Le numéro de Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) est encore dans toutes les mémoires lorsque la caravane du Tour d’Espagne reprend aujourd’hui sa migration vers le sud du pays. S’il n’y avait pas eu 25 mètres de trop dans cette sixième étape, l’Allemand aurait franchi la ligne le premier à la conclusion d’un final époustouflant durant lequel il aura joué avec les nerfs des sprinteurs jusqu’au bout, provoquant l’irritation de Fabian Cancellara (RadioShack-Leopard), finalement responsable de l’échec de Martin. N’empêche que le contre-la-montre marathon réalisé hier par le triple champion du monde de la spécialité restera longtemps dans les mémoires, ce qui n’est pas pour déplaire à Tony Martin, qui s’estimait presque le vainqueur hier, à en juger le nombre de sollicitations dont il faisait l’objet la ligne coupée.
Et s’il n’avait en fait manqué qu’un peu de compagnie au champion allemand ? Ce n’est pourtant pas faute de s’être présentée à lui. Lorsqu’il a démarré derrière la voiture du commissaire au baisser du drapeau, Tony Martin a été pris en chasse hier par Marco Pinotti (BMC Racing Team). Mais jamais le quadruple champion d’Italie du contre-la-montre n’a pu se rapprocher de l’homme de tête durant les 2 kilomètres de sa poursuite effrénée. Comprenant aussitôt qu’il n’y parviendrait pas, l’Italien a laissé tomber. Et il a remis à aujourd’hui sa soif d’aventures en tête de course. La septième étape entre Almendralejo (Estrémadure) et Mairena del Aljarafe (Andalousie) présente un profil également très roulant à la veille de trois étapes de montagne. Elle est toutefois plus longue : 205,9 kilomètres.
Marco Pinotti, donc, a décidé de prendre sa revanche sur l’échappée manquée d’hier. Pas question pour lui de s’isoler comme l’avait fait Tony Martin. C’est de la compagnie qu’il cherche. Et il la trouve au 11ème kilomètre lorsqu’il prend place à bord de la bonne échappée en compagnie de l’Espagnol Francisco-Javier Aramendia (Caja Rural) et de l’Allemand Christian Knees, représentant d’un Team Sky rarement exposé dans des échappées de cet acabit. Car il faut bien en avoir conscience, il s’agit là d’une échappée publicitaire. Le peloton n’a absolument pas envie de se faire prendre au piège. Il faudra l’alliance de cinq équipes (Omega Pharma-Quick Step, Orica-GreenEdge, Lampre-Lerida, Garmin-Sharp et Argos-Shimano) pour commencer à infléchir l’avance accumulée par les trois hommes de tête et montée au-delà des sept minutes.
Des ruelles, une multitude d’infrastructures routières, un terrain idéal pour les attaquants.
La Vuelta fait son entrée en terres andalouses. Et le rythme s’accentue sur les longs bouts droits que présente cette septième étape. Crânement, Marco Pinotti tentera bien d’insister quelques minutes seul devant le peloton, mais de là à imiter Tony Martin, il en sera loin. D’ailleurs, son échappée prend fin à 15 kilomètres de l’arrivée, laissant penser que les sprinteurs ou apparentés saisiront à nouveau leur chance dans la dernière ligne droite. A propos de chance, l’équipe Garmin-Sharp en manque brusquement lorsque son sprinteur Tyler Farrar est victime d’une crevaison et bientôt abandonné à son sort par des équipiers dépêchés autour de Daniel Martin. Presque instantanément, l’Irlandais est tombé à une douzaine de kilomètres du but. Il ne reviendra pas sur le peloton et perd à nouveau 1’33 » ce soir.
Le peloton est groupé mais une arrivée massive n’est pas donnée pour acquise. En fait, une courte bosse à 10 kilomètres de l’arrivée doit réveiller l’instinct des puncheurs alors qu’aucune équipe ne semble suffisamment autoritaire pour garantir aux sprinteurs d’en découdre à Mairena del Aljarafe. En outre, ceux dont le staff a repéré le final ont été avertis de sa spécificité. Pour rejoindre l’arrivée une fois la belle cité de Séville traversée, la course emprunte ce qu’il convient clairement d’appeler des ruelles. A ces rues étroites s’ajoute une multitude d’infrastructures routières qui complique une chasse éventuelle dans la banlieue sévillane. Bref, il y a quelque chose à exploiter, d’autant plus quand on s’appelle Philippe Gilbert (BMC Racing Team), le coureur qui démarre à moins de 10 kilomètres de l’arrivée.
Au champion du monde du contre-la-montre hier succède aujourd’hui le véritable porteur du maillot arc-en-ciel sur la route. A un mois de la remise en jeu de son titre mondial sur le circuit de Florence, le Wallon court après une nouvelle victoire d’étape dans le Tour d’Espagne. Mais il va voir rentrer sur lui le puissant Zdenek Stybar (Omega Pharma-Quick Step). Le Tchèque, deux fois champion du monde… de cyclo-cross, réalise une fantastique reconversion sur la route à 27 ans. Récent vainqueur de l’Eneco Tour, il collabore avec Philippe Gilbert pour semer le peloton dans les ruelles andalouses. Et si le paquet se rapprochera à vitesse grand V dans le dernier kilomètre, il ne comblera pas son retard cette fois, laissant les deux de tête s’expliquer. Stybar lance le sprint, Gilbert tente de le remonter. Mais c’est le Tchèque qui l’emporte pour un boyau !
Demain samedi, place à la montagne entre Jerez de la Frontera et l’Alto Peñas Blancas (166,6 km).
Classement 7ème étape :
1. Zdenek Stybar (TCH, Omega Pharma-Quick Step) les 205,9 km en 4h51’27 » (42,4 km/h)
2. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
3. Robert Wagner (ALL, Belkin) à 1 sec.
4. Adrien Petit (FRA, Cofidis) m.t.
5. Juan-Antonio Flecha (ESP, Vacansoleil-DCM) m.t.
6. Andrew Fenn (GBR, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
8. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) m.t.
9. Klaas Lodewyck (BEL, BMC Racing Team) m.t.
10. Reinardt Janse-Van Rensburg (AFS, Argos-Shimano) m.t.
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 27h29’35 »
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 3 sec.
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 8 sec.
4. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack-Leopard) à 16 sec.
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 21 sec.
6. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) à 26 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 28 sec.
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 31 sec.
9. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 38 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 42 sec.
Classement par points :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 53 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 48 pt
3. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) 40 pt
4. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 38 pt
5. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) 38 pt
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 37 pt
7. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) 36 pt
8. Bauke Mollema (PBS, Belkin) 34 pt
9. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 32 pt
10. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 30 pt
Classement de la montagne :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 11 pt
2. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 8 pt
3. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 6 pt
4. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 5 pt
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 4 pt
6. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 3 pt
7. Javier-Francisco Aramendia (ESP, Caja Rural) 3 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 3 pt
9. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 2 pt
10. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 2 pt
Classement du combiné :
1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 8 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 13 pt
3. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 19 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 19 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 42 pt
6. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 47 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 56 pt
8. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 120 pt
9. Greg Henderson (NZL, Lotto-Belisol) 150 pt
10. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 158 pt
Classement par équipes :
1. RadioShack-Leopard (LUX) en 81h29’16 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 5 sec.
3. Belkin (PBS) à 1’10 »
4. Team NetApp-Endura (ALL) à 1’25 »
5. Movistar Team (ESP) à 1’28 »
6. Astana (KAZ) à 2’10 »
7. FDJ.fr (FRA) à 2’39 »
8. Team Katusha (RUS) m.t.
9. BMC Racing Team (USA) à 3’00 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 6’43 »