La première semaine de Tour qui avait si mal commencé pour Alberto Contador (Tinkoff) s’est terminée avant même que la 9ème étape, dessinée intégralement à l’étranger sur les territoires espagnol et andorran, se finisse à Andorre-Arcalis. Il restait un peu plus de 100 kilomètres à parcourir au cours de cette étape marathon, transitant par cinq difficultés, quand l’Espagnol, sur ses terres, a posé le pied à terre. Presque comme une évidence pour le Madrilène qui aura vécu un calvaire au cours de la longue descente du Tour, de Normandie jusqu’aux sommets pyrénéens. Sorti meurtri au niveau de l’épaule droite d’une chute à 80 kilomètres de l’arrivée de la 1ère étape, l’Espagnol a traîné sa misère au cours des neuf premières étapes, concédant ça et là des secondes transformées en minutes qui l’empêchaient de satisfaire ses ambitions de victoire finale.
Avec 3’12 » de retard sur Chris Froome (Team Sky), Maillot Jaune depuis son coup de poker gagnant dans la descente du col de Peyresourde, Alberto Contador n’avait plus grand-chose à perdre et attendait sans doute des jours meilleurs pour faire parler son tempérament offensif. Mais cette édition 2016 n’était manifestement pas celle du champion espagnol, qui devait composer depuis le départ de cette étape avec une mauvaise fièvre dont les origines sont encore inconnues. L’inexorable s’est donc produit dans la montée du Port del Canto, deuxième difficulté du jour. Mais le natif de Pinto avait malgré tout pris le soin de tenter d’enflammer le Tour dans la première ascension du jour, le Port de la Bonaigua (13,7 km à 6,1 %) placée à la sortie de Vielha Val d’Aran. Alberto Contador avait pourtant bien vite été ramené à la raison par un Team Sky qui n’avait alors pas encore connaissance de son état de santé.
Chris Froome perd donc son rival le plus imprévisible, mais l’adversité qu’il rencontre semble bien fournie, encore faut-il qu’elle soit prête à passer à l’offensive. Cette 9ème étape semblait pouvoir s’y prêter, mais les favoris, après avoir retrouvé leurs esprits suite à ce départ rapide, se contenteront de rallier Ordino, pied de la montée finale, en rangs serrés. Le peloton s’était certes égrené, mais les principaux candidats à la victoire étaient encore présents. Auparavant, il avait tout de même laissé filer vingt éléments qui ne représentent plus aucun danger pour le classement général : Clement, Coppel et Frank (IAM Cycling), Anacona et Herrada (Movistar Team), De Gendt et Gallopin (Lotto-Soudal), Grmay et Costa (Lampre-Merida), Majka et Sagan (Tinkoff), Edet et Navarro (Cofidis) Rosa et Sanchez (Astana), Bennett (Team LottoNL-Jumbo), Berhane (Dimension Data), Dumoulin (Giant-Alpecin), Pinot (FDJ) et Vuillermoz (Ag2r La Mondiale).
Tom Dumoulin s’impose sous le déluge à Arcalis. Chris Froome garde le contrôle.
Le groupe de tête s’est pourtant réduit de moitié juste avant d’aborder la montée finale régulière (10,1 km à 7,2 %), fort d’une avance de près de dix minutes sur le peloton. La victoire d’étape ne se jouera pourtant pas à proprement parler sur les rampes andorranes visitées par le Tour pour la troisième fois en dix-neuf ans. Alors que la bataille fait rage entre Anacona, Bennett, Costa, Frank, Herrada, Majka, Navarro, Pinot et Rosa, Tom Dumoulin saisit l’opportunité à 12 kilomètres de l’arrivée et file en solitaire alors que l’entente au sein du groupe commence à se détériorer. Le passage du Tour en Espagne a donné des ailes à celui qui était passé tout près d’une victoire finale sur la Vuelta l’an dernier. Le Néerlandais retrouve dans cette montée roulante et sans fort pourcentage une difficulté correspondant à la perfection à ses qualités.
C’est lui qui s’impose donc en métronome à Arcalis dans un décor apocalyptique. Car si les coureurs du Tour ont longtemps dû composer avec la chaleur, encore sur cette étape où les températures ont allégrement dépassé les 30 degrés, un violent orage s’est abattu sur le Tour au moment même d’entamer l’ultime escalade. Sous la grêle, Dumoulin résiste au retour de Rui Costa et Rafal Majka sortis en contre avant de s’imposer avec 38 secondes d’avance sur ses deux rivaux directs. L’atmosphère épique incite également les favoris du Tour à livrer leur première vraie passe d’armes depuis le départ samedi dernier du Mont-Saint-Michel et avant la première journée de repos bien méritée. Mais les enseignements à tirer de cette étape andorrane pourtant très attendue sont peu nombreux et les écarts à l’arrivée sont faibles.
Tour à tour, Richie Porte (BMC Racing Team) et Daniel Martin (Etixx-Quick Step), imités par Bauke Mollema (Trek-Segafredo) auront tenté de faire vaciller un Maillot Jaune qui a su garder le contrôle. Seul Fabio Aru (Astana) aura affiché des signes de fébrilité parmi les favoris et lâche une minute au Britannique. Chris Froome, solide jusqu’au bout, coupe la ligne dans le même temps qu’Adam Yates (Orica-GreenEdge) et Nairo Quintana (Movistar Team) dont la première offensive se fait attendre et prend 2 secondes à Porte et Martin. Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Bauke Mollema et Joaquim Rodriguez (Team Katusha) sont à peine plus loin en concédant 21 secondes. Contrairement à l’an dernier, le Tour est loin d’être joué à la sortie des Pyrénées puisqu’ils sont encore neuf dans la même minute au général. Ça promet pour la suite !
Demain, place à la première journée de repos.
Classement 9ème étape :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) les 184,5 km en 5h16’24 »
2. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 38 sec.
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff) m.t.
4. Daniel Navarro (ESP, Cofidis) à 1’39 »
5. Winner Anacona (COL, Movistar Team) à 1’57 »
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 2’30 »
7. George Bennett (NZL, Team LottoNL-Jumbo) à 2’48 »
8. Diego Rosa (ITA, Astana) à 2’52 »
9. Mathias Frank (SUI, IAM Cycling) à 3’44 »
10. Adam Yates (GBR, Orica-Bike Exchange) à 6’35 »
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 44h36’03 »
2. Adam Yates (GBR, Orica-Bike Exchange) à 16 sec.
3. Daniel Martin (IRL, Etixx-Quick Step) à 19 sec.
4. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 23 sec.
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 37 sec.
6. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 44 sec.
7. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
8. Sergio Henao (COL, Team Sky) m.t.
9. Louis Meintjes (AFS, Lampre-Merida) à 55 sec.
10. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’01 »
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Dimension Data) 204 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff) 197 pt
3. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) 182 pt
4. Bryan Coquard (FRA, Direct Energie) 112 pt
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 90 pt
6. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 89 pt
7. Michael Matthews (AUS, Orica-BikeExchange) 77 pt
8. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 74 pt
9. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 65 pt
10. Edward Theuns (BEL, Trek-Segafredo) 64 pt
Classement de la montagne :
1. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) 80 pt
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff) 77 pt
3. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 50 pt
4. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) 40 pt
5. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 36 pt
6. Daniel Navarro (ESP, Cofidis) 36 pt
7. Diego Rosa (ITA, Astana) 27 pt
8. Winner Anacona (COL, Movistar Team) 26 pt
9. George Bennett (NZL, Team LottoNL-Jumbo) 23 pt
10. Chris Froome (GBR, Team Sky) 22 pt
Classement des jeunes :
1. Adam Yates (GBR, Orica-GreenEdge) en 44h36’19 »
2. Louis Meintjes (AFS, Lampre-Merida) à 39 sec.
3. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 2’35 »
4. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 5’12 »
5. Emanuel Buchmann (ALL, Bora-Argon 18) à 8’32 »
6. Eduardo Sepulveda (ARG, Fortuneo-Vital Concept) à 16’41 »
7. Julian Alaphilippe (FRA, Etixx-Quick Step) à 40’21 »
8. Patrick Konrad (AUT, Bora-Argon 18) à 57’17 »
9. Lawson Craddock (USA, Cannondale-Drapac) à 1h02’20 »
10. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 1h07’33 »
Prix de la combativité :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin)
Classement par équipes :
1. Movistar Team (ESP) en 133h49’31 »
2. Team Sky (GBR) à 2’26 »
3. BMC Racing Team (USA) à 3’28 »
4. Astana (KAZ) à 5’51 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 24’13 »
6. Tinkoff (RUS) à 24’25 »
7. Trek-Segafredo (USA) à 31’03 »
8. Team Katusha (RUS) à 43’12 »
9. FDJ (FRA) à 48’44 »
10. Giant-Alpecin (ALL) à 53’54 »