avoir des collègues Français avec toi ?
Oui on sera trois Français, avec Gauthier Navarro et Adrien Guillonnet et c’est pas pour me déplaire.
Ça va être ta troisième saison avec l’équipe, tu prends une ampleur nouvelle dans ton rôle d’aider les « petits nouveaux » à s’intégrer ?
Peut-être qu’au début je vais aider les nouveaux à s’intégrer, à expliquer le fonctionnement de l’équipe mais ça va très vite se faire. Je ne pense pas avoir un rôle particulier, chacun à sa place, j’aurai un statut de coureur normal je ne serais pas le « papa » de l’équipe (sourire). J’aurai des gros leaders alors je resterais à ma place.
Quel sera le programme français de l’équipe Interpro Cycling Academy ?
On devrait commencer par les courses du Sud de la France avec le Grand-Prix La Marseillaise et le Tour de la Provence. On sera très implanté en Europe, mais je n’ai pas forcément plus d’informations pour le moment.
Quels seront les grands noms de l’effectif ?
Je pense à un garçon comme Adrien Guillonnet, il l’a encore démontré cette année sur les courses amateurs. Il y a un nouveau sprinteur, un Letton. Puis dans les nouvelles recrues qui vont tomber ces jours, il y aura un autre gros leader qui sera Hernan Aguirre, un Colombien de 22 ans qui arrive de Manzana-Postobon. Il a remporté cette saison le Tour du Qinghai lake et le maillot blanc sur le Tour d’Aragon.
Comment se partage ta saison entre le continent Asiatique et l’Européen ?
Cette année j’ai beaucoup couru en Asie, avec un bloc en Espagne. J’adore les courses asiatiques, c’est une autre dimension et ça ne me dérange pas de partir loin. Pour la petite anecdote en 2018 j’ai 36 vols d’avion pour un total de 199 heures passées dedans. Pour l’instant je suis content de faire ce que je fais.
Florian Hudry à la présentation des Frances 2018 | © C.Lemmonier
Dans tes changements culturels que tu vis assez bien, est ce que le principal changement est la différence de langue, d’alimentation ou la façon de courir ?
Sur l’alimentation en France c’est surtout les pâtes, là bas y a pas de secret c’est le riz. La plus grande différence est au niveau culturel, le respect est très marqué en Chine et au Japon, c’est assez impressionnant. Sur la façon de courir, ça ressemble de plus en plus à celle en Europe. Toutes les équipes asiatiques se professionnalisent aussi, je pense que le cyclisme asiatique à de l’avenir.
Tu vois comment ton équipe d’ici 3 ans ?
C’est une bonne question (sourire). Je sais que mon manager est très ambitieux, je verrai l’équipe en Continental Pro avec une participation à un Grand Tour.
Et toi comment vois-tu ton avenir ?
Pour l’instant je n’ai pas envie de changer d’équipe, je suis vraiment bien là-bas, c’est presque comme ma famille. Je ferai tout pour évoluer avec eux.
Pour finir, tu vois qui gagner à Val Thorens, la veille de l’arrivée sur les champs?
Déjà ce ne sera pas un sprinteur!. On va dire un coureur Français, peut-être un Thibault Pinot.