De la fascination. Voilà ce que transmet Milan-San Remo à tous ceux qui, un jour, s’entichent du vélo et de sa riche histoire. Comment ? Pourquoi ? Y a-t-il vraiment lieu de vouloir le savoir. La classicissima, c’est avant tout un doux rêve qui berce les esprits et fait battre les cœurs générations après générations depuis maintenant plus d’un siècle. Un monument de 298 kilomètres, de loin la plus longue épreuve cycliste du calendrier, sur lequel n’ont de cesse de vouloir s’illustrer les plus grands champions au moment où s’annonce le printemps et ses dimanches de classiques. Des rêves, chacun des 176 coureurs en aura plein la tête samedi encore au départ de la Piazza Castello de Milan. Comme si l’imprévisibilité partielle de la Primavera donnait à chacun l’espoir ou l’illusion de se présenter le premier 300 bornes plus loin sur le Lungomare Italo Calvino.
Qu’elle est difficile à prévoir, cette course marathon, compliquée dans son approche de San Remo par une succession de brèves côtes ardues plantées tout le long de la côte ligurienne. A partir de la Manie à 94 kilomètres de l’arrivée, on compte cinq capi, les choses sérieuses se précisant toujours dans la Cipressa (5,6 km à 4,1 %) à 22 kilomètres du but puis dans le Poggio (3,7 km à 3,7 %) à 6,2 kilomètres de l’arrivée. Ce n’est pas bien dur, le Poggio, mais après 290 kilomètres d’ouvrage, ses pentes sont suffisamment sélectives pour faire du dernier capo le tournant potentiel de Milan-San Remo. C’est là que tout bascule pour de bon en faveur des sprinteurs ou des puncheurs, les deux camps qui s’affrontent inévitablement sur ce tracé interminable. Et ne nous y trompons pas, ce sont bien les attaquants qui avaient tiré leur épingle du jeu l’an passé, en dépit du succès de Matthew Goss, l’unique sprinteur parvenu à suivre l’allure.
En l’absence regrettée d’un dynamiteur zélé comme le fut Yoann Offredo ces deux dernières années, et faute sans doute d’un coureur suffisamment explosif pour faire péter le peloton dans le Poggio, l’avantage pourrait bien revenir aux finisseurs. En ce cas, on guettera le champion du monde Mark Cavendish (Team Sky) et le Belge Tom Boonen (Omega Pharma-Quick Step), qui court depuis tellement de temps après cette classique qui lui résiste. Leurs opposants seront légion avec Oscar Freire (Team Katusha), Tyler Farrar (Garmin-Barracuda), André Greipel (Lotto-Belisol), Alessandro Petacchi (Lampre-ISD), Matthew Goss (GreenEdge), Thor Hushovd (BMC Racing Team), Edvald Boasson-Hagen (Team Sky) et John Degenkolb (Project 1t4i), auxquels il faut ajouter l’explosif Peter Sagan (Liquigas-Cannondale), un coureur à la cote énorme, certainement le seul à même de jouer sur deux tableaux comme le fit Goss l’an passé.
Dans les rangs des attaquants, il semble que Philippe Gilbert (BMC Racing Team), en méforme, devra repasser pour accrocher un jour Milan-San Remo à son palmarès. En revanche Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan) et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) ont un vrai coup à jouer. A condition d’être suffisamment « inventifs », selon les termes du Sicilien, pour écarter de la course à la victoire les sprinteurs et leurs équipiers. D’autres auront à cœur de se glisser dans le bon coup s’il se dessine ou de tenter de le provoquer : Simon Gerrans (GreenEdge), Enrico Gasparotto (Astana), Stefano Garzelli (Acqua & Sapone), Rinaldo Nocentini (Ag2r La Mondiale), Filippo Pozzato (Farnese Vini) ou Giovanni Visconti (Movistar Team). Pour que la fascination qu’ils éprouvent tous pour la classicissima se transforme en consécration.
Les 10 derniers vainqueurs :
2011 : Matthew Goss (AUS, HTC-Highroad)
2010 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2009 : Mark Cavendish (GBR, Team Columbia-HTC)
2008 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)
2007 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2006 : Filippo Pozzato (ITA, Quick Step-Innergetic)
2005 : Alessandro Petacchi (ITA, Team Milram)
2004 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2003 : Paolo Bettini (ITA, Quick Step-Davitamon)
2002 : Mario Cipollini (ITA, Acqua & Sapone-Adria Mobil)
La liste des engagés :
GreenEdge (AUS)
1. Matthew Goss (AUS) Acqua & Sapone (ITA) 11. Stefano Garzelli (ITA) Ag2r La Mondiale (FRA) 21. Manuel Belletti (ITA) Astana (KAZ) 31. Borut Bozic (SLO) BMC Racing Team (USA) 41. Philippe Gilbert (BEL) Colombia-Coldeportes (COL) 51. Fabio-Andres Duarte (COL) Colnago-CSF Bardiani (IRL) 61. Sacha Modolo (ITA) Euskaltel-Euskadi (ESP) 71. Gorka Verdugo (ESP) |
Farnese Vini (GBR)
81. Filippo Pozzato (ITA) FDJ-BigMat (FRA) 91. William Bonnet (FRA) Garmin-Barracuda (USA) 101. Tyler Farrar (USA) Team Katusha (RUS) 111. Oscar Freire (ESP) Lampre-ISD (ITA) 121. Alessandro Petacchi (ITA) Liquigas-Cannondale (ITA) 131. Vincenzo Nibali (ITA) Lotto-Belisol (BEL) 141. André Greipel (ALL) Movistar Team (ESP) 151. Giovanni Visconti (ITA) |
Omega Pharma-Quick Step (BEL)
161. Tom Boonen (BEL) Project 1t4i (PBS) 171. John Degenkolb (ALL) Rabobank (PBS) 181. Lars Boom (PBS) RadioShack-Nissan (LUX) 191. Fabian Cancellara (SUI) Team Sky (GBR) 201. Mark Cavendish (GBR) Team Saxo Bank (DAN) 211. Nicki Sörensen (DAN) |