Finalement, au Qatar, tout n’est que question de souffle. Qu’il s’agisse de celui qui, surchauffé, balaie les plaines désertiques pour y disperser les coureurs. Ou de celui qui s’échappe trop souvent des pneumatiques, soumises à rude épreuve sur un asphalte brûlant sur lequel le vent rabat des matériaux abrasifs. C’est une crevaison qui aura eu raison des ambitions de victoire finale d’Edvald Boasson-Hagen (Dimension Data) hier vers Madinat Al Shamal, où son coéquipier Mark Cavendish s’est à nouveau couvert d’or en gardant sa position dans les roues des meilleurs sans parvenir à leur contester la moindre seconde de bonification.
Il n’en fallait pas plus pour raviver les braises alors que le Tour du Qatar, ramené assez judicieusement à cinq jours de course cette saison, entame entre Sealine Beach Resort et Doha (114 km) sa dernière chevauchée. D’abord dans le désert, où s’évadent Tim Declercq (Topsport Vlaanderen-Baloise), Jesse Sergent (Ag2r La Mondiale) et le champion de France Steven Tronet (Fortuneo-Vital Concept). Puis sur la corniche de Doha, le long de laquelle clapotent les eaux calmes de la baie aux couleurs vert émeraude. Les concurrents se croiseront dix fois sur ce tourniquet de 5 kilomètres qui doit sceller le sort d’une course au maillot or très indécise. Car trois hommes sont susceptibles de ravir à Cavendish la tunique de leader à la faveur des dernières bonifications mises en jeu : Greg Van Avermaet, Manuel Quinziato (BMC Racing Team) et surtout Alexander Kristoff (Team Katusha), pointé ce matin à 9 secondes.
La présence d’un trio en tête de course au passage des deux sprints intermédiaires repousse la confrontation décisive au sprint final sur la corniche, que les Katusha préparent à la perfection au moment où sont revus les échappés à 10 kilomètres du but. Pour Kristoff, déjà victorieux mardi à Qatar University et jeudi à Madinat Al Shamal, une seule option s’impose s’il veut ajouter son nom au palmarès du Tour du Qatar : franchir la ligne le premier tout en écartant comme hier Mark Cavendish du Top 3.
Mais au pied des buildings aux formes les plus audacieuses, le Maillot Or redouble de vigilance, replacé dans le sillage d’Alexander Kristoff par Edvald Boasson-Hagen en personne. Quand démarre le rush, c’est un farouche coude à coude qui commence entre Kristoff et Cavendish. Epaule contre épaule, les deux hommes remontent les derniers hectomètres de la corniche de Doha pour couper la ligne dans ce qu’il convient plus que jamais de désigner comme un même élan. Il faut l’œil averti des commissaires pour accorder la victoire d’étape, photo-finish à l’appui, au Norvégien. D’un souffle, très franchement ! Aucune incertitude en revanche quant à la victoire finale de Mark Cavendish. 1er ou 2ème à Doha, c’est du pareil au même pour le sprinteur britannique, qui accroche pour la deuxième fois après 2013 le classement général du Tour du Qatar.
Classement 5ème étape :
1. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) les 114 km en 2h56’16 » (38,8 km/h)
2. Mark Cavendish (GBR, Dimension Data) m.t.
3. Roy Jans (BEL, Wanty-Groupe Gobert) m.t.
4. Yauheni Hutarovich (BLR, Fortuneo-Vital Concept) m.t.
5. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) m.t.
6. Sam Bennett (IRL, Bora-Argon 18) m.t.
7. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
8. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) m.t.
9. André Looij (PBS, Roompot-Oranje Peloton) m.t.
10. Marco Canola (ITA, Unitedhealthcare) m.t.
Classement général final :
1. Mark Cavendish (GBR, Dimension Data) en 13h47’23 »
2. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) à 5 sec.
3. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 8 sec.
4. Manuel Quinziato (ITA, BMC Racing Team) à 12 sec.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) à 25 sec.
6. Sören-Kragh Andersen (DAN, Giant-Alpecin) à 36 sec.
7. Sam Bennett (IRL, Bora-Argon 18) à 47 sec.
8. Sven-Erik Byström (NOR, Team Katusha) à 55 sec.
9. Viacheslav Kuznetsov (RUS, Team Katusha) à 56 sec.
10. Michael Schär (SUI, BMC Racing Team) à 1’04 »