Qu’on se le dise, les Grands Tours s’exportent bien ! Surtout quand ils visitent des pays où le vélo fait partie intégrante de la culture, comme c’est le cas aux Pays-Bas. Alors bien sûr, on peut toujours se demander à quoi bon vouloir faire subir un transfert insensé à toute la caravane comme les 2000 et quelques bornes qu’il s’agira d’effectuer à compter de demain soir pour rejoindre Catanzaro, tout au sud de l’Italie, avant mardi. Mais la réponse se trouve sur le bord des routes, comme en cette belle journée de printemps où la Hollande toute habillée de rose semblait s’être donné rendez-vous pour dresser une haie d’honneur au peloton.
Par le chemin le plus direct, 25 kilomètres séparent les communes d’Arnhem et de Nimègue, qui reçoivent le Tour d’Italie pour deux jours, puisqu’à la boucle de 190 kilomètres accomplie aujourd’hui par l’ouest pour rallier Nimègue s’ajoutera demain une boucle d’une distance égale par l’est pour revenir à Arnhem. Autant dire que le public qui s’est agglutiné le long des routes aujourd’hui sera tout aussi consistant demain pour la troisième et dernière journée de cette trilogie au plat-pays. Il y avait dans le bouillonnement suscité par le passage du Giro aux Pays-Bas un autre facteur prompt à exalter le peuple néerlandais : la prise de pouvoir de Tom Dumoulin (Giant-Alpecin), élevé au rang de héros national en l’espace de 9800 mètres parcourus à toute blinde dans les rues d’Aldoorn.
Le rouleur néerlandais a atteint l’objectif qu’il s’était mis en tête depuis l’hiver. Et il lui faut à présent traverser ses Pays-Bas natales en rose s’il souhaite véritablement ressentir l’émotion que peut éprouver un leader du classement général du Giro, quand la course atteindra l’Italie et la Calabre mardi prochain. Or le jeu s’annonce serré alors que Marcel Kittel (Etixx-Quick Step) a quasiment déjà refait tout son retard au classement général après la première des deux étapes promises aux sprinteurs aux Pays-Bas. Hier, l’Allemand avait sacrément donné le ton en signant ni plus ni moins la 5ème performance chronométrée dans les rues d’Apeldoorn. A 11 secondes de Tom Dumoulin, soit 1 seconde de trop pour s’emparer du maillot rose à la seule faveur des 10 secondes de bonification assurées au vainqueur de l’étape du jour. Mais un sprint encore rondement mené demain suffira à le lui décerner.
Marcel Kittel anticipe le sprint lancé par une épatante équipe FDJ.
Bien sûr, Marcel Kittel et l’équipe Etixx-Quick Step, au sein de laquelle il s’est superbement relancé après une année blanche chez… Giant-Alpecin (sept victoires avant d’entamer le Giro), auraient pu miser sur les bordures que d’aucuns guettaient fébrilement dans cette traversée de la Gueldre où le vent aime à enflammer les courses cyclistes. Mais en ce samedi printanier, il n’y avait pas un brin d’air pour venir atténuer les 26° affichés au thermomètre. Et donc aucun mouvement particulier à attendre de la part de favoris, qui se seront sagement tenus à l’écart des débats sans pour autant baisser la garde sur ces routes planes truffées de giratoires et de ralentisseurs. C’était en revanche une journée idéale pour une virée en tête de course, ce pourquoi se seront engagés dès le départ Giacomo Berlato (Nippo-Vini Fantini), Omar Fraile (Dimension Data) et Maarten Tjallingii (Team LottoNL-Jumbo).
Trois hommes en tête, c’était parfait pour Tom Dumoulin, qui s’épargnait ainsi un rush des sprinteurs sur les secondes de bonification (3, 2 et 1 secondes) mises en jeu en cours d’étape. Berlato, Fraile et Tjallingii se chargaient de se les répartir, plus préoccupés néanmoins par la première bosse de ce Tour d’Italie et le maillot bleu de meilleur grimpeur qui viendrait récompenser le premier à la franchir. Omar Fraile, qui avait gagné du côté de Cassel à la même période il y a un an, en faisait son affaire. Les différents points chauds traversés, l’avance du trio largement retombée (elle était montée à dix minutes), les trois animateurs du jour s’entendaient alors pour se relever. Avant que Giacomo Berlato ne soit tenté de prolonger l’effort à l’entrée du circuit d’arrivée et des deux boucles de 8,6 kilomètres à effectuer dans les rues de Nimègue. Il allait réaliser la première seul en tête, histoire de profiter encore de la ferveur du public, pour laisser le terrain libre aux sprinteurs dans la seconde révolution.
Le dernier attaquant rejoint à 10 kilomètres de l’arrivée, le sprint massif pouvait se préparer. Et l’on voyait surgir une épatante équipe FDJ, avec six coureurs autour d’Arnaud Démare à l’approche des 3 derniers kilomètres, quatre encore aux 2 kilomètres, trois sous la flamme rouge. A l’entame de la dernière ligne droite de 350 mètres, Arnaud Démare demeurait calé dans la roue de Mickaël Delage, exposé un poil trop tôt en tête de paquet. Mais Marcel Kittel confortablement installé dans sa roue arrière n’allait pas attendre l’instant où le Picard choisirait de porter son effort. L’Allemand anticipait le sprint pour se dégager de la roue de Démare et prendre aussitôt plusieurs longueurs d’avance qui en faisaient à Nimègue un vainqueur incontestable. Et plus que jamais une menace pour les desseins en rose de Tom Dumoulin.
Une petite seconde désormais sépare le sprinteur allemand du rouleur néerlandais avant une étape Nimègue-Arnhem (190 km) qui le favorise amplement.
Classement 2ème étape :
1. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) les 190 km en 4h38’31 » (40,9 km/h)
2. Arnaud Démare (FRA, FDJ) m.t.
3. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) m.t.
4. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
5. Nicola Ruffoni (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
6. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) m.t.
7. Caleb Ewan (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
8. Kristian Sbaragli (ITA, Dimension Data) m.t.
9. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.
10. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) m.t.
Classement général :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) en 4h49’34 »
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
3. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) à 1 sec.
4. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 6 sec.
5. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 8 sec.
6. Moreno Moser (ITA, Cannondale) à 12 sec.
7. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 13 sec.
8. Matthias Brändle (AUT, IAM Cycling) à 14 sec.
9. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 16 sec.
10. Roger Kluge (ALL, IAM Cycling) m.t.
Classement par points :
1. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) 56 pt
2. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 40 pt
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 35 pt
4. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 29 pt
5. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 20 pt
6. Omar Fraile (ESP, Dimension Data) 20 pt
7. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 18 pt
8. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 18 pt
9. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) 16 pt
10. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 15 pt
Classement de la montagne :
1. Omar Fraile (ESP, Dimension Data) 3 pt
2. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 2 pt
3. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) en 4h49’42 »
2. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 5 sec.
3. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 11 sec.
4. Lukasz Wisniowski (POL, Etixx-Quick Step) à 12 sec.
5. Michael Hepburn (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
6. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 17 sec.
7. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 20 sec.
8. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 22 sec.
9. Sean De Bie (BEL, Lotto-Soudal) à 23 sec.
10. Arnaud Démare (FRA, FDJ) à 26 sec.
Classement par équipes :
1. Giant-Alpecin (ALL) en 14h29’06 »
2. Team LottoNL-Jumbo (PBS) à 15 sec.
3. Etixx-Quick Step (BEL) à 20 sec.
4. IAM Cycling (SUI) à 36 sec.
5. Movistar Team (ESP) à 37 sec.
6. Orica-GreenEdge (AUS) à 41 sec.
7. Astana (KAZ) à 44 sec.
8. Trek-Segafredo (USA) à 45 sec.
9. Cannondale (USA) à 47 sec.
10. BMC Racing Team (USA) à 58 sec.