Incertain, aléatoire, en suspens, bref indécis. L’avenir de l’équipe Europcar était loin d’être assuré à Porto-Vecchio quand Jean-René Bernaudeau se présentait devant la presse quelques heures avant le Grand Départ du 100ème Tour de France. L’accord qui lie son équipe au leader européen de la location de voitures expire en fin de saison, et les repreneurs ne se bousculent pas au portillon. Aujourd’hui, dans le Vaucluse pour la deuxième journée de repos, le Vendéen a le sourire. Toujours devant les journalistes, c’est avec un plaisir non feint que l’ancien coéquipier de Bernard Hinault annonce que son équipe continuera d’exister pendant encore deux ans, l’entreprise de location de véhicules qui sponsorise sa structure depuis 2010 ayant décidé de prolonger l’aventure pour 24 mois supplémentaires.
Toute l’équipe peut pousser un grand ouf de soulagement, même si la situation était moins critique qu’à la fin de l’année 2010. Flashback, deux ans et demi en arrière. Octobre 2010 : l’espoir de voir Bbox-Bouygues Telecom trouver un repreneur s’amoindrit d’heure en heure alors que la deadline fixée par l’UCI pour annoncer les effectifs est sur le point de prendre fin. Thomas Voeckler a déjà pris ses précautions et tout semble en ordre pour qu’il rejoigne Cofidis. Le manager de la formation nordiste à l’époque, Eric Boyer, se rend même en Vendée pour régler les détails, quand le miracle se produit. Europcar annonce alors qu’elle devient le sponsor de la structure de Jean-René Bernaudeau pour trois années. L’Alsacien n’hésite pas un seul instant à poursuivre avec son mentor. Ils ne le savent pas encore, mais ces trois années vont être les plus belles depuis que la formation a vu le jour en 2000, sous le nom de Bonjour.
Il y a bien évidemment ce Tour 2011, exceptionnel à plus d’un titre. L’épopée de Thomas Voeckler en jaune aura suscité l’enthousiasme du public, qu’il soit présent sur le bord de la route ou devant son petit écran, en même temps qu’elle mettra un coup de projecteur sur l’équipe. La victoire à l’Alpe d’Huez de Pierre Rolland et son maillot blanc ramené sur les Champs-Élysées est la cerise sur le gâteau pour la structure vendéenne. On parlera aussi de ce Tour 2012, marqué par trois victoires d’étape, un maillot à pois et une 8ème place finale. À côté de ces prestations, le bilan 2013 sur le Tour est bien famélique : quelques échappées vouées à l’échec et des ambitions de classement général réduites à néant. Un sombre constat à peine relevé par le port du maillot à pois par Pierre Rolland pendant quelques jours et une popularité toujours intacte.
Paradoxe, c’est alors que le Team Europcar connaît une période creuse, au plus mauvais des moments que Jean-René Bernaudeau annonce ce renouvellement qui court donc jusqu’à la fin de la saison 2015. Sportivement, on l’a dit, mais aussi du point de vue éthique. Exclue du MPCC, l’équipe Europcar a vu sa réputation quelque peu ternie par les remous de l’affaire Rolland en parallèle du Critérium du Dauphiné. Peu importe, son avenir est maintenant assuré. Reste à savoir si les petits hommes verts reprendront du poil de la bête en troisième semaine ou s’ils se reposeront sur leurs lauriers. Connaissant la mentalité offensive des Vendéens, la deuxième solution paraît plus probable, mais quelle que soit la réponse, les membres du Team Europcar peuvent maintenant être concentrés sur leur course. Un luxe dont ne peuvent jouir les Euskaltel-Euskadi, Sojasun et Vacansoleil-DCM qui attendent toujours un éventuel repreneur.