N’en déplaise à Albert II, souverain des Belges, qui viendra souhaiter bon vent au Tour demain soir à Tournai, au moment où la course s’apprêtera à faire son entrée sur le territoire français, la Belgique s’est prise de passion pour la petite reine… et ses rois flamboyants. Le Tour s’en est donc allé, Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan) est en jaune, ça ne fait jamais que la cinquième fois (!) au départ de la première étape en ligne. Après le prologue, chacun a trouvé sa place dans la première hiérarchie ébauchée. Et à quelques rares exceptions près, chacun est là où on l’attendait. Aujourd’hui, le Tour prendra un nouveau bain de foule. Il s’offre une escapade dominicale dans la belle et verte Wallonie, en fait une boucle de 198 kilomètres dessinée autour de Liège et ses faubourgs, où s’achèvera l’étape en haut d’une côte de 2400 mètres à Seraing.
Ce n’est pas Liège-Bastogne-Liège, même si la course flirte avec les routes de la doyenne des classiques, mais le tracé concocté est parsemé d’aspérités. C’est un appel du pied appuyé à l’attention des attaquants, les premiers de cette édition, bien que chacun soit essentiellement focalisé sur la bosse finale, un coup de cul de 2,4 kilomètres à 4,7 % qui surprendra bien du monde. En attendant cette finale, on guette la toute première échappée. Et pour faire une belle première échappée de Tour de France, il faut au moins un coureur français et un coureur local. Avec trois représentants seulement (Philippe Gilbert, Maxime Monfort et Romain Zingle), la Wallonie passe son tour. Pas la France. Le néophyte Nicolas Edet (Cofidis) est le premier attaquant du Tour 2012. Il déclenche les hostilités au kilomètre 3. Maxime Bouet (Ag2r La Mondiale), Anthony Delaplace (Saur-Sojasun) et Yohann Gène (Team Europcar) lui emboîtent le pas.
Aux quatre tricolores qui s’apprêtent à parader sur les routes belges s’ajoutent le Danois Michael Morkov (Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) et l’Espagnol Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi). Le peloton n’appose pas son véto, ces gars-là seront les six premiers animateurs de la Grande Boucle. En marge de la finale ascendante à Seraing, quatre côtes préliminaires doivent permettre d’attribuer la dernière tunique distinctive n’étant pas encore entrée en scène : le maillot à pois. Quatre côtes comme un match à quatre temps, à raison d’un point mis en jeu sur chaque sommet. Avec 4’50 » d’avance au mieux, pas question pour les six de tête d’espérer aller au bout. Leur ambition se reporte sur le classement de la montagne. Un objectif commun qui va tourner à l’avantage de Michael Morkov. Le Danois ouvre le score dans la côte de Cokaifagne, Urtasun égalise à Francorchamps, puis il va droit au but à Lierneux comme à Barvaux.
Sylvain Chavanel enflamme la montée de Seraing, Fabian Cancellara réplique.
Le maillot à pois ayant trouvé acquéreur, c’est vers le maillot jaune que l’on se tourne. Toute la journée, l’équipe RadioShack-Nissan aura œuvré en tête de peloton, les Sky chapeautés de jaune rôdant tout près des premières positions. Il faut déjà penser à se prémunir des chutes qui menacent. Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step), dont ce n’est décidément pas le week-end, a fait les frais de la première d’entre elles, peu après le départ. D’autres vont survenir à l’amorce des 25 derniers kilomètres, accélérant la nervosité du peloton. Les chutes se multiplient, sans trop de bobos ni implication de favoris, et la course s’accélère. Anthony Delaplace, Maxime Bouet, Nicolas Edet, Yohann Gène, Michael Morkov et Pablo Urtasun sont repris à 9 kilomètres du but. Dès lors, le cap est mis sur Seraing et sa bosse entrecoupée de breves sections pavées.
Au pays des classiques, l’exercice semble s’adresser autant aux spécialistes des Flandriennes qu’à ceux des Ardennaises. Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step) se revendique des deux. 3ème du général à 7 secondes du maillot jaune, le Français démarre à 1800 mètres du but, au moment où la pente se fait la plus raide. Il y a du panache dans son allure, beaucoup d’envie d’enflammer un Tour qu’on sent bien être le sien à nouveau cette année. Mais la montée est longue, le trou pas assez fait, et déjà Fabian Cancellara, assis, remonte les positions, prêt à répliquer. Quand le Maillot Jaune se met en danseuse, c’est pour faire mal. Et ça le fait ! Seul Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) lui résiste, rejoint dans un deuxième temps par Edvald Boasson-Hagen (Team Sky). La course prend déjà des allures épiques. Boasson-Hagen un peu effacé, ça tourne au duel entre le super favori du jour et le porteur du maillot jaune !
Au sprint, dans ces conditions, Peter Sagan est invincible. A 22 ans, le voilà lancé vers sa quatorzième victoire cette saison, sa première sur le Tour de France, qu’il découvre cette année ! Le stupéfiant Fabian Cancellara est 2ème, c’est grandiose. Le maillot jaune donne vraiment des ailes et le voilà qui dicte à nouveau sa loi au peloton tout entier. Les quelques secondes prises après son démarrage sont toutefois réduites à néant par le bref instant de tergiversation entre les prétendants à la victoire d’étape. Le paquet réduit à une cinquantaine d’hommes colmate la brèche in extremis. Fabian Cancellara préserve le maillot jaune mais ne prend pas davantage de temps à ceux qui convoitent son bien et terminent dans le paquet de tête, réglé par Philippe Gilbert (BMC Racing Team). Exceptions faites de Leipheimer et Coppel, qui cèdent 17 et 23 secondes.
Demain lundi, les purs sprinteurs auront une première occasion de jouer des coudes entre Visé et Tournai (207,5 km).
Classement 1ère étape :
1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) les 198 km en 4h58’19 » (39,8 km/h)
2. Fabian Cancellara (SUI RadioShack-Nissan) m.t.
3. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
4. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
5. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) m.t.
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) m.t.
7. Robert Gesink (PBS, Rabobank) m.t.
8. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) m.t.
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
10. Dries Devenyns (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
Classement général :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) en 5h05’32 »
2. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 7 sec.
3. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 10 sec.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 11 sec.
6. Denis Menchov (RUS, Team Katusha) à 13 sec.
7. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 17 sec.
9. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 18 sec.
10. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
Classement par points :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) 55 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 49 pt
3. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 42 pt
4. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 33 pt
5. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) 23 pt
6. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) 22 pt
7. Yohann Gène (FRA, Team Europcar) 20 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 20 pt
9. Robert Gesink (PBS, Rabobank) 18 pt
10. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) 17 pt
Classement de la montagne :
1. Michael Morkov (DAN, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) 3 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 1 pt
3. Pablo Urtasun (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt
Classement de la combativité :
1. Nicolas Edet (FRA, Cofidis)
Classement des jeunes :
1. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) en 5h05’42 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 1 sec.
3. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 12 sec.
4. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil-DCM) à 14 sec.
8. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) m.t.
6. Artur Vichot (FRA, FDJ-BigMat) à 24 sec.
7. Dominik Nerz (ALL, Liquigas-Cannondale) à 27 sec.
8. Thibaut Pinot (FRA, FDJ-BigMat) à 37 sec.
9. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) à 42 sec.
10. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 43 sec.
Classement par équipes :
1. Team Sky (GBR) en 15h17’10 »
2. RadioShack-Nissan (LUX) à 4 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 6 sec.
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 13 sec.
5. Garmin-Sharp (USA) à 23 sec.
6. Liquigas-Cannondale (ITA) à 30 sec.
7. Orica-GreenEdge (AUS) à 33 sec.
8. Team Katusha (RUS) à 38 sec.
9. Ag2r La Mondiale (FRA) à 42 sec.
10. Vacansoleil-DCM (PBS) à 50 sec.