17,6 kilomètres par collectifs interposés ne sauraient préfigurer les trois semaines de Tour d’Italie qui commencent à peine. Il était important hier de bien entrer dans la course, ce qu’a su faire mieux que les autres Alberto Contador et sa formation Tinkoff-Saxo qui, bien que réduite à six au moment de rejoindre le Lungomare Italo Calvino, a offert à l’Espagnol l’ascendant ambitionné à l’entame de trois semaines exaltantes. Ce ne sont que des secondes, temporisent ce matin ceux qui doivent répondre du temps concédé à l’ancien vainqueur du Giro dans l’exercice chronométré : 6 pour Fabio Aru (Astana), 12 pour Rigoberto Uran (Etixx-Quick Step), 20 pour Richie Porte (Team Sky), 23 pour Jürgen Van Den Broeck (Lotto-Soudal) et déjà 41 pour Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale), qui se serait bien contenté d’en rester là.
Mais il a fallu que le grimpeur de poche de la formation italienne se fasse surprendre cet après-midi dans les rues de Gênes. Coût de la plaisanterie : 1’09 » et désormais 1’51 » de retard sur Alberto Contador, ce qui est pour le moins fâcheux. A l’approche de la cité méditerranéenne, l’alarme avait pourtant déjà retenti à tue-tête. Une première chute sérieuse avait éjecté Heinrich Haussler et une partie de l’équipe IAM Cycling (notamment Matteo Pelucchi et Sylvain Chavanel) juste avant l’entrée sur le circuit urbain. Peut-être Domenico Pozzovivo se croyait-il hors de danger, mais il restait encore deux boucles de 9,5 kilomètres et largement de quoi se faire surprendre par une chute. Ça n’a pas manqué. Plusieurs coureurs ont sauté sur un nouvel incident de course avant les 10 derniers kilomètres, et Domenico Pozzovivo s’en est trouvé le premier affecté. Ce soir le grimpeur de 32 ans est déjà une préoccupation de moins pour les favoris du Giro.
Il ne fallait donc pas se fier aux apparences paisibles de cette première étape en ligne du Tour d’Italie tracée entre Albenga et Gênes (177 km). Mais sous le soleil de la côte ligurienne, personne n’avait vraiment l’intention de baisser la garde. Et tant pis pour la beauté des lieux que les coureurs n’auront guère honoré d’un regard. La concentration est promordiale sur ce type d’étape, tracée en bord de mer d’un bout à l’autre ou presque, la course ne s’écartant de la Via Aurelia que pour une brève incursion initiale dans les terres, histoire d’ajouter quelques kilomètres au compteur de cette étape et d’aller chercher des difficultés promptes à décanter la course. Mais c’était sans compter l’attaque très matinale, sitôt le départ donné, de cinq coureurs qui se maintiendront en tête jusqu’à l’entrée sur le circuit de Gênes.
Les équipes des favoris forcent l’allure dans les rues de Gênes.
La première échappée du Giro 2015 est composée de Giacomo Berlato (Nippo-Vini Fantini), Marco Frapporti (Androni-Sidermec), Bert-Jan Lindeman (Team LottoNL-Jumbo), Lukasz Owsian (CCC Sprandi Polkowice) et Eugert Zhupa (Southeast). Passé la montée technique du Testico, le groupe entame sa longue procession en direction de Gênes, le long de la merveilleuse Riviera du Ponant. Là, sur cette route qui serpente entre mer et montagne, s’alignent de nombreuses localités balnéaires et des bourgs de pêcheurs au charme pittoresque. En contrebas de longues falaises, la course rose lèche les côtes dentelées de la Ligurie pour approcher sa capitale. Mais le peloton piloté toute la journée par l’équipe Tinkoff-Saxo n’est déjà plus loin du quintet lorsque la course fait irruption sur les 9,5 kilomètres du circuit dessiné intra-muros.
Quand le regroupement intervient à 10 kilomètres de l’arrivée, le premier rush promis aux sprinteurs se précise. Mais il faudra attendre les 3000 derniers mètres pour voir les trains desdits finisseurs apparaître devant. De peur d’un incident tel que celui vécu par Domenico Pozzovivo, les équipes Tinkoff-Saxo (pour Contador), Astana (pour Aru) et Sky (pour Porte) forcent l’allure dans les kilomètres finaux. Objectif : maintenir en sécurité les principaux candidats à la victoire finale jusqu’aux 3 derniers kilomètres et la neutralisation des temps promise alors en cas de pépin. Contador, Aru et Porte ayant atteint cette marque saufs, leurs équipes se relèvent pour laisser s’exprimer les sprinteurs. Dans l’euphorie de la victoire obtenue hier, Michael Matthews (Orica-GreenEdge) aborde le sprint en tête, mais l’Australien ne pèsera pas dans les débats lorsque le sprint est lancé dans son dos par André Greipel (Lotto-Soudal).
Le champion d’Allemagne démarre de loin, de trop loin en définitive. Moreno Hofland (Team LottoNL-Jumbo) a largement le temps de le déborder avant de se faire sauter lui-même sur la ligne par… Elia Viviani (Team Sky). Le sprinteur italien de 26 ans, qui n’avait encore jamais eu l’occasion de lever les bras sur un Grand Tour, s’adjuge le tout premier sprint massif de ce Giro devant Hofland et Greipel. Il permet en outre à l’équipe Sky de renouer avec une victoire d’étape qu’elle n’était parvenue à accrocher sur aucun des trois Grands Tours la saison dernière. Michael Matthews, lui, se contente d’un accessit, 7ème, et surtout du maillot rose qu’il retrouve comme l’an passé à l’issue de la première étape en ligne. Des retrouvailles bien heureuses pour l’Australien, qui avait porté la tunique si prisée six jours l’an passé.
Demain lundi, la troisième étape reliera Rapallo à Sestri Levante (136 km).
Classement 2ème étape :
1. Elia Viviani (ITA, Team Sky) les 177 km en 4h13’18 » (41,9 km/h)
2. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
4. Luka Mezgec (SLO, Giant-Alpecin) m.t.
5. Alessandro Petacchi (ITA, Southeast) m.t.
6. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
7. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
8. Davide Appollonio (ITA, Androni-Sidermec) m.t.
9. Daniele Colli (ITA, Nippo-Vini Fantini) m.t.
10. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) m.t.
Classement général :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 4h32’44 »
2. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Simon Clarke (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) à 7 sec.
6. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) m.t.
7. Michael Rogers (AUS, Tinkoff-Saxo) m.t.
8. Manuele Boaro (ITA, Tinkoff-Saxo) à 7 sec.
9. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 13 sec.
Classement par points :
1. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 53 pt
2. Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 40 pt
3. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 35 pt
4. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 25 pt
5. Eugert Zhupa (ALB, Southeast) 20 pt
6. Bert-Jan Lindeman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 20 pt
7. Luka Mezgec (SLO, Giant-Alpecin) 18 pt
8. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 17 pt
9. Alessandro Petacchi (ITA, Southeast) 14 pt
10. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 10 pt
Classement de la montagne :
1. Bert-Jan Lindeman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 3 pt
2. Lukasz Owsian (POL, CCC Sprandi Polkowice) 2 pt
3. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 4h32’44é
2. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 13 sec.
4. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 26 sec.
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 27 sec.
6. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 29 sec.
7. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 30 sec.
8. Nicola Ruffoni (ITA, Bardiani-CSF) à 37 sec.
9. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
10. Stig Broeckx (BEL, Lotto-Soudal) à 50 sec.
Classement par équipes :
1. Orica-GreenEdge (AUS) en 12h59’20 »
2. Tinkoff-Saxo (RUS) à 7 sec.
3. Astana (KAZ) à 13 sec.
4. Etixx-Quick Step (BEL) à 19 sec.
5. Movistar Team (ESP) à 21 sec.
6. BMC Racing Team (USA) à 25 sec.
7. FDJ (FRA) à 26 sec.
8. Team Sky (GBR) à 27 sec.
9. Team Katusha (RUS) m.t.
10. Lotto-Soudal (BEL) à 29 sec.